L’AMBASSADEUR AMERICAIN POUR UNE TRANSITION COURTE EN GUINEE : Un caillou de l’Oncle Sam dans les godasses de Doumbouya

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L’AMBASSADEUR AMERICAIN POUR UNE TRANSITION COURTE EN GUINEE : Un caillou de l’Oncle Sam dans les godasses de Doumbouya

« Les Guinéens veulent plus de démocratie, pas moins. Nous continuons d’exhorter le gouvernement à une transition rapide, vers une démocratie constitutionnelle. Plus elle sera longue, plus le gouvernement risquera l’instabilité et la frustration de la population ». Ainsi, l’ambassadeur américain en poste en Guinée, Troy Fitrell, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour asséner ses quatre vérités au locataire du palais Sékhoutouréya. Le diplomate américain n’a fait que transmettre, à haute et intelligible voix, au gaillard colonel-président et à ses hommes, un message officiel de Joe Biden.  Et l’on ne peut que saluer ce message sans ambiguïté en provenance de la Maison Blanche. Il reste maintenant à savoir comment l’enfant de Kankan accusera réception de ce message. L’on espère que Mamadi Doumbouya fera preuve de suffisamment d’intelligence pour cerner tous les contours de cette sortie sans gant du diplomate américain.  Toujours est-il que Troy Fitrell vient de glisser là, dans les godasses du colonel Doumbouya, un caillou lancé depuis le pays de l’Oncle Sam. Disons- le tout net, l’homme fort de Conakry n’a pas intérêt à se mettre à dos Washington. Et pour cela, il devrait tout simplement revoir la durée de la transition que la junte a fixée à 36 mois. Malgré les tirs de sommation de la CEDEAO, le président guinéen a continué d’avancer, tête baissée, tout en narguant les chefs d’Etat de l’institution sous-régionale avec son expression fétiche : « la Guinée n’a de leçon à recevoir de personne».

En plus de la pression internationale, Doumbouya va devoir faire face aux Guinéens

En tout cas, il ne faut pas se leurrer, cette déclaration retentissante du diplomate Troy Fitrell, est un avant-goût de ce qui pourrait se passer lors du prochain sommet de la CEDEAO, prévu pour se tenir le 3 juillet prochain et qui a notamment statué sur la situation en Guinée Conakry. Washington a donné le ton et l’orientation et il est certain que les chefs d’Etat africains ne vont pas dévier de la trajectoire tracée par les Américains et ce d’autant plus que, contrairement à Bamako et à Ouagadougou, Conakry ne peut pas invoquer un problème quelconque de sécurité pour maintenir à 36 mois la durée de la transition.  Dans tous les cas, le colonel Doumbouya est sans doute en train de prendre conscience qu’on ne gère pas le pouvoir ni un pays comme on le ferait pour une garnison militaire et qu’on ne peut pas non plus diriger un peuple le fusil sur la tempe, de façon permanente. Il est alors encore temps, pour les occupants du palais Sékhoutouréya, de faire un pas en arrière. Car, en plus de la pression internationale dont celle des USA, Doumbouya va devoir faire face surtout aux Guinéens qui ne partagent pas ses méthodes de gestion. Il a du reste vite compris cette menace en ouvrant un dialogue politique inter-guinéen. Là aussi, l’exigence américaine à travers son diplomate, pourrait faire autorité : « La société civile et l’opposition doivent être autorisées à participer ouvertement à la transition, sans harcèlement ni intimidation. Nous avons été clairs. Un tel dialogue politique ne peut réussir que si toutes les parties ont confiance en la possibilité d’un résultat positif ».

Michel NANA

Le Pays

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