L’Iran a «involontairement» abattu l’avion ukrainien, affirme le président

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L’écrasement mercredi a coûté la vie à 176 personnes, dont 57 canadiens selon le dernier bilan du ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne.
Photo: Ebrahim Noroozi Associated Press L’écrasement mercredi a coûté la vie à 176 personnes, dont 57 canadiens selon le dernier bilan du ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne.

Le président de l’Iran affirme qu’une enquête militaire a conclu que des missiles lancés en raison d’une erreur humaine ont causé l’écrasement horrible d’un avion ukrainien et la mort de 176 personnes innocentes.

« La République islamique de l’Iran regrette profondément cette erreur désastreuse», déclare Hassan Rohani dans une publication sur Twitter, tard vendredi. « Mes pensées et mes prières vont à toutes les familles en deuil. J’offre mes sincères condoléances. »

Hassan Rohani a affirmé que les enquêtes se poursuivaient pour «identifier et traduire en justice cette grande tragédie et cette erreur impardonnable».

Une déclaration a aussi été publiée sur le compte Twitter du ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif.

« Un triste jour. Conclusions préliminaires de l’enquête interne des forces armées: une erreur humaine dans un contexte de crise causée par l’aventurisme des États-Unis a mené au désastre », peut-on lire sur Twitter. « Nos profonds regrets, excuses et condoléances à notre peuple, aux familles de toutes les victimes, et aux autres pays touchés. »

Ces informations contredisent une déclaration de Téhéran plus tôt vendredi niant fermement toute responsabilité pour l’écrasement du vol 752, et attribuant la tragédie à un incendie dans le moteur du Boeing 737-800.

Un communiqué militaire diffusé par la télévision d’État, samedi en Iran, affirme que l’avion a été pris par erreur pour une « cible hostile » après que l’appareil eut tourné en direction d’un « centre militaire sensible » des Gardiens de la révolution. L’armée était à son « plus haut niveau de préparation », a-t-elle déclaré, au coeur des tensions accrues avec les États-Unis.

« Dans une telle condition, en raison d’une erreur humaine et de manière non intentionnelle, le vol a été touché », indique le communiqué. L’armée présente ses excuses pour la catastrophe et affirme qu’elle modernisera ses systèmes pour éviter de telles «erreurs» à l’avenir.

L’armée indique également que les responsables du tir sur l’avion ukrainien seront traduits en justice.

Les responsables d’Affaires mondiales Canada n’étaient pas disponibles dans l’immédiat pour commenter les informations de la télévision d’État iranienne.

En conférence de presse, vendredi, le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, s’était fait demander si Téhéran approchait cette enquête de bonne foi en écartant la possibilité que l’écrasement ait été causé par un missile iranien. « Le temps nous le dira et le monde regarde », avait répondu M. Champagne, tout en refusant plus tard de dire s’il faisait confiance aux autorités iraniennes.

« C’est à l’Iran maintenant de démontrer si elle entend coopérer dans cette enquête-là et de faire toute la lumière sur les causes. Le monde est en train de regarder. Le monde a besoin de réponses à ces questions-là. »

Jeudi, le premier ministre Justin Trudeau affirmait que plusieurs sources de renseignements indiquaient que l’avion avait été abattu par un missile iranien, peut-être par accident — un discours aussi tenu par le premier ministre britannique Boris Johnson et l’Australien Scott Morrison.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo attribuait également la responsabilité de l’écrasement à l’Iran dans des commentaires, vendredi.

« Nous pensons qu’il est probable que cet avion ait été abattu par un missile iranien », a déclaré M. Pompeo alors qu’il annonçait avec le secrétaire américain au Trésor, Steve Mnuchin, les sanctions en représailles à une salve de missiles lancés par l’Iran contre deux bases militaires en Irak cette semaine.

L’écrasement de l’avion ukrainien a entraîné la mort de 176 personnes, dont 138 qui, selon le gouvernement canadien, avaient pour destination finale le Canada.

M. Champagne a révisé vendredi à 57 le nombre de citoyens canadiens qui étaient à bord de l’avion, par rapport aux 63 initialement indiqués par les autorités ukrainiennes. Il a expliqué que le nouveau décompte est le résultat d’une vérification plus minutieuse des documents de voyage, des dates de naissance et d’autres informations.

La Presse canadienne a confirmé de façon indépendante qu’au moins 74 des victimes avaient des liens avec le Canada, dont plusieurs étaient étudiants dans des universités canadiennes.

Le Canada veut obtenir des réponses

Le gouvernement canadien mène un groupe de pays dont des ressortissants ont été tués dans l’écrasement d’avion à Téhéran pour «parler d’une seule voix», a annoncé vendredi le ministre François-Philippe Champagne.

Ottawa crée également une équipe composée de hauts fonctionnaires afin de s’assurer que les familles canadiennes touchées par le drame obtiennent le soutien et les informations dont elles ont besoin, a ajouté M. Champagne.

Ces mesures font suite à des conversations privées tenues à Toronto entre le premier ministre Justin Trudeau et des familles de victimes.

Des ressortissants d’Iran, d’Ukraine, de Suède, du Royaume-Uni, d’Afghanistan et d’Allemagne figurent également parmi les victimes.

Le nouveau Groupe international de coordination et de réponse comprend tous ces pays à l’exception de l’Iran et de l’Allemagne, et M. Champagne a indiqué qu’il mettra l’accent sur le partage d’informations et la pression sur l’Iran pour mener une enquête approfondie sur l’écrasement. «La communauté internationale exige de la transparence, a déclaré M. Champagne, ajoutant que le monde regarde ce que le gouvernement iranien fait actuellement.»

Le vol 752 s’est écrasé peu de temps après que l’Iran a lancé des missiles contre deux bases américaines, dont une dans la ville d’Irbil, dans le nord de l’Irak, où des soldats des forces spéciales canadiennes opèrent depuis cinq ans.

L’attaque, qui n’a fait aucun blessé, était en réponse à une frappe aérienne américaine à Bagdad, en Irak, qui a tué le major-général iranien Qassem Soleimani la semaine dernière.

Avec Lee Berthiaume

Source : LEDEVOIR

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