Le massacre de Bria et les vrais en – dessous de la Déclaration d’Entente de Khartoum

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Souvenez – vous !

Il y a aujourd’hui plusieurs semaines déjà, le journal en ligne « La Voix des Sans – Voix » dans quelques – unes de ses parutions avait alerté l’opinion nationale et internationale des manœuvres du président Touadéra, sur instructions de son conseiller en matière de la sécurité, un certain Valerii Zakharov, d’organiser une rencontre avec les groupes armés, à Khartoum au Soudan, et ce, parallèlement à l’initiative de paix de l’UA en cours.

Personne n’y avait cru mais le moment venu, en dehors des autres seigneurs de guerre et autres mercenaires dont les Antibalaka de l’aile Mokom qui n’avaient pas obtenu plus de garanties sur les conditions de leur sécurité et l’objet de cette rencontre, l’homme fort du FPRC, Nourreidine Adam, avait fait le déplacement d’Omdourman et logé dans un luxueux hôtel. Un échec que les organisateurs de cette offensive diplomatique à buts éminemment économiques qui ont mobilisé beaucoup d’énergies à cet effet  et y ont placé beaucoup d’espoirs, ne sauraient accepter.

Quelques jours plus tard, les mercenaires du Groupe Wagner et Valerii Zakharov qui, en contrepartie de l’obtention des contrats de concessions minières, se seraient suffisamment fait sucrer par le mathématicien de Boy – Rabé et son directeur de cabinet, M. Firmin Ngrébada, décident une fois de plus de passer à l’action. L’information fuite et fait du buzz. Mais, alors que la présidence de la République laisse cette nouvelle s’ébruiter, le gouvernement de Sarandji par l’entremise de son porte – parole, Ange Maxime Kazagui, monte au créneau et affirme qu’une telle nouvelle rencontre ne se tiendra pas.

De la diversion pure et simple, car du 27 au 29 août 2018 va se dérouler à Khartoum de nouveaux pourparlers entre les groupes armés, sous l’égide de la Russie, mais en l’absence du gouvernement centrafricain et du panel des facilitateurs de l’UA qui rencontre au même moment ces groupes armés dans la ville de Bouar. Il en sortira un communiqué dénommé « Déclaration d’Entente de Khartoum » dans laquelle les participants, à savoir les Antibalaka et les Séléka, d’une part, et leurs partenaires du Groupe Wagner, d’autre part, s’engagent à créer un cadre commun de concertation et d’action pour une paix réelle et durable en République centrafricaine. De la poudre aux yeux.

En réalité, comme nous l’avons souligné un peu plus haut, les mercenaires du Groupe Wagner qui ont beaucoup banqué et qui ne voyaient rien rentrer en retour en termes de bénéfices, se devaient de faire preuve d’imagination afin de commencer à être véritablement opérationnels. C’est ainsi que selon des informations de sources très proches des groupes armés ayant fait le déplacement de Khartoum, Valerii Zakharov et ses amis ont convenu de nouer un deal en bonne et due forme ou plus exactement  un pacte de non – agression avec Ali Darass, Nourreidine Adam, Mahamat Al – Katim, Abdoulaye Hissène et Maxim Mokom, contre du cash.

L’objet de ce pacte se résume en ces termes : « Nous sommes des mercenaires et vous êtes aussi des mercenaires. Nous nous battons pour la même cause : gagner de l’argent. Nous en avons assez donné à Touadéra et son équipe, il est grand temps que nous commencions à travailler pour récupérer ce que nous avons donné de l’autre côté. Alors, prenez votre part et laissez- nous avoir accès à des zones minières qui nous ont été concédées ! »

Ce sont des propos qui ont été tenus par les mercenaires du Groupe Wagner à leurs interlocuteurs, lors de ces fameux pourparlers de Khartoum et qui ont été accompagnés de la remise à chacun des participants de la coquette et rondelette somme de 50.000 dollars US. Dès lors, l’on peut aisément comprendre les raisons ayant motivé la non – participation du gouvernement à cette rencontre.  En effet, confus et n’ayant pas des mots convaincants et rationnels pour justifier à l’opinion nationale et internationale la tenue de ces pourparlers, en marge de l’initiative en cours de l’UA, le pouvoir de Bangui a préféré faire amuser  la galerie et divertir, en annonçant la non – tenue de cette rencontre. Il s’en suivra alors de sa part une réaction de soutien à cette démarche russe, d’abord, et mieux  la présidence de la République publiera une  lettre de remerciement du président Touadéra à son homologue russe.

Comme nous pouvons déduire de tout ce qui précède, la fameuse déclaration d’entente de Khartoum n’avait pas pour but de rappeler les groupes armés à la raison et à l’ordre et de contribuer à mettre fin un tant soit peu à l’insécurité qui règne en République centrafricaine et dont ne cessent d’être victimes les populations civiles. Elle avait tout simplement pour raison d’être de créer un pacte de non – agression entre des mercenaires pour le contrôle et le pillage de nos ressources minières dans toutes les zones sous leurs juridictions.

Telle est la triste vérité. Cela ne saurait en être autrement tant s’il devait en être ainsi, toutes les dispositions auraient été effectivement prises pour que la paix soit préservée à jamais et  des vies humaines épargnées. Or, selon des informations dignes de foi en notre possession, les Russes  dont on continue de vanter les mérites sont bel et bien présents dans la ville de Bria, la capitale du diamant centrafricain. Ils y côtoient tous les jours leurs partenaires de la séléka et des antibalaka, discutent et coopèrent. Dès lors, il leur est possible de veiller à ce  que des attaques contre des populations civiles ne puissent plus se perpétrer. Malheureusement en leur présence dans la ville, les éléments de la séléka s’en sont pris à des déplacés dont des femmes enceintes éventrées, leurs bébés émasculés, des huttes incendiées et de milliers de familles sans – abris. Les Russes sont là pour exploiter l’or et le diamant. Ils ne sont pas là pour nous aider à retrouver le chemin de la paix et les groupes armés l’ont compris. D’où leur indéfectible soutien à la démarche de l’UA pour le retour de la paix en Centrafrique.

En somme, le massacre de Bria se révèle trop illustratif du grand complot dont la République centrafricaine et le peuple centrafricain sont victimes depuis décembre 2012. Un grand complot dont le président Toudéra et son gouvernement qui reçoivent des seigneurs de guerre, les nomment à des hautes fonctions de l’Etat, leur serrent les mains, leur donnent de l’argent, et leur font signer des accords, constituent l’un des maillons les plus solides de la chaîne.

Jean – Paul Naïba

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