L’an II du président Touadéra : « Elève remis à la disposition de sa famille politique pour insuffisances notoires » !

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AN II DU PRESIDENT TOUADERA AU POUVOIR

Il y a deux ans, le président élu, Faustin ArchangeTouadéra, était investi à la magistrature suprême de l’Etat.
Le peuple Centrafricain célébrait ce passage de témoin pacifique entre Catherine Samba-Panza et le nouveau président, pour un bail de cinq (5) ans.
Tous les espoirs étaient permis, surtout que non seulement l’élu bénéficiait de l’adhésion de la quasi-totalité des Centrafricains, à travers ses différentes composantes, mais surtout, que le nouveau locataire du palais de la Renaissance n’avait à la bouche que des mots de réconciliation nationale, de sécurité, de rupture.
On allait pouvoir enfin s’atteler à la construction d’une grande nation, prospère, solidaire, où chaque Centrafricain vivrait librement, sans être jugé selon sa région d’origine.

Pour confirmer ses bonnes dispositions et rallier toutes les énergies, la formule « union sacrée » fut officiellement adoptée par le nouveau régime, expression, le croyait-on, de la volonté de Faustin Archange Touadera, de travailler même avec ses adversaires de la veille, compte-tenu de l’état catastrophique du pays.

Helas, dès les premières heures de cette mandature, des nuages annonciateurs d’orage, vinrent obscurcir le ciel bleu azur.
Les toutes premières nominations indiquèrent que la mandature serait marquée du sceau du sectarisme, de la médiocrité et de la faillite morale. Sectarisme parce que très vite la région et les liens de famille devinrent le critère le plus important, médiocrité parce que dans une incroyable et surprenante haine de l’intelligence, le professeur de mathématiques ne s’entourait que de gens ayant déjà démontré leur incompétence, faillite morale parce que la promotion d’aigrefins dans l’entourage présidentiel ouvrit la voie à tous les excès, la course à l’enrichissement n’en étant pas le moindre.
Depuis, le président Touadéra s’est enfoncé dans la nuit noire, sans boussole, comme attiré par les ténèbres.

Que reste-t-il de cette espérance populaire, suscitée par le président prétendument des pauvres, abhorrant le culte de la personnalité ?

Un immense champ de ruine de nos illusions perdues, où gisent des cadavres comme jamais auparavant, et où survivent des réfugiés, des déplacés internes et des compatriotes ayant perdu toute leur dignité car vivant dans l’insécurité alimentaire et comptant sur l’aumône très spartiate de la communauté internationale.

Notre pays compte désormais 688 700 personnes déplacées, 518 196 réfugiés, 2 millions touchés par l’insécurité alimentaire, soit presque 50% de la population.
Ce qui revient à dire qu’un Centrafricain sur quatre est soit réfugié, soit déplacé interne.
80% du territoire national est sous la coupe des groupes armés.
Jamais les Centrafricains n’ont été aussi massacrés sur la terre de leurs ancêtres, puisque le triste record des 3000 morts que détenait le régime Séléka a été multiplié par deux sous le régime issu des urnes du président Touadéra.

Au plan diplomatique :

Notre pays est comme un canard sans tête, avec un président qui fait l’impasse sur le ministère des Affaires Etrangères, méconnait les us diplomatiques ou tout simplement les règles du monde tel qu’il fonctionne et humilie tout un peuple, le nôtre, à travers ces ratés.
Résultat, un isolement sans précédent sur la scène sous-régionale et internationale.
Sur le plan international, comment ne pas se souvenir de ce voyage au Liban, avec certains hommes d’affaires peu recommandables, au point d’être accueilli par le ministre libanais en charge… de la lutte contre la corruption.
Sur le plan sous-régional, notre président ne trouve grâce aux yeux d’aucun de ses homologues, au point de se faire sermonner régulièrement, comme à Ndjamena.
L’une des conséquences de cette diplomatie du canard sans tête, c’est le transfert temporairement définitif ou définitivement temporaire, c’est selon, du siège de la CEMAC, dont l’impact sur l’économie se fera bientôt sentir. Ou encore la perte de la vice-présidence de la BDEAC, après en avoir perdu la présidence quand il fut premier ministre de Bozizé. Oh, c’est vrai, nous avons comme lot de consolation, la direction de l’école d’hôtellerie !

Au plan politique :

C’est le règne de la terreur, avec la mise en place d’une bande de fous furieux, dont le trait commun est l’indigence intellectuelle, dénonciateurs de coups d’Etat imaginaires, désignant les opposants au régime à la vindicte populaire.
Résultat, un climat de défiance, nuisible à la cohésion sociale, pourtant un des éléments essentiels à la réconciliation nationale.

Au plan judiciaire :

L’échec le plus patent de la mandature du président Touadéra, c’est au niveau de la justice.
Jamais auparavant, la justice n’aura été aussi instrumentalisée et mise au service d’un clan. Sous aucun régime. Certes, subsistent quelques ilots de magistrats intègres, mais des hommes de main, agissant plus comme des mercenaires plutôt que des magistrats, ont été placés là pour veiller à ce que jamais justice ne soit rendue.
Ainsi, quand les spadassins de Touadéra assassinent le caractère des opposants en incitant à leur assasinat tout simplement, après les avoir accusés de toutes les ignominies, notamment d’avoir financé les massacres des populations de l’arrière-pays, des consignes sont données pour que les requêtes déposées par les opposants ne soient jamais examinées. A ce jour, ces requêtes n’ont jamais été examinées, le parquet refusant de faire diligence. Un déni de justice, flagrant et sans nuance.
Deux ans après, c’est donc l’état de la nation que nous décrivons. Une nation déchirée, mal gouvernée, livrée aux pillards et aux pilleurs, isolée comme jamais auparavant, à la justice mise au pas et non rendue au nom du peuple mais d’un clan prédateur, une nation exsangue, défigurée par l’occupation de son territoire et l’asservissement de sa population.
Un leadership inexistant, une appétence sans pareil des membres du clan aux délices du pouvoir sans se préoccuper des résultats.
Voilà pourquoi, la commémoration du deuxième anniversaire de l’investiture du président Touadéra doit se faire comme on commémore les événements tragiques.
Et pourtant, il existe des solutions pour sortir de là. Certes, on ne peut aller acheter le charisme ou le leadership dans un magasin. Mais on peut compenser ce déficit par l’implication des intelligences, furent-elles de son propre bord.
Puisque rien n’est possible sans la sécurité, parlons-en.
Le président doit cesser de se prendre pour un charmeur de serpent, en affirmant vouloir désarmer les cœurs. Il doit sortir de la duplicité et jouer franc-jeu avec toutes les composantes de la nation dans cette quête de paix. Malheureusement, il n’est pas prêt pour travailler au retour de la paix. Nous l’avons encore vu récemment, avec le décret pris portant mise en place d’un comité de pilotage vérité justice et réconciliation. Même quand il s’agit d’aborder le sujet le plus important de son quinquennat, il ne sait pas le faire ! Quelqu’un doit au moins pouvoir lui dire que la concertation préalable est inévitable, avec toutes les composantes de la nation. Ensuite vient un décret portant répartition des différentes entités, lesquelles envoient ensuite leurs représentants à partir de cette grille de répartition. Enfin, un décret pour entériner ces choix libres et souverains des entités.
Or donc, le président a décidé à son niveau d’écarter l’opposition et de choisir certains de son bord, dont la morale est à cloche-pied, des mercenaires politiques et champions de la division nationale pour ramener la paix en Centrafrique !
Ramener la paix, c’est certes d’abord dialoguer. Dialoguer pour ramener dans la république ceux de nos compatriotes qui ont pris les armes parfois pour des raisons fondées et trouver des solutions avec eux. Ils sont dans la Vakaga, le Bamingui Bangoran, la Haute Ktto Ce qui isolerait ceux, souvent des mercenaires n’ayant rien à voir avec notre pays, qui pillent nos richesses, assassinent nos compatriotes et incendient nos villages.
Le président Touadéra doit savoir qu’on ne doit pas transiger avec cette dernière catégorie. Nous ne ferons donc pas l’économie d’une guerre pour libérer l’intégralité du territoire national. Nous devons donc avoir une armée forte. Avec 1300 éléments en phase d’opérationnalisation, il faudra neuf ans pour avoir 10 000 hommes, 70 ans pour avoir l’effectif de 80 000 hommes de l’armée tchadienne. Il faut donc faire des choix. Parce que c’est le plus grand défi de notre pays, de la nation centrafricaine, celui qui vaut tous les sacrifices. Ensemble avec nos compatriotes qui avaient pris les armies et réconciliés avec la République, nous allons libérer chaque village, progressivement et y planter le drapeau national. Mais une armée nationale n’est puissante que par l’adhésion populaire, comme tout régime ne peut être fort que par l’adhésion populaire. Ce que le président a déjà perdu. Pour le regagner, cela dépend de son comportement.
Il n y a donc, pour l’instant, rien à célébrer.
Nous, le peuple.

Bangui, 27 mars 2018

Maître Crépin Mboli-Goumba
Président du PATRIE

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