LIBERATION D’OTAGES AU MALI

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Qui a donc cassé la tirelire ?

Moins d’une semaine après la libération de Soumaïla Cissé, de deux Italiens et de Sophie Pétronin, de nombreuses questions se posent. Qui a payé la rançon dont on dit qu’elle varie entre 20 et 30 millions d’euros? Quel a été le rôle joué par la France dans les négociations qui ont abouti à la libération de sa ressortissante restée près de quatre ans entre les mains des terroristes au Sahel ? A ces questions, la réponse des autorités françaises a été, on ne peut plus, claire. « La France n’a pas négocié la libération de Sophie Pétronin, ni versé de rançon », a déclaré le chef du gouvernement français, Jean Castex, qui précise au passage que les négociations engagées par Bamako avec les terroristes, avaient pour objectif de libérer le chef de file de l’opposition politique, Soumaïla Cissé. En tout cas, pour l’instant, les circonstances de cette libération d’otages restent encore floues. Faut-il croire aux autorités françaises qui disent n’avoir pas versé de rançon aux djihadistes ? La question  reste posée, surtout quand on sait que le montant indiqué n’est pas à la portée d’un pays indigent comme le Mali qui, faut-il le rappeler, avait naguère vu son ambassadeur éconduit à l’ONU pour non-paiement de ses cotisations. Et ce n’est pas tout. Le Mali pouvait-il se permettre de casser la tirelire quand on sait que le pays ployait sous le coup des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et ce, au lendemain du coup de force opéré par la soldatesque contre le régime devenu trop impopulaire de Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) ?

On peut douter de la capacité du Mali à verser des dizaines de millions d’euros aux djihadistes

 On oublie volontiers que le Mali, depuis quelques années, fait face à une grave crise sécuritaire tant et si bien que ses soldats se plaignent, par moments, de manque d’équipements adéquats. En tout cas, pour toutes ces raisons, on peut douter de la capacité du Mali à verser des dizaines de millions d’euros aux djihadistes, à moins qu’il n’ait bénéficié de soutiens extérieurs. Quoi qu’il en soit, les dessous de la libération de Sophie Pétronin et compagnie, seront connus dans les jours ou mois à venir. Car, comme on le sait, « tout ce qui gît dans l’obscurité aspire à venir un jour à la lumière ». Ce n’est donc qu’une simple question de temps. Cela dit, si l’on peut se féliciter de la libération des quatre otages retenus au Sahel, on peut tout de même regretter les contreparties qui l’on accompagnée. Il s’agit du paiement de rançon qui, d’où qu’elle vienne, n’est pas une bonne chose en soi en ce sens qu’elle contribuera, à n’en point douter, à renforcer l’arsenal de guerre de l’ennemi dont on connaît déjà la capacité de nuisance. A cela s’ajoute la libération de chefs djihadistes dont certains sont responsables d’attaques perpétrées dans certains pays de la sous-région, qui peut entamer le moral des troupes maliennes et surtout françaises engagées au Sahel. La preuve, l’un des responsables de Barkhane n’a pas caché son agacement d’entendre que plus de deux cents prisonniers terroristes dont des criminels redoutables, ont été échangés contre quatre otages.  Et comme pour ne rien arranger, voilà que quelques jours seulement après cette libération d’otages qui fait polémique, l’armée malienne a été de nouveau frappée par des terroristes. Le bilan provisoire fait état de 12 soldats tués.   

Boundi OUOBA

Le Pays

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