La crise centrafricaine ou l’irresponsabilité de l’élite dirigeante actuelle

0
307

Pour sa toute première visite à une opération de restauration ou de maintien de la paix, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres a choisi la RCA de Faustin Archange Touadera. Un choix du Portugais dont une des raisons serait de remonter le moral aux casques bleus, particulièrement vomis par les populations.

L’autre raison, très liée à cette première, étant par ailleurs qu’Antonio Guterres, voudrait aussi mettre l’occasion à profiter pour marquer la solidarité internationale à l’endroit d’une Centrafrique qui, en dépit des élections qui s’y sont tenues il y a environ deux ans, peine à renouer avec la tranquillité. Dans cette optique, le patron de l’instance internationale devrait d’ailleurs annoncer un renfort de 900 nouveaux casques bleus. Mais à l’évidence, ce ne sera pas là la solution.

Parce qu’en réalité, ces mécanismes de pacification des pays africains, sous l’égide de l’ONU, n’ont que très rarement fonctionné. En cela, la RCA ne fait pas exception.

Ressentiment légitime

Pour autant, si l’on part du principe que la Mission onusienne en Centrafrique-avec 10.000 hommes et déployée depuis le 15 septembre 2014-a vocation à protéger les civils et à promouvoir et protéger les droits de l’homme, on comprendrait le ressentiment des populations à son égard. En effet, en dépit de ce déploiement, des villes comme Bangassou, Bria, Bambari ou Bossangoa ont continué à enregistrer des violences parmi les plus inouïes.

Désertées par l’Etat centrafricain et redoutées par les casques bleus, ces villes sont souvent livrées à la merci des milices qui pullulent dans le pays au gré des dissidences au sein des différentes factions rebelles. Ainsi donc, la présence des soldats de l’ONU n’a apporté aucun répit au martyr que vit la population.

Chassés de leurs demeures, violés dans leur chair et dépossédés de leurs maigres biens, les Centrafricains ne ressentent aucun avantage se rapportant à la présence sur leur sol de la Minusca. Pis, quelques casques bleus, poussant le paradoxe à l’excès, auraient abusé d’enfants qu’ils sont censés protéger. Ainsi donc, la colère des populations centrafricaines parait légitime.

L’irresponsabilité notoire

Cependant, il n’y pas que l’ONU qui soit en cause. Une nouvelle fois, c’est surtout de l’irresponsabilité notoire de l’élite dirigeante du continent africain dont il est question. Un continent dont l’écrasante majorité des Etats membres, revendique près d’une soixantaine d’années d’indépendance. Mais un continent qui continue à sous-traiter sa propre sécurité. Ainsi, outre la Centrafrique, des soldats de l’ONU, il y en a au Mali et en RDC notamment. 

Mais forces est de reconnaître que la situation dans ces deux autres pays n’est guère plus reluisante. A des degrés divers, les trois pays font tous face au défi de la sécurité et du retour à la quiétude. Sans cesse engluée dans un déficit chronique de ressources financières, l’Afrique tend la main même quand il est question d’envoyer ses propres enfants. En cela, l’illustration la plus parfaite, c’est bien l’accouchement laborieux de la force sous-régionale du G5 Sahel.

A cette effarante naïveté qui revient à confier sa propre sécurité à un potentiel agresseur, vient s’ajouter une tendance plutôt marquée chez les élites du continent à se faire la guerre. Surtout quand le pouvoir est en jeu. Autrement, dans un pays au passif si lourd et au retard si abyssal que la RCA, il n’y aurait aucune raison de s’écharper comme c’est le cas aujourd’hui.

Au lieu de recourir à la logique du chaos et de l’autodestruction, les uns et les autres emploieraient plus utilement leurs énergies et intelligences au service de la lutte contre la pauvreté de leur pays et de la misère de leurs compatriotes. Hélas! En Afrique, autour du pouvoir et des richesses auxquelles il donne accès, les frères se font la guerre pour ainsi offrir au monde entier le spectacle dont il a besoin. Et c’est ainsi que la sinistre réputation de l’Afrique risée du monde continue à être entretenue.

 Boubacar Sanso Barry[vimeo url= »video_url » width= »560″ height= »315″]Ok

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici