LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE VICTIME DE SON IDYLLE CHRONIQUE AVEC L’IMPUNITE

0
566

DEBOUT POUR LA CENTRAFRIQUE             

LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE VICTIME DE SON IDYLLE CHRONIQUE AVEC L’IMPUNITE

La République Centrafricaine n’est pas prête de sortir des problèmes qu’elle connaît.  D’ailleurs, il est inexact de parler de problèmes car ne peut être considéré problème que ce qui empêche le mécanisme d’un système de tourner comme il est conçu pour fonctionner. Or, le système centrafricain ne peut fonctionner que comme il existe aujourd’hui parce que c’est le système que les centrafricains se sont librement forgés.Ceux qui pensent que la république centrafricaine fonctionne mal ou connait des problèmes, sont ceux qui le comparent à d’autre pays, suivant un certain idéal basé sur l’universalité d’un fonctionnement républicain. C’est probablement là qu’on se trompe parce que chaque pays, quel que soit sa forme institutionnelle (république, royaume ou fédération etc…) fonctionne sur le modèle ou la convention sociale qu’il s’est donné. Et là où la république centrafricaine se trompe, s’est très certainement qu’elle croit et pense vouloir utiliser un système républicain comme on peut trouver ailleurs par exemple en France, en Allemagne, au Ghana, en Afrique du Sud etc… ; Alorsqu’elle fonctionne à l’opposé du système copié.

Dans un système républicain comme celui que les centrafricains aiment s’y inspirer, ce qui selon toute vraisemblance est le modèle français, il y a :(a) les grandes institutions : l’exécutif, le législatif et le judiciaire pour ne citer que ceux-là, (b) les lois à commencer par la loi fondamentale, (c) le modèle social (solidarité nationale, la liberté d’entreprendre etc..), (d) le mode de découpage et de fonctionnement administratif etc…(e) les grands principes (la force revient uniquement à la loi par exemple) et j’en passe.

En Centrafrique, toutes les constitutions qui ont fait fonctionner et celle sur laquelle le pays fonctionne aujourd’hui ont été pratiquement montées sur le même modèle. L’archive nationale ne fonctionnant qu’à la manière du pays, on peut, pour ceux qui dispose d’archives personnelles,se rendre compte que pour les plus récentes, c’est-à-dire celles de 1981, 1986, 1995, 2005, 2016 sans soustraire la chartes de transition de 2013, sont à peu de chose près, le copier-coller du précédent à la seule différence que l’article X du nouveau est tout simplement l’article Y de l’ancien sans savoir pour quelle raison fondamentale, le X devient Y mais, ce n’est pas important.  Disposer d’une constitution est la seule préoccupation pour le paraître mais pas pour réguler la vie de la nation.

Si une personne venue de la Suède, des Etats Unis d’Amérique, de Pologne, du Royaume Unis, d’Angleterre  ou du Zimbabwe etc.. ; Qui demanderait à connaître le système de fonctionnement de la RCA à la lumière de la loi fondamentale en cours, il pourrait dire : C’est parfait, tout y est, c’est un pays démocratique.  Mais c’est dans la pratique, c’est-à-dire dans la mise en place qui conditionne le fonctionnement des différentes composantes du système que la différence s’observe et qui dénature la chose.

Commençons par les exécutifs : Quand on soustrait ceux des présidents qui sont arrivés à la tête du pays par la force, même si on doit l’auréoler de la pompeuse dénomination de coup d’état militaire très souvent vendu par leurs auteurs : de sursauts patriotiques, on voit où ces fameux sursauts nous ont mené. Le pays fini par déchanter parce que nos fameux patriotes ne ratent jamais l’occasion de se transformer en dictateurs intraitables qui très souvent ont amené les Centrafricains à regretter les pouvoirs médiocres qui les ont précédés.

Quand j’entends des Centrafricains regretter le pouvoir de feu Jean B. Bokassa ; ou des personnes s’émouvoir avec le retour de Bozizé après sa fuite à l’étranger à l’entrée de la séléka,on est en droit de se poser la question de savoir si les Centrafricains se donnent vraiment sérieux, ou font semblant d’être sérieux. Pour ma part, je dis qu’il faut avoir vécu la fin du règne de notre fameux empereur pour comprendre pourquoi il était important qu’il dégage en ce moment-là et je laisse la latitude à ceux qui célèbrent les mérites du Bozizisme par la liesse populaire sans lendemain, de nous dire si le tableau que représente la RCA aujourd’hui est un sujet de fierté pour les centrafricains, en sachant qu’elle a pris sa source avec l’entrée des libérateurs en mars 2003, et a atteint son paroxysme avec la généralisation du marché de la rébellion dans l’arrière-pays et son déclin avec l’entrée triomphale de la séléka dans Bangui en mars 2013. Chacun n’a qu’à tirer sa propre conclusion.

Comparaison n’est forcément pas raison mais on peut regarder ce qui a été fait ailleurs. Jerry Rawlings a pris et repris le pouvoir au Ghana par un putsch militaire. Il s’est retirer de la tête du pays, léguant un système assaini qui fait aujourd’hui la fierté des Ghanéens, avec un Jerry Rawlings redevenu un simple citoyen vivant en harmonie avec ses compatriotes. Chercher l’erreur en Centrafrique.

Mais on ne peut pas parler de système fonctionnant sur les modèles démocratiques, en se cantonnant sur les régimes issus des coups d’Etat. C’est pour cela qu’il conviendrait de parler de ceux qui sont arrivés au pouvoir par la voix des urnes : Ange F. Patassé et Faustin A. Touadéra qui ont pris les rênes de l’Etat par les voies les plus correctes pour ne pas dire recommandées et dans unclimat de grand espoir que le peuple a placé en eux.  F. A. Touadéra laissera un pays plus que dévasté et démembrés autant que Patassé à partir du pouvoir de qui, le pays a entamé sa descente aux enfers. Un arbre ne pouvant donner que des fruits pour lesquels il est programmé à produire, les fruits de la somme des gouvernances de nos illustres Chefs d’Etat,  partant de Patassé à l’actuel, est ce qui se vit aujourd’hui en Centrafrique. Chacun n’a qu’à tirer sa propre conclusion.

C’est à dessein que je ne parle pas du pouvoir Kolingba qui est une fusion des deux c’est-à-dire, l’entrée militarisé et le plébiscité référendaire de 1986 qui lui a permis de continuer son aventure présidentielle dans la légalité jusqu’ à la passation du pouvoir à son successeurs par la voie la plus recommandée. Mais il faut lui reconnaître la ruse qui lui a permis de se retirer des affaires dans un semblant de bonne foi, pour que les choses se gâtent après. C’est la stratégie qu’utilisent les insectes qui détestent eux-mêmes la gestation et qui font porter leurs progénitures par d’autres tuteurs. Les tiques par exemple,se glissent sous les ongles d’orteils d’humains pour se développer. Ceux qui manquent de vigilances et laissent ces bestioles arrivées à maturité  là où ils se sont incrustés, se retrouvent avec des pieds déformés et par conséquence la démarche aussi. L’ancien Président et feu le général A. Kolingba avait glissé les germes de la discorde dans le fruit centrafricain avant de le filer à son imprudent successeur, la suite non la vivons aujourd’hui.

Si dans le cas de prise de pouvoir par la force, la population est impuissante devant des chefs d’état-major qui se sont érigés en vrais faux sauveur du pays ;la portion de la population, proches des usurpateurs en treillis,  naturellement avec la complicité de ces derniers,ont tout de suite sauté sur l’occasion pour pervertir le mécanisme de fonctionnement du pays par des agissements fortement imprégnés de : népotisme, tribalisme, copinage, égocentrisme et le détourne des biens nationaux. Cette méthode a fini par faire école et devenue désormais indélébile dans le système de fonctionnement du pays.

Voulant profiter des mêmes privilèges, la dernière catégorie des conducators c’est-à-dire les démocratiquement élus, ne sont pas gênés pour faire perdurer cette souillure nationale. Si dans le cas des militaires, le peuple pouvait se sentir impuissant et on peut comprendre pourquoi, dans les cas des soi-disant élus,  c’est le peuple lui-même qui trouve plaisir à les accompagner dans la médiocrité et la mauvaise gouvernance parce que pour le Centrafricain, élire un individu c’est lui remettre un chèque à blanc pour conduire le pays dans la direction qu’il convient à l’élu de prendre. Point n’est besoin de dire que si cette direction devrait entrainerle pays dans l’abîme, il ne s’agit là que d’un abîme démocratique. Doit-on plaindre un tel peuple ? Je m’interroge très sérieusement.

Le pouvoir législatif : Si en 1959 l’Oubangui-Chari pouvait se permettre de se donner des députés illettrés pour des raisons qui sont évidentes, mais s’octroyer en 2016 des députés limites lettrés est une preuve d’inconscience caractérisée. L’Assemblée Nationale (A.N) est quand même le lieu où on pond les lois de l’Etat. Les Centrafricains se permettent aujourd’hui, pour des raisons peu recommandables,d’élire des personnes qui n’ont rien à faire dans cette institution ; moralité, beaucoup d’entre eux sont là pour faire de la figurine et toujours disponibles à faire le voyage de Boali pour valider des lois scabreuses initiées par l’exécutif. Le pouvoir MLPC avait initié cette méthode de  déportation des parlementaires en ces lieux dans les années 90, l’actuel régime le réédite allègrement. Il est honnête de reconnaitre qu’on ne change pas une méthode qui gagne.

Rare sont les législatures où il ne se produit pas de scandales financiers. On peut même dire qu’il n’y a jamais eu de législature où les choses se sont passées comme il se devait. Si ce ne sont pas des députés qui se font corrompre, ce sont les fonds mis à la disposition de la deuxième institution nationale pour son fonctionnement qui souffrent d’une gestion non-orthodoxe.  Quelle honte pour tout un pays que de se doter des législateurs qui se plaisent à se qualifier d’honorables alors qu’ils ne ratent aucune occasion de se déshonorer.

Les centrafricains ne mesurent pas les dégâts au niveau de la réputation à l’internationale que le pays se donne en sachant que les pays amis et les représentations des institutions internationales sont correctement informés par leurs diplomates accrédités auprès de notre pays. Comment ces pays amis et partenaires peuvent-ils  nous prendre au sérieux et nous aider avec les fonds provenant des impôts de leurs contribuables au vue de tels comportements.

Par contre, quand ces députés doivent prendre leurs responsabilités dans un but noble, ils sont totalement absents au devoir comme par exemple lorsqu’en 2002 le président Patassé avait fait appel à Jean Pierre BEMBA et ses milices pour le secourir, il s’en est suivit ce que tout le monde connait. La constitution était largement violée dans le cas d’espèce car c’était un acte de haute trahison qui d’ailleurs, constitue la seule faute qui pouvait déclencher la procédure de destitution du président de la république conformément à la constitution. L’A.N qui elle aussi est la seule institution habilitée à déclencher cette procédure a tout simplement démissionné dans ses attributions républicaines. Moralité, Patassé n’a été évincé que par la force avec l’entrée des fameux libérateurs dont nous mesurons aujourd’hui les effets négatifs. Et la même chose se déroule avec le pouvoir Touadéra. Le sermon prêté par ce dernier et qui stipule : Moi  …………………….., Je jure devant Dieu et devant la Nation d’observer scrupuleusement la Constitution,  de garantir l’indépendance et la PERENNITE  de la République. De sauvegarder l’INTEGRITE  du territoire, de préserver la paix, de consolider l’unité nationale, d’assurer le bien-être du peuple Centrafricain, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge sans aucune considération d’ordre ethnique, régional ou confessionnel, de ne jamais exercer les pouvoirs qui me sont dévolus par la constitution à des fins personnels ni de réviser le nombre et la durée de mon mandat et de n’être guidé en tout que par la dignité du peuple Centrafricain.(cfart. 38 de la Constitution de la République Centrafricaine du 26 mars 2016),   est largement violé.

Il convient de rappeler que même au plus fort de la crise avec l’entrée de la séléka ou pendant la période de transition avec Mme la Présidente C. Samba Panza, les centrafricains n’ont jamais été autant massacrés que lorsque le pays est gouverné par le démocratiquement élu : Faustin A. Touadéra.  Dans un pays où la constitution est appliquée à la lettre, l’A.N devrait prendre ces responsabilités et envisager la destitution de ce dernier. Mais cette institution est restée amorphe, sous prétexte qu’il ne faut pas ajouter une crise la crise. Doit-on rappeler que cette même constitution prévoit des dispositions garantissant la continuité de l’Etat dans le cas d’espèce. C’est d’ailleurs la mise en application de cette disposition insérée dans la charte de transition de 2013qui a permis à Alexandre F. N’Guendet,d’assurer les fonctions de président de la république du 10 au 23 janvier 2014 lorsque Michel Djotodia fut sommé par ses pairs de la sous-région de démissionner de son poste lors du sommet de la CEEAC à Ndjamena en janvier 2014.Mais cela n’était pas du goût du désormais ex-président de l’A.N qui chérissait d’autres logiques. Moralité, c’est lui qui s’est fait débarqué et ce dernier de rentrer dans une crise sur fond de vengeance. Mais ce n’est pas d’une vengeance dont le pays a besoin, mais plutôt d’un fonctionnement normal des institutions de la république, dans le strict respect des règlements et deslois en vigueur.

L’absence de cette rigueur dans la régulation de la vie publique nationale à amener les citoyens, depuis le premier jusqu’au dernier  à s’accommoder avec les viols de la loi et avec l’incivisme qui ont conduit ce pays à devenir une république de non-droit où chacun fait ce qu’il veut quand il veut sans inquiétude. Ceci dit, on peut se poser la question suivante : A quoi servent les lois si elles ne peuvent être appliquées ? Il n’y a donc aucune nécessité d’en produire ; ce qui du coup annule la nécessité de disposer d’un parlement ainsi que  l’institution  judiciaire qui est censéemettre ces lois en application.  Puisque cela fonctionne ainsi et qu’aucun indice ne laisse supposer que la situation peut changer, ce serait peut-être un choix à faire par l’ETATcentrafricain pour réaliser des économies qui peuvent être injectées dans les secteurs qui souffrent d’investissements (l’éducation et la santé par exemple), au lieu de continuer à financer des institutions factices qui ne jouent pas leurs rôles régaliens.

La non application récurrente des lois fait que certaines pratiques passent inaperçues et tombent dans le domaine du normal, par exemple la création des milices. Dans une république qui se respecte, la force ne revient qu’à la loi. Seul l’Etat doit disposer de la force régalienne pour assurer la protection de chacun et de tous. Mais en Centrafrique, des partis politiques se sont donnés des milices sans que personne ne l’ai relevé.

Rappelons que pendant les troubles militaro-politiques de 1996 à 2001, les soldats qui se sont mutinés, communément appelés mutins, qui dans la phase premièrefaisait semblant d’être dans des revendications d’ordre corporatif, se sont subtilement mis par la suite, à la disposition du parti politique, le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) ce qui a déclenché immédiatement la mise en place de la fameusemilice Karako par le parti MPLC aux affaires. Ni les autres institutions, ni les citoyens avertis, personne n’a voulu relever ces dérives en république. Puisque la chose s’est produite et accepté par tout le monde au niveau national, elle a fini par faire jurisprudence alors le parti  KNK ne s’est pas gêné pour créer les anti-balaka. Le Mouvement Cœur Unis (MCU) du président Touadéraa emboité le pas sans complexe en se donnant ses requins ; Ce qui devrait nous amener à nous poser la question de savoir : Quelle forme étatique le RCA s’est donnée ?

Dans un système telle que régis par la constitution en cours qui  tient sa sources des autres lois fondamentales précédentes, tous ces partis mis en cause, aurait pu être destitués purement et simplement ce qui pour les plus récents comme le KNK, ne devrait plus se prévaloir d’animer la vie socio-politique depuis la période de la transition. Ceci dit, il n’aurait pu servir de base de soutient d’un ancien président défaillant comme Bozizé qui a fini par se refaire une place honorable dans l’arène politique nationale aujourd’hui. Mais lorsqu’on ouvre la voie au désordre et qu’on l’entretien, on ne peut pas s’étonner qu’il devienne la règle.

Avec ces constats, la fiabilité du pouvoir judiciaire est mise à rude épreuve.Justement en parlant de ce pouvoir judiciaire, les différentes situations énumérées ci-dessus et qui ne sont d’ailleurs pas exhaustives,peuvent à suffisance,justifier son éradication.  On parle de la séparation entre les pouvoirs :exécutif et judiciaire ;  mais comment parler d’une séparation entre les deux quand le second est complètement inféodé au premier. D’ailleurs  ne dit-on pas que le président de la république est le magistrat suprême. Et par son caractère régalien, le département en charge de la justice est presque souvent confié à une personne proche du magistrat suprême. Partant de là, le copinage et tous les travers sont garantis. Le reste c’est de la poudre aux yeux.

Prenons seulement le cas de la réprimande contre les vols et les détournements des biens de l’Etat.  La RCA est devenu le pays ou le vol et le détournement des deniers publics est un sport national et toléré de tout le monde. C’est pour cette raison que les gens se battent pour arriver aux tétons de la mamelle de la  vache laitière (l’ETAT) pour pomper le lait à volonté.

Feu le président Patassé disait à tort ou à raison que la RCA est le pays où coulent le lait et le miel,allusion la terre promise par Dieu aux enfants d’Israël.Sauf qu’il avait  omis de dire que ce n’était pas dans toutes les gorges que celait devrait couler. Un exemple concret est la situation du patrimoine foncier de l’Etat.

L’Etat centrafricain est un des rares Etats qui n’a plus de patrimoine bâtit. Les dignitaires de chaque époque s’en sont octroyé à vil prix. Parfois ces mêmes biens sont remis sur le marché de la location que l’Etat paye à prix d’or pour reloger le personnel dont les fonctions impliquent des logements de fonction. Si ce n’est pas de la spoliation et de la magouille digne de la mafia, cela y ressemble énormément. Si on devrait recenser l’ensemble des immeubles du centre-ville à Bangui et placarder sur chacun d’eux le nom des propriétaires, il y a de quoi déclencher une violente révolte. Mais ce sont des choses hautement respectables en Centrafrique. C’est pour cela que les fils des anciens : devinez de qui je veux parler, sont tous aujourd’hui des gestionnaires de patrimoines fonciers hors du commun : Oligarchie, quand tu tiens la RCA.

Pendant la période de transition de 2014-2016, un don Angolais d’un montant de deux milliards avait fait la une et couler beaucoup d’encre sans que personne n’ait pu élucider la question pour la mémoire collective nationale. Toujours pendant cette période et vers la fin de l’année 2014,  deux cents (200) kilogrammes de diamant en situation de sortie frauduleuse furent arraisonnés à l’aéroport Bangui M’Poko. Personne n’a pu dire ce qui était advenu de ce saisi extraordinaire. Je ne sais pas si les centrafricains sont bien conscients d’une telle situation, mais l’équivalent de quatre (4) sacs de cinquante (50) kg de diamant s’est évaporé sans suite dans la nature en sachant cette pierre précieuse se pèse et se commercialise en carat, unité de mesure qui représente les sous-multiples du gramme, précisément (1 carat = 0.20g).Il convient de rappeler que suivant les règles, dans le cas de saisi frauduleux de cette nature, le principe voudrait que le produit saisi soit confisqué au profit de l’Etat. Dans cette hypothèse, nous n’avions même plus besoin de tendre la main de mendiant comme il plaisait beaucoup à quelqu’un bien connu de dire, pour financer nos fameuses élections pendant cette période-là ; ce qui aurait exempté le pays des dictats de l’extérieur. La main qui donne étant toujours au-dessus de celle qui reçoit.Mais il n’y pas plus esclave qu’un homme ‘’libre’’ qui demande à être mis sous tutelle.

On a vue dans ce pays des gens qui en six(6) mois de fonction ministériel se sont matériellement nantis à tel enseigne que cela a pu forcer le respect du voisinage. Et allez gratter derrière les grands immeubles qui poussent aujourd’hui comme des champignons dans la ville de Bangui avecdes chantiersqui sont exemptés de panneaux indiquant les noms des maîtres de ces fameux ouvrages, on se rendra vite compte du niveau du détournement de nos deniers publics.Certains maîtres d’ouvrage se montrent plus discrets et qui vont réaliser leurs constructions en province. Vous en trouverez à Boali, à Bouca, sur l’axe Bangui-Mbaïki et j’en passe,  pour ne pas parler des courses effrénés de ces mêmes dignitaires à s’offrir des maisons ou des appartements en France et/ou ailleurs.C’est ce qui justifie le fait qu’il ne se passe de jour sans scandale financier en Centrafrique, à tel enseigne que ces pratiques ont fini par ne déranger personne. C’est quand  un ministre gère son département avec orthodoxie que cela pose problème. Il suffit de suivre les faits divers pour se rendre compte de la compétition effrénée entres les ministres aujourd’hui à s’enrichir. Les fonds mis à la disposition de leur département sont systématique détournés et même quand des sonnettes d’alarmes sont tirés par des donneurs d’alertes, leurs patrons qui s’est inscrit dans le même état d’esprit, ne dit rien, ne prend aucune mesure. Cela équivaut à dire : « Silence nous préparons notre retraite, attendez votre tour ». L’intellect nation comprend et accepte parfaitement cette logique (avantage du métier) pense-t-on  ou dit-t-on.

La RCA est en idylle chronique avec le non-respect de la loi et la pratique de l’injustice, qu’il est fort à craindre qu’elle ne soit plus capable de retrouver le bon chemin. Les fossoyeurs de la nation légaux comme illégaux sont choyés et félicités avec la bénédiction de la population. Alors pour quelle raison devrait-elle espérer voir les bourreaux comme : A. Darassa, Alkatim, Nourédine Adam ou je ne sais quel autre seigneur de guerre, répondre de leurs atrocités devant la nation puisque d’autres personnes, légitimement intronisées font la même chose sous une autre forme.

Si on met côte à côte les corps sans vie de deux femmes : l’une tombée sous une balle de kalachnikov et l’autre morte des suites d’un accouchement difficile parce que l’hôpital n’a pu lui être d’un grand secours,il n’y a aucune différence entre ces deux cadavres.  La première peut être la victime d’un certain Sidiki et l’autre, celle  de l’hôpital communautaire tel qu’il est géré aujourd’hui. Le résultat est pareil pour l’une comme pour l’autre : elles ont quitté ce monde, un point, un trait. Il s’agit d’un fonctionnement calamiteux d’un pays qui se désagrège.

Mais on ne peut pas critiquer nos dirigeants sans nous critiquer nous-même comme société du milieu de laquelle sont sortis ces dirigeants. En fin de compte, le comportement de ces derniers est intrinsèquement lié aux nôtres. Chaque Centrafricain, lorsqu’il a à gérer un bien public ou privé, n’a qu’une idée en tête, en tirer un max de profit de sa mission. Dans le langage populaire, nous le qualifions  de « l’avantage du métier ». Nos dirigeants ne font donc pas autre chose que ce que nous faisons nous même dans la pratique de tous les jours. D’ailleurs comme électeur nous ne pensons qu’à la pratique du « fa mapa ». Notre bulletin de vote n’est jamais choisi à cause de la profession de foi du candidat, mais uniquement parce que ce dernier a distribué quelques billets de banque ou des gadgets électoraux ou, tout simplement parce que c’est un parent, une personne de notre tribu, de notre région point final. Ces genres de critères n’ont rien à voir avec les principes électoraux en république. Un électeur responsable choisit un candidat à cause de son programme de société ou de gouvernement.

A propos de programme de gouvernement : Peut-on dire que le candidat Patassé avait été voté en 1993 parce qu’il avait un meilleurs programme de gouvernement que tous ces challengers et plus particulièrement celui de feu Abel Goumba, au deuxième tour des scrutins ? A mon humble avis et au vue de la profession de foi du candidat Patassé et le programme commun de gouvernement élaboré par l’ensemble des partis, membres de la CFD à l’époque, la réponse est NON.

Ce que l’électeur lambda a retenu du programme de  Patassé lors de ces élections,  c’est l’annulation de l’impôt de capitation qui tient beaucoup de la démagogie que d’autre chose, car un président de la république qui apprend à ses concitoyens de se soustraire de l’effort national pour soutenir le développement du pays doit retourner à l’école de la république pour apprendre à connaître les moyens que peut se donner l’Etat pour répondre au besoin de toute la nation.

Quant au candidat Faustin A. Touadéra, qui peut aujourd’hui dire qu’il a vu ou a lu le programme sur lequel ce dernier a été élu. C’est finalement  sur l’unique point qui concerne le paiement des salaires des fonctionnaires à terme échu dont l’ancien premier ministre de Bozizé en tirait un  orgueil personnel,  qu’il a été élu. Seulement, un gouvernement qui paye les dus d’une vingtaine de mille agents de l’état sur une population active d’environ un million huit cent mille individus, ce qui représentent à peine 1, 4% de cette tranche de la population, et pratiquement 0.45%, c’est-à-dire même pas 1%  de la population entière du pays,  peut-il vraiment se vanter de faire des prouesses. Il faut être titulaire d’un Master II en inconscience pour adhérer à un tel programme. On peut dire que de ce côté, que le professeur Touadéra tient parole parce qu’il laisse le pays se faire massacrer à tout bout de champ mais, fait remue ciel et terre pour verser les salaires de nos fameux fonctionnaires.

Il faut donc être de mauvaise foi pour ne pas reconnaitre que Patassé et Touadéra ont tenu paroles car,l’impôt de capitation n’existe plus depuis le règne du premier et les salaires des fonctionnaires semblent être payés à termes échus avec le deuxième.Seulement il faut se souvenir que c’était sous les concerts de casserole traduisant un mécontentement populaire que Patassé a perdu le pouvoir et Touadéra sans aucun doute,quittera le pouvoir en laissant le pays dans un état plus lamentable qu’il ne l’avait trouvé au début de son mandat parce qu’il n’avait aucun programme pour amener le pays à aller de l’avant. Ceux qui en avaient en arrivant aux affaires, transforment effectivement leur pays, Paul Kagamé est en train de le prouver au Rwanda.

Seulement,  on ne saurait imputer l’entièreté de la déstructuration du pays à nos dirigeants, mais surtout et avant tout à nous même centrafricain qui avons été  plus que complaisant vis-à-vis de la médiocrité.

Tout le monde se souvient du règne du président Patassé. Le malaise social qui a fait le lit aux troubles politico-militaires récurrentes, l’entrée des banyamulenges avec son lot de désastre, les concerts de casserole et l’entrée des libérateurs salués avec faste ; ce qui laissait penser un rejet du pouvoir MLPC du président Patassé. Lorsque les élections ont été organisé en 2005, c’est-à-dire à peine deux ans après la chute de ce dernier, le MLPC est arrivé en deuxième position ce qui pousse à s’interroger  sur les vrais raisons qui ont pousser à chasser le président Patassé du pouvoir en 2003, même si c’était une autre personne  qui portait le programme politique de ce parti à ces élections, il convient de relever que ce dernier n’était autre que le premier ministre de Patassé balayé en même que lui lors du renversement de ce dernier avec l’entrée des ‘’libérateurs’’. Il faut être un peuple hautement versatile pour agir de cette manière.  Rappelons par ailleurs qu’à l’occasion du dialogue inclusif de 2008, Patassé devrait rentrer au pays pour participer à cette assise qui, somme toute s’est avérée inutile, puisque les problèmes du pays n’ont pas été réglés au contraire. Personne ne s’est indigné pour le principe, même pas les femmes qui ont souffert des actions des banyamulenges. Patassé avait été accueilli en grand patriote et quand il s’est présenté aux élections de 2011, il a manqué de peu, de remporter ces élections puisqu’il était arrivé en deuxième position. « A peuple insensé la souffrance est remède ».

François Bozizé, président à l’époque qui avait organisé l’arrivée de Patassé à ce dialogue inclusif créait volontairement ce précédent, espérant que s’il devrait tomber dans le même cas, souhaiterait bénéficier de la même indulgence et il a eu raison. Puisque nous observons aujourd’hui que Bozizé est accueilli  avec allégresse comme un héros national alors qu’il a laissé tomber le pays comme une vieille chaussette, le livrant au grand vandalisme et aux massacres sans pareille qui ne finit d’ailleurs pas et même loin de finir.  Que penser du peuple centrafricain. Il est vraiment difficile de trouver un qualificatif pour un tel comportement. Est-ce de l’amnésie, de l’inconscience ou de la stupidité, peut-être même tout ça à la fois.A chacun de tirer sa propre conclusion.

Dans son propre plaidoyer en sa faveur, F. Bozizé rappelle les dispositifs constitutionnels qui stipulent que nul ne peut contraindre un citoyen à l’exile ; OK. Faudrait-il qu’il lui soit rappelé qu’il n’avait demandé l’avis de personne quand il s’est barré incognito par la sortie Sud de Bangui en mars 2013. Même que militairement parlant, cette fuite, pour le militaire qu’il est, ne pouvait être qualifiée autrement que comme désertion en temps de guerre ; ce qui ne pouvait qu’être puni que par le peloton d’exécution dans une république qui fonctionne correctement. Encore faille-t-il qu’il y ait une république.

Sur le plan constitutionnel lié à ses responsabilités de Chef de l’Etat, cette fuite équivalait dans le cas d’extrême indulgence  à une démission non acté, mais la vraie qualification qui sied à un tel acte, c’est de la haute trahison. Pourquoi c’est Bozizé qui se plaint d’être contraint à l’exile ?

Comparativement à l’empereur déchu Bokassa Ier qui, en choisissant de rentrer 1986, savait ce qui l’attendait à son retour au pays puisqu’il était sous le coup d’une condamnation par contumace. Le président Kolingba, paix aujourd’hui à son âme, avait agi avec droiture laissant l’ancien monarque se faire rejuger tout en étant correctement défendu. Bokassa en fin de compte avait lavé son honneur mis à bas et par la même occasion  a payé sa dette envers la nation avant de quitter ce monde. C’est d’ailleurs ici l’occasion de rendre un hommage mérité à l’ancien  Président  André Kolingba qui a utilisé dans un sens républicain, ses prorogatifs pour amnistier son illustre prisonnier. Il n’y a aucun mal à reconnaître une action fait dans le bon sens, action qui somme toute, a fait la fierté de la  RCA d’avoir été capable d’organiser un jugement équitable au niveau national à un ancien chef d’Etat. Le même hommage devrait être rendu à l’empereur Bokassa lui-même d’avoir, comme un vrai officier général, fait face à ses responsabilités.Que la terre de ces ancêtres lui soit légère là où il se repose.

Ce qu’il faut vraiment retenir dans cette analyse, ce que la République Centrafricaine pense fonctionner comme une république, mais elle fonctionne concrètement à l’antipode du système choisi ou cru avoir choisi.

Tant qu’elle continuera à :

  • Flirter avec fierté avec cette médiocratie mettant en avant des bras cassés et des indélicats pour des raisons de népotisme ou d’autres natures non recommandables dans les structures de gestion du pays ;
  • Cautionner les immoralités publiques, faisant des voleurs et détourneurs de deniers publics des références d’admiration ;
  • Encourager les primes à l’impunité en ce sens que, ce sont les tueurs, les violeurs et les brigands qui sont choyés, l’octroi d’une pension aux anciens chefs d’Etat non méritant tenant aussi de cela ;
  • Violer sans vergogne et presque constamment la constitution (en sachant qu’aucune constitution de la RCA n’a échappé à cette maladie depuis celle de 1981 jusqu’à celle en cours) ;
  • Cautionner l’injustice sociale et l’injustice tout court, qui contribue à inciter les citoyens désabusés et sans défense à l’esprit de vouloir se faire justice eux-mêmes etc…

Pour ne citer que ces points là car, il n’y pas de papyrus assez long pour contenir la liste de nos incivilités nationales.Tous ces forfaits ne peuvent que creuser un peu plus profondément et un peu plus largement la fosse, pour l’enlisement du pays. A bon entendeur, Salut.

Bangui le 07 mars 2020

Le Président

Philippe MAKOUNDJI

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici