M. Gon Baba, pourquoi la note intitulée « Cri d’Alarme » est – elle sans objet, sans numéro et sans visas ?

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Telle est la question que se posent les stratèges de certains partis politiques dont les représentants nationaux siègent actuellement à l’assemblée nationale, certains observateurs avertis de la vie politique centrafricaine et certains professionnels des médias.

Une inquiétude somme toute légitime pour la simple raison qu’à ce niveau de responsabilité et s’agissant d’une note émanant de la représentation nationale devant être destinée à des partenaires, toutes les dispositions auraient dû être prises pour lui conférer le caractère administratif qu’elle est censée requérir. Malheureusement, tel n’a pas été le cas.

En effet, comme n’importe  quel lecteur peut le constater tout aisément, cette note, sans objet, n’est pas numérotée et ne laisse pas transparaitre de manière claire, nette et lisible les symboles des différents services administratifs dont les responsables ont dû effectivement participer au niveau de l’assemblée nationale à sa rédaction. L’absence de ces éléments est de nature à s’interroger légitimement sur son origine et à remettre en cause son caractère administratif.  Certes,  chacune des pages de la note est revêtue du paraphe du président de l’assemblée nationale, suivi de sa signature dûment accompagnée des sceaux de l’institution, mais la conjugaison de ces éléments ne peut pas, à eux seuls, lui attribuer toute l’autorité administrative requise, toute crédibilité digne de ce nom, toute authenticité nécessaire à sa compréhension et toute la sincérité devant justifier une telle démarche. Alors, pourquoi le président de l’assemblée nationale, à ce haut niveau de responsabilité et après  tant d’années de solides expériences acquises dans des fonctions ministérielles et administratives, a – t – il superbement ignoré de déférer à cette obligation qui certifie et valide son existence dans les archives et de  faire affecter par son secrétariat un numéro à cette note combien si importante ?

En réalité, cette note n’a pas été rédigée au sein de l’assemblée nationale, puisqu’elle est d’ailleurs très  loin de refléter les prises de position de chaque député ; car, s’il devait en être ainsi, elle aurait dû être accompagnée par une pétition dûment signée par les 139 élus de la nation. Elle est plutôt le fruit d’une concertation entre les députés appartenant au groupe parlementaire présidentiel dénommé « Mouvement Cœurs Unis », en conformité à la stratégie proposée, lors de l’interpellation du gouvernement, par le député Steve Koba qui voudrait qu’il soit mis en place un mouvement de solidarité nationale ou de sursaut patriotique autour du président de la République, en réponse à la recrudescence des violences, des tueries et des actes de graves atteintes aux droits humains, ces derniers temps, tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays. En un mot, elle a été écrite ailleurs et a été imposée par la suite aux représentants nationaux. C’est pourquoi, cette note est sans objet, sans numéro et sans visa des différents services relevant de la direction de cabinet dont la conjugaison avec d’autres symboles pouvait légalement et légitimement lui conférer un caractère administratif. L’objectif mis en œuvre par cette méthode vise à contraindre par la force toutes les institutions nationales à ne tenir qu’un seul et même langage : s’attaquer à la France et à la communauté internationale et s’abstenir de toute critique à l’endroit du régime en place.

Et comme le bal a été lancé par le premier ministre qui s’est évertué, lors de son interpellation, pendant plus d’une trentaine de minutes, à voir plutôt  des manipulations, les mains de la France et les manœuvres de la communauté internationale, derrière l’attaque de la ville d’Alindao que sa totale incapacité à utiliser les maigres ressources de l’Etat aux fins d’assurer la protection du peuple et à sécuriser le pays , l’assemblée nationale  se devait aussitôt de lui emboiter le pas. C’est ce qui a été fait avec la publication de cette note dans laquelle, fort étonnement, aucun grief n’a été soulevé à l’encontre  du gouvernement dont le premier ministre était pourtant bel et bien informé de l’attaque de la ville d’Alindao, mais n’avait rien fait pour l’empêcher ou la prévenir. A croire, du coup, que le peuple centrafricain aurait confié dans les urnes, il y a deux (2) années déjà,  la gestion de sa destinée, non pas à Touadéra, mais à la Minusca et à la France.

Mais jusques à quand, Gon Baba et les députés de la nation useront -ils de cette méthode de tricherie et de complicité avérée avec un  régime aux abois pour éviter de recourir à l’application des dispositions des articles 1er, 38 et 61 de la constitution du 30 mars 2016 ? Jusques à quand devront – ils en tant que députés se substituer à l’exécutif pour discuter avec des partenaires sur des questions qui ne relèvent pas de leurs domaines de compétence ? Est – il maintenant du ressort du législatif de traiter de la question de la levée de l’embargo, du renouvellement du mandat de la Minusca et des mesures à prendre pour que l’initiative africaine pour la paix, sous l’égide de l’UA et soutenue par la CEEAC, la CEMAC, l’ONU, le G+5, l’UE, la France et les Etats – Unis, se tienne dans les meilleurs délais ?

Décidément, le mal centrafricain est fondamentalement centrafricain et sa solution est et sera fondamentalement  centrafricaine.

Jean – Paul Naïba

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