L’AFRIX pour remplacer le FCFA en zone CEMAC

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Les négociations sont en cours, même si la pandémie du coronavirus est venue quelque peu freiner les travaux. Les hauts dirigeants sont déterminés à mettre de côté le FcFA.

les hautes autorités de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) songent sérieusement à quitter le Franc des colonies françaises d’Afrique (FCFA), un sigle qui a de la peine à quitter son appellation d’origine, malgré quelques modifications de l’appellation originelle. Dans certains milieux, l’engagement du président tchadien Idriss Deby Itno est soufflé, ses propos aussi. Notamment « Le franc CFA empêche l’Afrique de se développer. Le FCFA, arrimé à un euro fort, freine la compétitivité de nos exportations de matières premières. » Pour ce chef d’Etat, rappelle-t-on, il faut « renégocier ensemble (14 pays, mais aujourd’hui plus que 6, car l’UEMOA se démarque déjà,) la convention qui nous lie à une monnaie qui n’est pas la notre avec une parité fixe pour que le Trésor français ne gère plus le FCFA. Au niveau du conseil d’administration de notre banque centrale (BEAC), nous avons trois Français qui siègent avec le droit de véto. »

Ce que le Tchadien chef d’Etat actuel ne supporte plus. Mais il n’est pas seul dans cette colère. Si ses récriminations sont ouvertes, celles de Paul Biya sont à l’image de cet homme d’Etat camerounais : taiseuses et rares à pêcher. Toutefois, Paul Biya, souffle-t-on, en a vraiment après cette monnaie coloniale et veut la voir disparaître, mais techniquement. Le Cameroun contrôle quand même 42 % de l’économie de la Cemac, loin devant le Gabon (18 %), la Guinée Equatoriale (13%), le Congo (Brazzaville), 12%, le Tchad 12 % et la RCA, 3%.

La bataille n’est pas au niveau de qui vaut quoi. Mais plutôt comment l’on se débarrasse du colon qui dicte sa loi depuis 1945. Et à ce sujet, depuis mars 2020, quelques personnalités d’Afrique centrale triées sur le volet et exerçant dans plusieurs institutions internationales mènent discrètement sous la coupole de la France plusieurs séances de travail en vue d’adouber le basculement d’une éventuelle monnaie qui viendrait succéder au FCFA utilisé jusque-là en Afrique centrale.

Contrairement à l’Afrique de l’Ouest où l’on avait trois nom de la monnaie qui devra remplacer le FCFA de ce côté, appellations en lice, en zone Cemac, la seule proposition actuelle, du moins, qui accroche, c’est l’AFRIX (AFX). Sa création dont certains espèrent qu’elle ne sera pas un simple changement de dénomination fait déjà des gorges chaudes au sein même des experts au cœur de cette actualité. Le Tchad et le Cameroun souhaitent et exigent qu’il y ait une vraie transmutation, et non pas ce qui a été fait en zone Uemoa.

Les experts savent très bien que le FCFA est de plus en plus mal aimé. Ils savent également que la CEMAC est scrutée et l’on attend sa sortie après «les modifications du FCFA en zone BCEAO ». Le challenge ici est donc de faire différemment de l’ECO. C’est pourquoi, dans un premier temps, l’on susurre que AFX ne va concerner que les six Etats de la zone Cemac au départ, avant de s’ouvrir aux onze Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Ici sont présents les Etats de la Cemac, mais aussi, d’autres pays tels l’Angola, le Rwanda, Sao Tome&Principe, le Burundi. En un mot, dix huit pays sont visés par cette monnaie, encore préparation. La population en CEEAC est estimée à 130 millions d’individus, pour une superficie de 6 640 600 km². La Cemac veut donc voir plus grand et caresse le rêve de voir un grand nombre de pays intégrer le challenge.

Dans cette manœuvre, l’AFRIX devrait s’adosser sur un panier de devises comprenant notamment l’Euro, le Dollar, le Yuan, etc. et pourra de ce fait fluctuer mais de manière contrôlée pour éviter des dérapages incontrôlables. Si les experts qui en débattent déjà discrètement pensent que la stabilité d’une monnaie dépend de la stabilité des économies des pays qui en font leurs devises, ils estiment néanmoins que l’AFRIX, mieux que le projet ECO, se veut une monnaie plus indépendante et plus opérationnelle en ce sens que sa mise en route précède la construction des économies de production industrielle capable de gagner des parts de marché à l’international. Ce qui demande beaucoup de compétences dans le secteur public et privé, tel est le challenge de la nouvelle monnaie qui arrive.

david eboutou

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