Km5 : Touadéra évite d’emprunter l’Avenue B. Boganda pour se rendre à Fatima

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Incroyable mais vrai, le président de la République a soigneusement évité, le vendredi dernier à 17 heures, avec toute sa suite, d’emprunter l’avenue B. Boganda pour se rendre à l’église catholique de Fatima.

Une si bien triste vérité qui pose indubitablement la problématique de sa capacité réelle à assumer ses obligations constitutionnelles, en tant que celui – là qui a été démocratiquement et massivement élu par le peuple centrafricain pour gérer sa destinée.

Ce jour – là, en effet,  après avoir célébré dans la matinée, sur l’Avenue des Martyrs,  la troisième et dernière journée décrétée par le gouvernement  à la mémoire des victimes des derniers évènements, le mathématicien de Boy – Rabé, à la demande de ses  conseillers en communication, a décidé d’aller à la rencontre des populations des 5ème , 3ème et 6ème arrondissements, meurtries, éplorées et abandonnées à elles – mêmes, suite à l’attaque de l’église de Fatima, le 1er mai 2018, ayant abouti à l’assassinat de plusieurs personnes dont l’abbé Toungoumalé Baba et ayant fait plus de 200 blessés et plus de 5.000 familles déplacées. Pour les écouter, leur apporter du réconfort et les rassurer de sa détermination à sécuriser le pays.

Mais, alors que cette descente sur le terrain s’est bien passée dans le 5ème arrondissement où il a échangé avec le contingent rwandais, qu’elle a été cependant un peu perturbée dans le 3ème, lors de sa rencontre avec le député Tago, où il a commencé à être agressé verbalement par la population,  la situation s’est sérieusement et brutalement  bien dégradée dans le 6ème arrondissement. Comme si la population de cette localité s’était bien informée pour la circonstance et s’était effectivement préparée en conséquence, à peine arrivé, le chef de l’Etat a été vivement et chaleureusement  hué, insulté et injurié. Pis, des jets de sachets d’eau et de cailloux  ont tellement fusé de toutes parts en destination de ses gardes de corps que ces derniers dépassés par le degré d’agressivité ont été obligés de précipiter son départ en le faisant engouffrer dans son véhicule de commandement,  sans qu’il n’y eût délivré son message. Il rejoindra ainsi dans la précipitation le Palais de la Renaissance, vers 18 heures,  en passant par Pétévo où la population semblait moins houleuse, moins électrique et plus ou moins accueillant.

Ainsi donc, comme il a été annoncé un peu plus haut dans le titre, pour se rendre à l’église de Fatima, Touadéra et sa suite ont soigneusement évité d’emprunter l’Avenue B. Boganda qui est pourtant la voie la plus courte. Comme s’ils avaient peur de leur sécurité, la voie étant barricadées depuis les derniers évènements de cette partie de la capitale, ils sont, d’abord,  au grand étonnement des populations riveraines, passés  par des bretelles régulièrement empruntées par le petit peuple qui a peur des mercenaires et des terroristes du Km5, ont  ensuite pris la piste longeant le Camp de la Minusca, et ont finalement  traversé le pont qui donne accès au quartier Kpéténé pour atteindre Fatima où ils seront chaleureusement mais très agressivement accueillis par les populations locales auxquelles ils n’ont jamais rendu visite au temps chaud  et pour lesquels ils n’ont rien fait pour leur garantir leur sécurité et leur droit naturel et constitutionnel à la liberté d’aller et venir.

De ce qui précède, selon des informations dignes de foi en notre possession, les observateurs les plus avertis de la vie politique centrafricaine et l’opinion publique nationale retiennent une seule chose : ou bien le président Touadéra, démocratiquement et massivement élu par le peuple centrafricain, ignore tout de ses obligations constitutionnelles ou bien il constitue tout simplement l’un des maillons de la chaîne du grand complot qui est en train d’ébranler l’âme de la République et vider le peuple centrafricain de tout son sang, depuis l’attaque de la ville de Ndélé, le 12 décembre 2012.

Cela ne saurait en être autrement tant ses fonctions présidentielles lui recommandent de défendre l’intégrité du territoire national, d’assurer la protection des biens et des personnes et de veiller à la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat ; ce qui signifie en français facile qu’il a l’impérieuse obligation de sécuriser le pays et le peuple centrafricain, comme le fait par instinct la mère – poule dans la basse – cour. Or, en deux ans de gestion des affaires de la cité, il n’ a rien pu faire et a même trop laissé faire dans ce domaine. Des deux préfectures qui étaient menacées par les bandes armées et les seigneurs de guerre, nous en sommes aujourd’hui arrivés à 14 où ils sévissent, tuent, volent, violent, incendient des villages et greniers, détruisent des biens publics et privés, érigent des barrières, lèvent l’impôt, rackettent de paisibles populations et les contraignent à des déplacements.

Au Km5, poumon économique de la capitale, Bangui, ceux – ci ont réussi à mettre en place une légion qui y  a pris en otage la population et les gros opérateurs économiques. Une légion qui n’hésite pas à tuer pour faire entendre parler d’elle et régner. C’est ce qui s’est passé le 1er mai 2018 où elle s’est attaquée à l’église de Fatima et où elle a déjà fait ériger des barricades, suite à l’échec de l’opération dénommée Soukoula.

Par conséquent,  en prenant la décision de se rendre à l’église de Fatima, le président Touadéra ne pouvait qu’y voir une opportunité pour faire lever ses barrières qui causent de troubles à l’ordre public et en finir avec ses bandits ; ce qui revient à dire qu’il devait impérativement emprunter cette avenue, au nom du peuple centrafricain et en sa qualité de garant de l’ordre public et de la sûreté nationale, après avoir préalablement fait dégager, la veille  par  la force, la voie publique. Malheureusement, il ne l’a pas fait. Il a préféré faire comme tout le monde qui a peur d’emprunter cette voie. Il est passé, lui le président de la République, chef suprême des armées, et toute sa suite, encadrés  par  plus d’une vingtaine de véhicules blindés et des éléments de sa garde rapprochée lourdement armés, par des bretelles et des pistes pleines de nids de poule.

Ce faisant, il n’a pas agi  comme une mère – poule qui n’a jamais été à l’école mais qui par instinct sait protéger ses poussins des prédateurs. Il a tout simplement décidé de fuir pour se protéger d’une éventuelle attaque. Ce que n’aurait jamais fait B. Boganda qui, en son temps, s’était fait prisonnier avec son épouse et sa fille, à Mbaïki dans la Lobaye, pour dénoncer l’arrestation arbitraire du chef de village, connu sous le nom de Nzilakéma. Ce que n’aurait jamais fait un certain Jean – Bedel Bokassa dont les 14 années de règne ont été marquées par la terreur. Ce que n’aurait jamais fait un certain David Dacko, jugé à l’époque trop peureux, mais qui, sous pression des leaders politiques dont un certain Ange Félix Patassé, avait eu le courage, pour ne pas être responsable de la mort des centrafricains, de confier la gestion des affaires de la cité au général d’armée, André Kolingba qui finira par faire restaurer l’autorité de l’Etat, allant jusqu’à ordonner à l’armée d’incendier  la ville de Markounda. Ce que n’aurait jamais fait un certain Ange Félix Patassé qui n’avait pas hésité à demander et à faire engager l’armée française par Jacques Chirac afin de mater la mutinerie de l’armée sous le commandement d’un certain Cyriaque Souké.

 Cela ne saurait en être autrement s’il n’était pas complice de ces bandes armées ou s’il n’avait pas été imposé à la tête de ce pays pour permettre aux conspirateurs de cette crise centrafricaine de sévir et continuer à ingurgiter délicieusement le sang des centrafricains.

 Jean – Paul Naïba

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