L’isolement sous – régional et continental va – t – il interférer sur le processus de réglement politique de la crise ?

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Le 30 mars 2016 est une date historique dans les annales centrafricaines car elle marque d’une part le début de la mandature de l’élu de la nation centrafricaine et d’autre part l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution centrafricaine. Le stade de la coopération centrafricano-chinoise a abrité cet événement d’envergure en présence de nombreux invités y compris certains chefs d’Etat et de gouvernement de la sous région d’Afrique centrale. La liesse était populaire et euphorique dans les différentes régions du pays. L’espoir renaissait et les prémices d’un climat de paix et de réconciliation nationale étaient palpables.
Les centrafricains se sont mobilisés en masse pour contribuer chacun à sa manière à la résolution durable de la crise. Les chefs d’Etat de la sous région, appuyés par la communauté internationale se sont précipités sans ambages au chevet d’un État agonisant et sous perfusion. C’est ainsi que certains chefs d’Etat de la sous région ont proposé des contingents pour renforcer la mission de l’ONU en Centrafrique, forment nos militaires dans leurs installations à leurs frais, d’autres nous assistent financièrement et proposent leur médiation dans les différents pourparlers ou négociations. Progressivement et après avoir pris ses repères, le pouvoir de Bangui limité à la capitale, multiplie de façon exponentielle des dérapages diplomatiques qui entraîneront par voie de conséquence l’isolement ou la solitude du pouvoir au niveau de la sous région. Tour à tour, le guide tchadien a été accusé à demi-mot de connivence ou de soutien aux groupes armés non conventionnels, le dictateur congolais qui était très impliqué dans la médiation a été accusé quant à lui de soutenir ou de manigancer des choses au profit de son dauphin naturel qui n’est autre que le président de l’assemblée nationale, le président du Congo démocratique furieux, mécontent de voir ses opposants arrêter en Centrafrique et de surcroît évadés d’une prison politique hautement sécurisée, surtout l’incompréhensible suite à l’implication du pouvoir centrafricain dans la tentative de coup d’état en Guinée équatoriale. La mauvaise gestion de ces différents dossiers compromettants conjuguée au manque de communications autour des actions du président de la république entraîne de facto l’isolement total du pouvoir centrafricain qui avait besoin de services de ses paires pour endiguer la crise.
Cet isolement qui a très certainement des conséquences politiques, diplomatiques et économiques s’est projeté à l’échelle continentale c’est à dire au niveau de l’Union Africaine. L’absence très remarquable du président de la république au 31 eme sommet de l’Union Africaine de Nouakchott en Mauritanie est un rendez-vous raté du pouvoir avec l’histoire. Ce sommet se présentait comme une aubaine pour le pouvoir d’échanger en marge du sommet avec les principaux intervenants de la crise centrafricaine et surtout une occasion d’aplanir les divergences ou incompréhensions avec le pouvoir français car ce dernier y était invité. Bouder l’initiative de l’Union Africaine alors que la feuille de route est initiée à la demande du pouvoir centrafricain démontre à suffisance d’un manque de sérieux et de l’immaturité du pouvoir. Face à la pertinence de la problématique, le citoyen lambda s’interroge :
Comment expliquer l’absence du président de la république à un sommet qui devrait traiter des pays en crise nonobstant l’envie maladive de ce dernier à voyager ? La présidence budgétivore du mathématicien qui confirme le correctif budgétaire de juillet 2028 serait un début d’explication à cette déni de responsabilité ? Ce sommet de l’Union Africaine n’était-elle pas une belle tribune pour donner une visibilité à la crise centrafricaine ? Les thématiques de ce 31eme sommet ne correspondent-ils pas aux priorités du pays ? Reproche t-on à la feuille de route de l’Union d’être le fruit de la réflexion de la France et exécuté par le Tchad ? Que cet énième dialogue se tienne à Bangui ou ailleurs, que craignent les autorités centrafricaines ? Après le dialogue inclusif de 2008, le forum de Brazzaville en 2014, le forum de Bangui en 2015, la rencontre de Saint Edigio à Rome en 2017 sans oublier le hold-up politique et diplomatique de Ndjamena au Tchad où le pouvoir central quand bien même illégitime a été déporté et humilié, quelle est la valeur ajoutée de ce nouveau dialogue ? Quels sont les points communs de ces différents accords ? L’initiative de l’Union Africaine met-elle un accent particulier sur l’impunité et la réparation des préjudices subis ? La feuille de route de l’Union Africaine qui présage l’amnistie, la réhabilitation et le partage du pouvoir avec les bourreaux du peuple est-elle en adéquation avec les dispositions constitutionnelles ?
L’initiative africaine qui semble privilégier les groupes armés non conventionnels au détriment des forces vives de la nation ( partis politiques, société civile, syndicats…) est-elle crédible pour créer les conditions de la réconciliation nationale ? Il est important de rappeler au pouvoir que trop de dialogue tue la démocratie et par voie de conséquence ses attributs. Nous devrions comprendre que la solution à la longue crise centrafricaine ne viendra que des centrafricains et nulle part ailleurs. Une réelle volonté politique nous épargnera des éternelles médiations qui aboutissent toujours à un protocole d’accord politique avec une gestion consensuelle et le partage du pouvoir…Nous martelons in fine qu’il n’y aura aucune amnistie pour les bourreaux du peuple ni d’impunité et la cour pénale spéciale mènera sa mission à terme assortie de réparation des dommages. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi
Paris le 06 juillet 2018.
Par : Bernard SELEMBY DOUDOU. Juriste, Administrateur des élections. Tel : 0666830062

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