Le FMI négocie la réduction des subventions de carburants avec le Congo

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Le FMI négocie la réduction des subventions de carburants avec le Congo

Le pays doit faire face à ses obligations dans le programme conclu avec l’institution de Bretton Woods, dégager des marges budgétaires en vue d’assurer le financement d’investissements prioritaires tout en luttant contre l’inflation générée par les précédentes hausses des prix des produits pétroliers à la pompe.

Publiée vendredi 7 juin 2024 à 21:48:58Modifiée vendredi 7 juin 2024 à 21:49:01Temps de

Par Simon Pierre Mbarga

Vers la hausse des prix des produits pétroliers au Congo

L’accord triennal conclu entre le Congo et le FMI en 2022 sur la Facilité élargie de crédit visait à réduire ses subventions et à rehausser en conséquence les prix des produits pétroliers de 30 % en 2023 et de 15 % en 2024. Soit une augmentation globale de 45 % au cours de cette même année. Mais les autorités congolaises, après les premiers ajustements des prix à la pompe qui ont occasionné des remous sociaux dans les villes de Brazzaville et Pointe-Noire, ont reculé face à cet impératif. Du coup, le prix du litre de carburant, notamment le Super, est passé de 595Fcfa en 2022 à 625Fcfa en 2023. La même année, au mois de juillet, le litre de carburant a été porté à 775 Fcfa, correspondant à une hausse de 25% au total.

Pour cette année, d’après moult simulations et hypothèses avancées au sein de l’administration, le litre de carburant devrait passer de 775Fcfa à 1150Fcfa à la pompe, soit plus de 50%. Pour discuter de cette perspective, les équipes du FMI et du gouvernement sont en négociation depuis le 5 juin 2024 à Brazzaville. D’après les deux parties, la mission doit proposer au gouvernement congolais des options de réformes de la structure des prix ainsi que des mécanismes de subvention des carburants.

Les émissaires du FMI vont également procéder à une estimation de l’impact budgétaire du soutien étatique des produits pétroliers, à une analyser de la structure des prix des carburants en préconisant des mécanismes d’ajustement des prix sur la base des évolutions institutionnelles et sectorielles du marché des produits pétroliers finis.

De fait, le FMI, dans le cadre du Programme économique et financier du gouvernement, exige une augmentation de 65% des prix des produits pétroliers à la pompe. Mais jusqu’ici, seuls 25% sont concédés par les autorités congolaises. Une situation qui est la conséquence de la non-indexation des prix carburants tant ceux produits localement que les produits importés. Ce qui crée des manques à gagner énormes à l’ensemble des acteurs de la chaîne des produits pétroliers.

«La non-indexation des prix des produits pétroliers à la pompe aux prix à l’importation ou au coût de production des produits pétroliers cause des manques à gagner à l’ensemble de l’économie à travers les pertes de recettes publiques et un système de subvention des prix des produits pétroliers systématique», renseigne le rapport du gouvernement sur l’impact de la réduction des subventions des produits pétroliers sur l’économie congolaise, réalisé cette année par le ministère de l’Economie et des Finances du Congo.

Ces manques à gagner concernent les entreprises du secteur dont les frais et les marges restent fixes par l’utilisation des prix plafonds non ajustés au prix à l’importation ; la Congolaise de raffinage (Coraf) dont la valeur des ventes ne couvrent pas le coût des cargaisons, ni les charges nécessaires pour le perfectionnement de l’outil de production comme prévu dans le contrat de performance ; la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) qui vend les produits importés à des prix plus faibles que ceux auxquels ils sont acquis; l’État qui ne recouvrent pas les taxes à l’importation, la TVA, y compris la contrepartie de la valeur des cargaisons de pétrole cédées à CORAF.

Les déficits indiqués plus haut, selon le rapport gouvernemental, totalisent 274,748 milliards de F CFA rien que pour l’année 2022, et constituent de réelles subventions dont les bénéficiaires sont les consommateurs locaux et les pays voisins dans une certaine mesure.

Sur la base des lois de règlements de la période 2000-2020 et des statistiques sur les subventions pétrolières compilées par la direction des études et de la planification du ministère de l’Economie et des Finances du Congo, le total cumulé des subventions des produits pétroliers à la pompe, entre 2008 et 2022, affiche la somme de 4 607 milliards de Fcfa, soit une moyenne annuelle de 329 milliards de Fcfa. Si l’on inclut les 1 442,333 milliards de Fcfa de contreparties des cargaisons de pétrole brut reçues de la SNPC par la Coraf et non-reversées entre 2011 et 2022, les pertes sèches de l’Etat culminent à 6049 milliards de Fcfa.

Suivant les simulations réalisées par le ministère de l’Economie et des Finances, si l’Etat n’avait pas soutenu le prix d’entrée de distribution en 2022, la SNPC et la raffinerie auraient généré au total 637,814 milliards de F CFA, bien plus que les 568 milliards de F CFA nécessaires aux achats de l’ensemble des approvisionnements des cargaisons de pétrole brut fournies à la Coraf et des produits pétroliers importés compris.

Le gouvernement qui a pris l’engagement de réduire la subvention de 30 à 45%, dépense chaque année 568 milliards de Fcfa pour ravitailler le pays ; mais affiche des prix qui subissent une décote de 253, milliards de Fcfa, soit une perte sèche de 315, 049 milliards de Fcfa.

Pour les autorités, une augmentation des prix de 30 % du prix entrée de distribution fournit à peine 303,950 milliards de F CFA pour l’ensemble des produits raffinés localement et acquis à l’importation, et 366,919 milliards de F CFA dans le scénario d’une augmentation des prix de 45 %. En concédant une augmentation de 15% supplémentaire, le prix du litre de carburant à la pompe plafonnerait à 830Fcfa selon le gouvernement.

Les négociations tournant autour d’une hausse du prix litre à plus de 1000Fcfa, les équipes du FMI et le gouvernement ambitionnent de réviser la structure des prix des produits pétroliers qui compte pour l’heure 11 postes d’indexation, avec un prix d’entrée distribution plafonné à 468,32FCFA.

Ecomatin

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