L’erreur fatale de Touadéra et son clan de liquidateurs de la République : à qui la faute ?

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Comme le Roi de Prusse en 1848 qui, par une malencontreuse décision, a créé les faits générateurs de la Révolution Allemande, le mathématicien de Boy – Rabé et son clan de prédateurs patentés, de liquidateurs de la République, et de traîtres invétérés à la patrie viennent de commettre l’erreur fatale de toute leur gouvernance, depuis le 30 mars 2016. Quelle que soit l’issue de cette bataille qu’ils ont décidée d’engager contre le peuple centrafricain, d’une part, et toutes les forces vives de la nation, d’autre part, ils auront définitivement perdu en crédibilité et semé à jamais le doute, la méfiance et pis, une certaine animosité dans la conscience collective vis – à – vis de leur régime et sur leur réelle  capacité à conduire encore à la destinée de ce pays, en toute neutralité et toute responsabilité.

En effet, comme personne ne peut l’ignorer, il y a quelques jours, par l’arrêté n°058 du 18 novembre 2019, ne comportant pas l’entête traditionnelle de la troisième institution de la République dénommée « La Primature » dont il a la très noble, respectueuse et respectée charge, d’un côté, et faisant tout bonnement abstraction des principaux signes dactylographiques de nature à lui conférer la caractéristique d’un document administratif digne de ce nom, de l’autre, le premier ministre Firmin Ngrébada, pourtant inspecteur de travail et des lois sociales, a pris sur lui l’entière et si difficile responsabilité contre toute attente et sans avoir préalablement sollicité l’avis de toutes les forces vives de la nation, en général, et celui des partis politiques, en particulier, de mettre en place une structure pompeusement appelée « Comité d’Appui Stratégique au Processus Electoral ».

Selon son concepteur, ce comité s’est vu assigner le but « d’assurer le suivi régulier de chaque étape importante du processus électoral et de veiller à la bonne exécution du chronogramme ». Sont appelés à y siéger, sur la base des critères dont les indices de valeur échappent à tout le monde, sauf à lui, en qualité de membres, d’abord, six (6) membres du gouvernement, ensuite, certains responsables de certaines institutions républicaines, tous militants et assumant de hautes fonctions au sein du MCU, enfin, les représentants des principaux partenaires traditionnels de la République centrafricaine et des grandes chancelleries occidentales. Y sont d’office écartées toutes les forces vives de la nation, à savoir les partis politiques, les confessions religieuses, les syndicats, les organisations de défense des droits de l’homme, les associations des femmes et de la jeunesse, etc.

Si pour ce juriste, « l’une des meilleures et les plus lumineuses intelligences de tout le royaume de la Touadérakistan », cette méthode passe pour le moyen le plus sûr et le plus rapide de traduire en actes tant la volonté et que toute la détermination du régime de Bangui, vomi et honni par tous, à faire un passage en force en 2021 et à opérer un véritable hold-up électoral, pour le peuple centrafricain, par contre, dans sa large majorité et à travers ses représentants qui siègent dans les partis politiques dont les principales missions consistent à animer la vie politique et à conquérir le pouvoir pour l’exercer, l’arrêté en soi n’est rien d’autre qu’un acte administratif manifestement anti- constitutionnel, donc illégal et irrégulier.

Car, non tantum, il est incontestablement contraire aux dispositions des articles 143 et suivants de la Constitution du 30 mars 2016, instituant l’Autorité Nationale des Elections, et des articles 7 et suivants de la loi portant code électoral en République Centrafricaine, définissant les attributions de l’organe de gestion des élections et consacrant formellement l’impérieuse obligation de la mise en place d’un cadre de concertation entre les différents acteurs du processus électoral, sed etaim il consacre de manière claire et nette l’inobservation des dispositions de l’article 37 de l’ordonnance n°05.007 du 2 juin 2005 sur les partis politiques par leur mise à l’écart de ce processus.

C’est pourquoi, comme il fallait s’y attendre tout naturellement, en réaction à cet acte de flagrante violation des lois et règlements de la République par ceux – là mêmes qui sont censés les respecter et les faire rigoureusement appliquer, la réaction des leaders des différents partis politiques ne s’est pas fait attendre. Comme des graines d’arachides ou de mil soulevant la croûte du sol en quête de leur droit à la vie, des déclarations émanant des uns et des autres fusent de toutes parts, s’enchaînent et s’entre – mêlent. Si leur forme diffère d’une organisation politique à une autre, leur contenu se ressemble fort étonnement, en ce que tous dénoncent l’exclusion et la caporalisation ayant sous – tendu à la prise de cet arrêté, somme toute trop caractéristique de la gouvernance du pays depuis le 30 mars 2016 à ce jour,  jugent inacceptables que des membres du gouvernement et des responsables de certaines institutions républicaines, tous militants et assumant de hautes fonctions au sein du MCU, dotés désormais des pleins pouvoirs dévolus à la fois aux justiciers et aux justiciables, d’une part, et des diplomates qui n’ont jamais demandé d’être là, d’autre part, y siègent allégrement, appellent à son retrait pur et simple et menacent de saisir d’une demande pour avis la cour constitutionnelle et d’une requête en annulation le tribunal administratif.

A telle enseigne qu’à ce rythme, une tempête d’union sacrée ou plus exactement un véritable cyclone en formation dans le ciel centrafricain  dont les différents constituants ne seraient en réalité que des partis politiques et toutes les autres composantes de la société, comme le président Touadéra et son clan en avaient été les bénéficiaires peu avant et après la cérémonie du 30 mars 2016, verrait le jour dans les heures à venir, mais cette fois – ci contre lui et sa bande de jouisseurs professionnels. Les objectifs à court terme assignés à cette plateforme viseraient bien évidemment, d’abord, à obtenir coûte que coûte le retrait de ce fameux arrêté, ensuite, à faire plier le régime de Bangui et, enfin, à lui imposer une table ronde pour une gestion consensuelle du processus électoral, dans un contexte marqué par l’occupation de plus de 80% du territoire national par des groupes armés qui tuent, pillent, volent, violent, rackettent, brûlent des maisons et greniers et contraignent des populations à des déplacements et où la liberté d’aller et le droit à la vie sont déniés à tout centrafricain digne de ce nom.

Fort malheureusement, c’est de cette alternative qui s’offre désormais à tous pour une sortie définitive de la crise par et entre des centrafricains eux – mêmes, dont Touadéra et son clan ne veulent pas en attendre parler, car ils refusent qu’on leur mette sur la table l’épineuse question de transition, leur pire cauchemar. Dans ce cas, que feraient – ils  ? Maintenir en place par tous les moyens ce comité et organiser les élections comme bon leur semble et dans le but de conduire, une nouvelle fois et ce, comme en 2016, le pays et le peuple centrafricain vers des échéances électorales bâclées, non transparentes, exclusives, non – démocratiques, et contestées aux conséquences socio – politiques incertaines et incalculables ? Est – ce là la raison la plus plausible du retrait du projet de la loi portant organisation et fonctionnement de l’ANE  dont le rapport était déjà distribué aux élus de la nation par la commission textes et qui n’attendaient que la convocation de la plénière pour en débattre ? Dans ce cas, que proposeraient – ils comme structure en lieu et place de l’ANE dont le mandat des membres arrivera à terme, une semaine plus tard après le lancement officiel des élections en décembre 2020 ? Et quid in fine de leurs financements ?

Comme le Roi de Prusse en 1848, Touadéra et son clan viennent de commettre l’erreur fatale. Ils ont volontairement décidé, par soif du pouvoir, de créer les conditions indispensables et non – négociables à leur départ. Et le peuple les aidera à partir en catastrophe, s’ils continuent de rechigner à l’associer, au tour d’une table, à tout  projet d’organisation des prochaines échéances électorales de manière démocratique, inclusive, transparente, libre et incontestable , dans la dignité, le dialogue, la sérénité, la paix et la sécurité.

Affaire à suivre…. !

Jean – Paul Naïba

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