Le Tchadien Moussa Faki Mahamat réélu à la tête de l’Union africaine

0
410

Seul candidat à sa succession, l’ex-premier ministre a obtenu le soutien de 51 des 55 Etats membres, au premier jour d’un sommet virtuel de l’organisation intergouvernementale.

Le Monde avec AFP

Publié aujourd’hui à 19h54, mis à jour à 21h53

Temps deLecture 2 min.

 

Seul candidat à sa succession, le Tchadien Moussa Faki Mahamat a été réélu, samedi 6 février, pour un mandat de quatre ans à la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA), au premier jour d’un sommet virtuel de l’organisation continentale. L’ex-premier ministre du Tchad (2003-2005) a reçu le soutien de cinquante et un des cinquante-cinq Etats membres, a détaillé sur Twitter sa porte-parole, Ebba Kalondo.

« Profondément honoré par ce vote de confiance historique et écrasant », a commenté peu après M. Faki sur le même réseau social, félicitant au passage Monique Nsanzabaganwa, vice-gouverneur de la Banque nationale du Rwanda, élue son adjointe à la tête de la Commission.

Moussa Faki Mahamat était confronté à des accusations d’« une culture de harcèlement sexuel, de corruption et d’intimidation au sein de la Commission », selon une note de l’organisation non gouvernementale (ONG) International Crisis Group. Des accusations qu’il rejette. Certains Etats s’étaient également inquiétés du respect du secret de ce vote organisé à distance et par Internet.

Le sommet de l’UA a donc commencé samedi, pour deux jours de visioconférences consacrées à la lutte contre le Covid-19, l’approvisionnement vaccinal du continent et aux nombreuses crises reléguées au second plan par la situation sanitaire.

Organisé en ligne pour éviter toute contamination, ce sommet se déroule exactement un an après la détection d’un premier cas de Covid-19 en Egypte. A l’époque, l’arrivée de l’épidémie sur le continent avait fait craindre une explosion des fragiles systèmes de santé africains, un scénario apocalyptique qui ne s’est pas réalisé.

L’Afrique reste pour l’instant relativement épargnée, avec 3,5 % des cas et 4 % des morts officiellement recensés dans le monde, selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies de l’UA (Africa CDC).

Mais de nombreux pays sont actuellement confrontés à une seconde vague préoccupante et ont du mal à avoir accès aux vaccins, alors qu’à raison de deux doses par personne le continent aura besoin de 1,5 milliard de doses pour vacciner 60 % de ses quelque 1,3 milliard d’habitants.

Les dirigeants africains se montrent de plus en plus agacés face à la course effrénée aux vaccins, dans laquelle ils partent avec un lourd handicap. Dans une récente interview, M. Faki avait ainsi dénoncé le « nationalisme vaccinal » et les « pays riches qui s’arrogent la priorité, certains précommandant même plus que ce dont ils ont besoin ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  En Afrique, « la course aux vaccins est semée d’obstacles, alors que les pays les plus riches ont sécurisé leurs doses »

Dossiers sensibles

Autre enjeu interne à l’UA, le Nigérian Bankole Adeoye a été élu la tête d’un superdépartement regroupant les affaires politiques et le département paix et sécurité. Il devrait jouer un rôle crucial, aux côtés de M. Faki, pour tenter de régler de nombreuses crises que l’UA est accusée de négliger.

Le Conseil de paix et de sécurité n’a, par exemple, presque pas abordé le conflit entre le gouvernement camerounais et les séparatistes anglophones, ou l’essor inquiétant des islamistes radicaux dans le nord du Mozambique.

La crise au Tigré qui secoue depuis trois mois l’Ethiopie, qui abrite le siège de l’organisation, fait, elle, partie des dossiers les plus sensibles. Dès le déclenchement des combats, début novembre, M. Faki avait appelé à la cessation des hostilités entre le gouvernement d’Addis-Abeba et les autorités dissidentes de cette région du nord du pays. Mais le premier ministre éthiopien, par ailleurs Prix Nobel de la paix 2019, Abiy Ahmed, a refusé toute médiation de l’UA dans une opération « de maintien de l’ordre » relevant de la souveraineté nationale.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Abiy Ahmed, chef de guerre avec un prix Nobel de la paix

Ce sommet coïncide également avec l’annonce d’une nouvelle politique diplomatique des Etats-Unis par Joe Biden, qui souhaite renouer des liens avec les institutions multilatérales, notamment l’UA.

Le Monde avec AFP

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici