
Comme un ballon de football qui se gonfle, le débat s’intensifie dans les médias tant locaux qu’internationaux et sur les réseaux sociaux. Absence totale d’une volonté de concertation nationale avant la tenue des élections groupées du 27 décembre 2020, dégradation de la situation sécuritaire, processus électoral non – transparent, non – crédible et exclusif, mis à l’écart des réfugiés, réduction des délais de recours, non – divulgation de la liste électorale définitive, non – disponibilité du nombre des inscrits, des centres de vote et des bureaux de vote, refus catégorique du gouvernement de faire auditer le fichier électoral, retard nettement sensible dans les procédures de production et de fourniture des cartes d’électeurs, vives tensions entre le pouvoir et l’opposition démocratique, invalidation de la candidature de l’ancien président François Bozizé sur fond des considérations politiques, son retrait de la capitale, récusation de signature du code de bonne conduite par les candidats, implication des groupes armés dans les opérations de campagne….tous les éléments constitutifs de plusieurs Cocktails Molotov à forte déflagration ne sont – ils pas réunis pour précipiter la République centrafricaine dans une nouvelle spirale de contestations populaires et de violences meurtrières ?
A moins d’être des thuriféraires du régime et leurs laudateurs fieffés qui s’enferment à toute vérité, tous les indicateurs effectivement sont au rouge. A aucun moment, depuis l’accession du président Touadéra au pouvoir, l’environnement sécuritaire et socio – politique n’avait connu un tel niveau de dégradation. Les tensions à l’intérieur du pays marquées tout dernièrement par des actes d’agressions et de braquages perpétrés par les groupes armés contre plusieurs candidats aux législatives en campagne, de Bangassou à Markounda en passant par Kaga – Bandoro et Batangafo, ne sont pas rassurantes. L’absence totale de mesures de protection des différents candidats par l’ANE, la Minusca et le gouvernement, en application du plan de sécurisation de ces élections, alors que dans le même temps le président sortant est entouré par les soldats onusiens et les mercenaires du Groupe Wagner, suscite des interrogations au sein de l’opinion sur l’impartialité de la communauté internationale.
« Au vu des dangers encourus par tous les candidats dans l’arrière-pays, l’Union Africaine, la Minusca et l’Union Européenne seront mises en accusation devant les juridictions compétentes pour non-assistance à personne en danger. Nous avons encore en mémoire les déclarations affirmant et soutenant que toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour sécuriser l’organisation des élections », s’est exclamé le député de Mala Jean – Pierre Mara. Cette sortie médiatique de l’un des représentants nationaux dont les collègues sont manifestement aujourd’hui livrés partout à la merci des bandes armées sans foi ni loi fait, n’est rien qu’un grand coup de gueule contre le fameux plan de sécurisation élaboré et signé entre le premier ministre Firmin Ngrébada, la Minusca à travers le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu Mankeur Ndiaye et la présidente de l’ANE Mme Marie – Madeleine Hoornaert N’Kouet.
En effet, d’après le premier ministre centrafricain Firmin Ngrébada, ce plan est de nature à sécuriser l’ensemble du processus des élections de 2020-2021, comprenant l’enrôlement des électeurs jusqu’aux prochains scrutins, y compris les agents électoraux, qui seront déployés dans le pays par l’ANE. Le chef de la MINUSCA, Mankeur Ndiaye, a quant à lui rappelé le nouveau mandat de la mission, lui accordant la latitude d’appuyer de manière technique, logistique et sécuritaire le processus électoral en RCA. Il a aussi relevé que nombreux de ses collaborateurs se sont investis dans l’élaboration dudit plan, comme ceux de la force, de la police et de la division des élections. Quant à la mise en œuvre dudit plan, M. Ndiaye a précisé que même les réponses ou réactions aux difficultés voire aux nombreuses menaces qui vont surgir, suivant les localités, durant le processus électoral sont déjà prévues, de sorte que les élections en elles-mêmes ne soient pas perturbées et se tiennent dans les délais prévus.
Fort malheureusement, depuis le lancement de la campagne électorale en prélude aux scrutins couplés du 27 décembre 2020, ni le gouvernement ni la Minusca ni l’ANE n’ont été en mesure de mettre en application ad litteram ce plan de sécurisation. Comme nous l’avons évoqué un peu plus haut, des candidats aux législatives sont abandonnés à eux – mêmes et offerts en sacrifice expiatoire à des bandes armées et des hordes de mercenaires venus d’ailleurs, considérés comme des partenaires du pouvoir et dont les leaders assument des hautes fonctions de l’Etat, en flagrante violation des dispositions de l’article 28 de la constitution. A l’instar du député de Mala, nous pouvons affirmer et soutenir sans risque de nous tromper que non seulement le processus électoral en cours, outrancièrement non – transparent, non – crédible et exclusif est un traquenard astucieusement conçu par le Gangster de Bangui et cautionné matériellement, techniquement et financièrement par la France, les Etats – Unis, la Chine, la Russie, l’Onu, l’Ue, l’Ua, la Ceeac et la Cemac, mais surtout est apprécié comme l’expression d’une manœuvre visant à entretenir la crise et faire couler un peu plus le sang des Centrafricains pour en tirer profits ; c’est ce qui explique la dégradation sécuritaire ces derniers temps sur toute l’étendue du territoire national.
Mais si la montée actuelle de l’insécurité peut être considérée comme le fruit d’un grand complot contre la République et le peuple centrafricain, il n’en reste pas moins qu’elle doit sonner dans l’opinion comme un grand camouflet pour tous les partenaires internationaux qui ont financé et soutenu tout ce processus. Car, ils ne puissent ne pas être tenus par conséquent pour responsables et coupables de tous ses dysfonctionnements et de tous les graves actes d’exactions et de violences qui en ont déjà découlé et qui en découleront dans les tout prochains jours.
Aux dernières nouvelles, les groupes armés ont décidé de faire échec à la tenue de ces foutues d’élections sur toute l’étendue du territoire national, et au même moment la présence d’un nouveau groupe armé dénommé Convention Pour un Changement « CPC » dont les éléments ont été très actifs ces derniers temps à Bossembélé, Yaloké, Nandobo, Kaga – Bandoro, Batangafo, Kabo, Markounda, Bonganangone, Bangassou et à Mobaye, est signalée aux portes de Bangui.
La rédaction