On peut craindre que les choses repartent en vrilles malgré la désescalade de ces derniers jours
Alassane Ouattara et Assimi Goita sont, en effet, connus pour être des hommes au tempérament sanguin, enclins à la rancœur et un peu revanchards sur les bords ; toutes choses qui pourraient raviver la tension toujours latente entre les deux capitales, à cause de la manière dont les autorités maliennes ont géré le dossier des 49 soldats ivoiriens, mais aussi de la présence, en Eburnie, d’hommes politiques maliens notoirement connus pour être des opposants fieffés au locataire du palais de Koulouba. C’est vrai que la remise totale des peines infligées aux soldats ivoiriens et leur libération après six mois de rudes tractations, ont fait dire à Alassane Ouattara que les relations entre les deux pays peuvent être désormais « normales », mais cela suffira-t-il à rassurer Assimi Goïta quand il entend dans le même discours son homologue ivoirien qualifier les ex-détenus de « héros » alors que le Mali les considère toujours comme des « déstabilisateurs » en mission commandée ? Rien n’est moins sûr. Surtout quand on sait qu’on s’achemine lentement mais sûrement vers la fin de la transition malienne, avec la possibilité que le président Goïta demande une prorogation de celle-ci pour en finir avec le terrorisme et la refondation de l’Etat. On imagine déjà la levée de boucliers qu’une telle éventualité pourrait provoquer dans l’espace communautaire, avec la Côte d’Ivoire en première ligne, pour exiger du Colonel qu’il débarrasse le plancher en début 2024, pour faire place nette à un régime démocratiquement élu. Si on ajoute à ce scénario potentiellement nuisible aux relations « fraternelles et de bon voisinage » entre les deux capitales, la présence, à Abidjan, d’opposants maliens en rupture de ban avec les autorités de la Transition, on peut craindre que les choses repartent en vrilles malgré la désescalade de ces derniers jours obtenue par l’entremise du président togolais, Faure Gnassingbé. Espérons que les Ivoiriens et les Maliens auront assez de lucidité pour savoir que l’heure n’est plus au bluff ou aux rodomontades sur fond de nationalisme de mauvais aloi, mais plutôt à l’union et à la mutualisation des efforts pour combattre les terroristes qui essaiment de part et d’autre de leurs frontières communes et relancer la coopération entre les deux pays.
Hamadou GADIAGA
Le Pays