Khartoum : Discours des Patriotes Antibalaka conçu par le Coordonnateur Édouard Ngaissona

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Distinguées personnalités ;
Mesdames et Messieurs en vos rangs, grades, et qualités,
Centrafricaines, Centrafricains ;
Chers compatriotes participants au Dialogue ;
En cette occasion mémorable pour l’avenir de la République Centrafricaine, je voudrais rendre infiniment grâce au Fondateur Suprême de l’Univers pour m’avoir permis d’être à la fois témoin et acteur d’une ultime rencontre qui va, j’ose le croire, changer la destinée de tout un peuple qui n’a que trop souffert.
Permettez à l’entame de cette intervention que je puisse me faire un pieux devoir, celui de m’incliner devant la mémoire des victimes civiles et militaires tant centrafricaines qu’étrangères de cette crise qui a secoué et secoue encore notre Pays.
Qu’il me soit permis, à cet égard, de m’incliner devant la mémoire des serviteurs de Dieu aussi bien chrétiens que musulmans qui nous ont quittés, par le fait de la guerre, avec sans doute au fond du cœur un profond désir et un indéfectible attachement à la paix sociale et à la réconciliation nationale.
C’est avec une volonté renouvelée que je prends part à cette assise dans l’espoir de poser avec vous les fondements du retour à la paix, à la sécurité et à la stabilité sans lesquelles aucun développement n’est possible.
Je tiens à remercier l’Union Africaine, qui, à travers son panel des facilitateurs, a mis les bouchées doubles pour que cette rencontre soit effective malgré de nombreux obstacles.
Mes remerciements vont également au gouvernement de la République pour avoir accepté d’accueillir ces pourparlers de la dernière chance nous permettant de renouer avec l’heureuse tradition de se parler, de s’écouter, de s’estimer, de s’aimer et surtout de se rendre à l’évidence que ce qui nous unit est en réalité plus précieux que ce qui paraît nous diviser.
Je remercie les figures religieuses pour leur attachement et leur engagement au quotidien pour la paix, la réconciliation et l’harmonie sociale.
J’admire et salue la société civile pour son combat au service de l’intérêt général.
Distingués invités, Mes Chers Compatriotes,
Mieux vaut vous dire tout de suite que je ne suis pas ici pour caresser dans le sens du poil, ni pour flatter qui que ce soit. Je suis ici pour vous parler avec un cœur ouvert et proposer des pistes de solutions en adéquation avec le sentiment et les attentes du peuple meurtri, au nom duquel, d’aucuns prétendent parler avec démagogie sans connaître réellement quelles sont ses préoccupations réelles.
Mais avant tout, il me semble indispensable de faire un tour d’horizon rapide sur les faits ayant conduit à la naissance du Mouvement Anti-Balaka.
Comme vous le savez, après s’être emparé du pouvoir, l’ex-coalition Séléka ne s’est pas privée de rétribuer sa conquête du pouvoir en pillant systématiquement les maisons et les commerces et en commettant des abus avec la plus effroyable expression de l’inhumanité, de la bestialité contre les populations civiles innocentes et sans défense.
Alors même qu’étant au pouvoir, les nouvelles autorités étaient censées protéger et assurer la sécurité et la libre circulation des personnes et des biens, rompre avec les pratiques ayant motivé l’insurrection et enfin jeter les bases de la refondation d’une nouvelle République Centrafricaine.
De l’immense étendue indicible des violences et des innombrables exactions à répétition dirigées contre la population civile, est né un sentiment de révolte qui a poussé les jeunes patriotes à se mobiliser au sein du Mouvement Anti-Balaka.
La motivation, l’objectif dudit Mouvement n’ont jamais été de s’en prendre à une communauté donnée, ni de prendre le pouvoir par la force, mais plutôt de stopper la dérive et les abus des éléments incontrôlés dont les chefs n’arrivaient plus à maîtriser des pulsions destructrices et morbides.
Comme dans toute organisation humaine, il y a toujours des brebis galeuses qui, de l’intérieur comme de l’extérieur ont posé des actes regrettables qui ont immanquablement porté un coup à la grandeur et à la valeur des actes de bravoure dont les jeunes patriotes ont fait montre en poussant à la porte le Chef de la junte. Je persiste et signe que l’insurrection des Anti-Balaka reste un acte de bravoure, un acte patriotique à inscrire dans les annales de la RCA.
C’est ici le lieu de saluer la sagesse et le sens de responsabilité ayant présidé à la décision de quitter le pouvoir au nom de l’intérêt supérieur de la République.
Ce faisant, je tiens à demander, non pas par hypocrisie, mais avec sincérité, pardon au peuple centrafricain, aux familles des victimes et à toutes les personnes qui ont pu souffrir directement ou indirectement, d’une manière ou d’une autre, des actes que les Anti-Balaka ont commis.
S’emparer du pouvoir, n’était pas le but visé par le Mouvement Anti-Balaka, disais-je, car, le cours des événements à la suite de la démission du Chef de la junte parle de lui-même.
Le Mouvement n’a pas attendu l’Accord sur le DDRR, signé en marge du Forum de Bangui, le 10 mai 2015, pour prendre la courageuse et historique décision de renoncer à la lutte armée au profil de la lutte politique, tel que c’est stipulé dans ledit Accord.
Déjà en novembre 2014, la grande famille du Mouvement avait décidé de le transformer en parti politique pour participer à l’œuvre de reconstruction et de relèvement national.
D’où la création du Parti Centrafricain pour le Développement (PCUD), qui se veut un Parti multiculturel avec un ancrage national. Il suffit de voir le Profil des cadres, des dirigeants et des militants pour se rendre effectivement compte de son caractère véritablement national.
J’invite très chaleureusement mes frères et sœurs des autres groupes armés de nous emboiter le pas dès la fin de la présente assise.
Je dois souligner qu’il a fallu du temps et de la patience pour que le PCUD soit juridiquement né comme Parti politique. D’abord parce que certains esprits malveillants du Ministère de l’Administration du Territoire du temps de la Transition ont essayé de nous bloquer, ensuite notre deuxième obstacle fut l’annulation fantaisiste par la Cour Constitutionnelle de Transition de notre candidature au scrutin présidentiel et par le Tribunal administratif honteusement dictée par le Président du Conseil d’Etat et celle aux législatives dont les prétextes pour la justifier furent fallacieux et absurdes.
Ayant compris que c’était l’œuvre d’une part, de ceux qui voulaient nous pousser dans la rue pour y trouver une raison explicative au report des élections pour ainsi prolonger la Transition criblée de scandales financiers, et d’autre part, de nos détracteurs qui avaient une peur au ventre de nous voir sur le même terrain de la bataille électorale, nous nous sommes abstenus de réagir comme il fallait, et ce, au nom de la paix.
Malgré ces manœuvres des agents du mal, nous avons présenté aux élections législatives, des candidats sous la bannière des indépendants liés au Parti par un protocole d’accord politique : résultat, 9 députés élus à la sixième législature en cours de mandat.
Mes frères des autres groupes armés, de leur côté, avaient aussi laissé le processus électoral se dérouler normalement sans empêcher un seul candidat de battre campagne en dépit de quelques soubresauts vite maîtrisés.
Tout cela explique combien les groupes armés étaient inspirés par l’amour du pays et animés par la volonté de voir le pays retrouver la voie de la restauration de ses institutions et de la stabilité.
Ce sont là des preuves de bonne volonté que, seule une personne de mauvaise foi et malsaine d’esprit ne saurait saluer à sa juste valeur.
Distinguées personnalités, Chers compatriotes ;
J’ai l’audace de croire que nous sommes réunis ici avec la même volonté autour d’un idéal commun et d’une vision partagée pour mener des réflexions saines sur toute la panoplie des problèmes qui gangrènent notre pays depuis des lustres.
La crise persistante que vit notre pays est la volonté de ceux qui ont fait de la politique une carrière professionnelle lucrative et que la vieille classe politique est atteinte de cette maladie appelée amnésie, qui la rend incapable de tirer les leçons du passé pour avancer. Elle n’est donc pas en mesure de contribuer efficacement au développement du pays, parce que cupide, égocentrique, rentière et frappée d’amnésie historique.
Elle est réputées pour ses manœuvres machiavéliques et sa culture de créer ou d’instrumentaliser des troubles à des fins égoïstes. Certains se comportent aujourd’hui comme s’ils ont remporté une grande guerre alors qu’ils ont juste remporté des élections grâce au soutien du peuple centrafricain vite oublié. Les Anti-Balaka ont d’ailleurs massivement participé à cette victoire pour se voir aujourd’hui marginaliser et frapper d’ostracisme sans compter les lourdes peines qui pénalisent ses membres alors que les vraies criminelles courent toujours et en toute impunité.
Le peuple, qui est la seule et l’unique victime des malices des lions dévorant la peau d’agneau tapis dans la taverne d’une opposition creuse et sans vision, soutenue à tort par certains carnassiers d’ici et d’ailleurs, en a assez des souffrances. Je ne m’empêcherai pas à mon tour d’accuser certains acteurs politiques qui se cachent le visage avec un doigt de la main d’être des intrigants, des manipulateurs, des haineux et des revanchards toujours prêts à fomenter des campagnes de déstabilisation à leur seul profit. Ceci est du pur machiavélisme.
Je dois vous dire la vérité ! Les hommes politiques centrafricains que vous voyez sont responsables à des degrés divers des crises à répétition de notre pays et de la tragédie de notre peuple aujourd’hui victime de massacres impunis.
Les rébellions armées ont toujours eu des « cerveaux politiques » identifiés et on en voudrait pour preuve indubitable que le soutien politique apporté par certains hommes politiques à la prise de pouvoir violente et sanglante par la coalition Séléka. Qui pourrait dire le contraire aujourd’hui ?
Ils n’hésitaient d’ailleurs pas à justifier l’injustifiable en clamant que « pour faire des omelettes, il faut casser les œufs »… La collusion politique est ici manifeste et cynique. Jugez-en !
Dans ces conditions, je ne comprends pas l’acharnement politique et moral contre les groupes armés dont certains ont posé un acte de bravoure pour venir au secours du peuple centrafricain trahi. Et à cette époque, on ne voyait pas une seule mouche, pas même les hommes politiques et les militaires traqués pour leur appartenance aux FACA. C’était en effet, une véritable purge et une véritable « chasse aux sorcières ». Les hommes politiques faisaient allégeance ou se cachaient. Triste vérité !
Dans ces conditions historiques, peut-on valablement poursuivre les groupes armés et leurs Chefs sans poursuivre les hommes politiques en embuscade et qui continuent d’ailleurs de tirer les ficelles en coulisse ? Disons-nous la vérité, la justice pour être réparatrices doit-être juste, impartiale et au-dessus du soupçon. La justice des vainqueurs est injuste parce qu’il n’y a pas de vainqueurs ni de vaincus. C’est pourquoi la question de la Réconciliation nationale reste une question centrale, sensible. Sa résolution dépend et dépendra de la sagesse et de l’intelligence de tous les acteurs politiques sans discrimination. Il ne faut surtout pas soustraire les hommes politiques véreux, opportunistes et pouvoiristes à la rigueur implacable de la justice des hommes en attendant celle de Dieu. Tout le monde doit être égal devant la Loi.
C’est pourquoi aussi, je vous exhorte tous à la retenue, à la tolérance et au sens du compromis. Mais la crédibilité de la classe politique centrafricaine est largement entamée.
Je le répète, l’image et la crédibilité de la classe politique, accusée à raison d’être responsable de la tragédie national, sont durablement entamées et souillées.
Dans les affres de la guerre, les hommes politiques ne trouvent de force que pour se cacher et pour instrumentaliser et n’agissent que pour détruire au lieu de construire. Je tenais à marteler cette vérité.
Le peuple va désormais séparer le bon grain de l’ivraie. Le bon grain, arrosé par tant de larmes et de sang du peuple, va germer, grandir, croître et devenir un arbre gigantesque qui, sous ses rameaux protecteurs, ses ombrages tutélaires va abriter les Centrafricains du Sud, du Nord, de l’Est, de l’Ouest, du Centre et différentes communautés ethno-religieuses.
D’aucuns ont rejeté purement et simplement l’opportunité du présent dialogue prétextant qu’il s’agirait d’un dialogue sans objet ni objectif. C’est une marque totale de vision politique.
En faux prophètes ils ont prédit même son échec en se basant sur les exemples antérieurs.
L’abandon, le découragement et le manque de foi engendrent l’échec, le gâchis et la honte. Si échec il y a, néanmoins nous n’avons pas battu en retraire. Nous avons persévéré dans les recherches de solutions idoines.
J’invite ceux-là à s’inspirer de l’histoire de Thomas Edison, brillant inventeur de l’ampoule électrique et de la pile électrique. Ce dernier avait compris et mis en exergue la loi de la recherche sans relâche au point d’effectuer pas moins de 6.000 échantillons de végétaux et procéder à plus de 2.000 essais avant de rendre effectif sa célèbre invention.
A la question de savoir : « Qu’est-ce que ça fait d’échouer plus de 2.000 fois avant de réussir à inventer l’ampoule électrique à lui, posée par un journaliste, Edison répondit : « Non, je n’ai pas échoué ; j’ai tout simplement découvert 2.000 méthodes qui ne fonctionnent pas ». De même, il lui a fallu plus de 25.000 essais avant de réussir à fabriquer la première pile électrique.
Donc, que le poids du passé ne nous effraie point ; qu’il nous pousse à tenter de nouvelles méthodes. Ma conviction est qu’après toutes les tentatives passées qui n’étaient pas que des échecs, celle d’aujourd’hui sera certainement la plus riche, la plus fructueuse et la plus durable dans le temps et dans l’espace.
Plus de cinq millions de Centrafricaines et de Centrafricains dont nous engageons la vie et l’avenir ici ont les yeux tournés vers nous.
Ce dialogue est l’occasion de faire notre examen de conscience et d’inculquer aux institutions et aux acteurs politiques, une bonne dose de responsabilité, de donner un nouvel habillage aux projets et une nouvelle cadence à la marche du pays vers sa lumineuse destinée.
Les sujets sur lesquels nous allons délibérer au cours
Cette assise doivent faire l’objet d’une grande préoccupation. Il faut s’’interdire d’avoir du mépris pour quelque point de vue que ce soit. Les débats doivent être contradictoires, apaisés et consensuels. C’est la finalité de ce dialogue qui doit être constructif.
Cette assise est un rendez-vous du donner et du recevoir. Tel ou tel groupe exprimera ses préoccupations, mais comme dans toute négociation, il faudra écouter et surtout accepter de faire des compromis sans lequel les résultats escomptés ne seraient pas atteints. Les seules choses qui ne seront pas négociables sont évidemment l’intégrité et la forme de l’Etat, un, laïc et indivisible et qui doit être respectueux des canons de la démocratie, des principes de paix, de liberté, de justice sociale et de bonne gouvernance.
Depuis le début de cette crise, plus de 10.000 personnes ont perdu la vie, plus d’un million ont dû s’enfuir soit pour se réfugier dans d’autres pays, soit pour se mettre à l’abri dans des camps dits de déplacés internes où ils vivent dans des conditions inhumaines. Un plus grand nombre de nos compatriotes sont privés du droit à la sécurité, à la dignité, à l’habitation décente et aux services sociaux et sanitaires de base. Des centaines de villages et des lieux de prière ont été saccagés. C’est une véritable tragédie humanitaire sans précédent souvent planifiée.
Face à toutes ces vagues d’assauts cruels de destructions et d’effusion de sang, nous ne pouvons pas faire autrement que d’arrêter la vésanie guerrière, sauver la vie de nos compatriotes et donner une chance à notre pays de se relever pour retrouver sa place légitime dans le concert des nations éprises de paix, de stabilité, de liberté, de justice et de bien-être.
Souvenons-nous de toutes ces vies perdues, tuées à coup de balle, de machette, de couteau, d’obus, de flèche, de torture et j’en passe.
Pensons à toutes ces veuves, à ces orphelins, à toutes ces pauvres personnes dont les souffrances sont intenables et insoutenables.
Disons-nous que ce n’est pas en ressassant chaque jour le passé douloureux que nous parviendrons à atténuer les tensions et juguler nos peines. Décidons de laisser au passé ce qui appartient au passé et repartons d’un nouvel élan, car nous sommes unis par un lien que rien ne peut briser, le lien de la vie et de l’espérance vraie.
Mes chers frères et sœurs chrétiens et musulmans ;
Ne permettons pas à ceux qui ne croient en rien, venus d’autres contrées nous dicter leur science sans conscience, nous imposer leurs traditions guerrières et leurs pulsions mortifères, leur intolérance et leur fanatisme.
Réfléchissons, dialoguons et discutons entre frères et sœurs ; prenons conscience de l’importance de la paix et de la réconciliation nationale pour notre pays.
Refusons de nous haïr, chassons les démons de la désunion, fuyons le désir funeste de nuire, la cruauté de la vengeance, la fureur des représailles, la passion de dominer de la tête et des épaules et l’obsession d’exiger l’obéissance au doigt et à l’œil. Tous les livres Saints rejettent énergiquement toutes ces choses qui constituent les germes du mal et de la destruction de l’homme.
En Centrafrique, il n’est aucune famille chrétienne où un membre qui n’ait épousé ou fait des enfants avec un musulman ou une musulmane. L’inverse est également valable. Le mariage entre différents groupes ethno-religieux est une tradition bien connue et souvent citée en exemple au-delà de nos frontières.
Pendant que nous continuons à nous entre-déchirer et à défaut de nous pardonner, de nous réconcilier et de nous unir, les ennemis et les prédateurs se tiendront toujours à l’affût du patrimoine et des ressources du pays qu’ils sont en train de piller dans le cadre d’une économie de guerre.
Au lendemain du dialogue inter-centrafricain tenu en juillet 2014 à Brazzaville, grâce à Son Excellence Denis Sassou NGUESSO, Président de la République du Congo dont les efforts auxquels je tiens à rendre hommage avec un très honorable sentiment furent déterminants et à l’appui diplomatique, politique, technique, matériel et financier du Gouvernement de la République du Congo dont je salue les qualités, le talent et les compétences, les perspectives d’une sortie de crise, s’étaient bien pointées à l’horizon. Mais elles se sont compliquées en raison de la multiplication des groupes armés instrumentalisés par des cerveaux aux agendas cachés. Les derniers faits sanglants le prouvent encore.
Les intérêts géopolitiques des puissances internationales n’ont pas manqué à l’appel dans cette guerre. Et nous craignons que la RCA soit un terrain d’affrontements des puissances occidentales comme cela se profile à l’horizon.
La plupart des contingents de la MINUSCA, dont le mandat est de protéger la population civile, se sont transformés non seulement en bourreaux de cette dernière, en marchands d’armes, de munitions et matériels de guerre, mais aussi en orpailleurs et artisans miniers sous l’œil complice des responsables de la mission onusienne. Une MINUSCA marquée par l’incompétence et le déficit de professionnalisme.
Pour dire toute la vérité, la MINUSCA a une dette morale envers le peuple centrafricain dont elle profite du sang, de la sueur et des larmes. Mais Dieu voit tout. Sous l’eau, sous la terre, dans les firmaments, de la pénombre à l’obscurité la plus totale, Dieu vous voit et il vous jugera pour avoir fait du mal à un peule qui ne demande pas plus que la paix et la sécurité pour travailler, cultiver sa terre, nourrir son bétail, aller à la pêche et à la chasse pour trouver son paix quotidien. La MINUSCA n’est pas toujours efficace et professionnelle, il faut le marteler.
Je sais aussi qu’il y a des contingents qui sont soucieux et accomplissent leur mission : que Dieu bénisse vos pays, enrichisse vos enfants et maintienne vos pays en paix.
Je voudrais remercier la France qui, ayant pris la mesure de la situation et compris vers quel péril courait le Centrafrique, a déployé l’opération Sangaris afin de limiter les dégâts. Mais malheureusement, celle-ci s’est retirée tôt alors que la situation se dégradait dangereusement.
Distinguées personnalités, Mesdames, Messieurs, Mes chers compatriotes ;
Je ne suis pas partisan des formules creuses ni des solutions faciles.
En dépit des problèmes apparemment insolubles, je suis de ceux qui croient fermement et clament haut et fort que les groupes ethno-religieux qui ont toujours vécu en harmonie ont la capacité de se laisser guider, grâce à la providence divine, par la sagesse et la raison qui n’admettent pas en leur sein la logique de vengeance, d’agression, de représailles et d’animosité. C’est la voie de la destruction du vivre ensemble et de la cohésion sociale.
Je reste optimiste que l’Accord qui sortira de cette assise sera un outil pour transformer le conflit en une opportunité de renouvellement et de renforcement de de nos liens, car nous sommes un pays où l’unité et la dignité, deux premiers mots du triptyque républicain, sont avérées depuis toujours.
Les Centrafricains ont vécu des souffrances indescriptibles dans leur chair et aucune belle parole ne pourra y remédier, ils ont leur cœur des années durant. C’est pourquoi, il est urgent de tourner la page de ces tristes événements en enterrant la hache de guerre, car il n’y a pas de guerre sans fin.
Il y a un temps pour la guerre, un temps pour la Paix.
Nous sommes ici pour jouer en quelque sorte la phase finale de la coupe de la paix. Nous devons absolument gagner le trophée et ressusciter cette jolie Yassitoungou qui nous a quittée depuis des années avec tout ce qu’elle a de plus charmant : la paix, la fraternité, l’harmonie, la joie et l’unité.

Distinguées personnalités, Mes Chers compatriotes ;
Le mal qui ruine le Centrafrique est la résultante des mauvaises politiques publiques des régimes qui se sont succédés aux commandes de l’Etat. C’est en cela que certains, se sentant marginalisés, ont pris les armes pour dénoncer l’injustice dont ils sont victimes et réclamer leur droit légitime au mieux-être.
Ce n’était que la partie immergée de l’iceberg cachant un mal général qui n’épargne aucune localité du pays.
En Centrafrique les villes ne se distinguent des villages que par la présence des services déconcentrés de l’Etat. Elles n’ont aucune caractéristique des villes modernes.
Ceci dit, on ne saurait reprocher à un enfant qui a faim de pleurer dans les bottes de ses parents. La meilleure façon de le clamer est de lui donner ce dont il a besoin.
De ce point de vue, il sied de prendre le taureau par les cornes par la prise en compte sérieuse dans les politiques publiques les questions de croissance durable, de partage équitable des richesses nationales et du développement socio-économique.
Il faut s’attaquer aux racines du mal à savoir les inégalités sociales, la pauvreté, l’injustice, la discrimination, le désœuvrement et le chômage, qui constituent à cet égard, un terreau propice à l’enrôlement dans les activités armées et à la violence sans oublier l’extrême concentration des pouvoirs dans la capitale et entre les mains de quelques individus parfois sans expérience.
La porte de sortie de cette guerre existe et nous connaissons assez bien le chemin qui y mène. Ne faisons pas semblant. Les solutions à toutes ces menaces qui pèsent sur la paix sociale et la stabilité ont pour nom : création d’emploi des jeunes, soutien à l’entreprenariat féminin, investissement dans l’éducation, la santé, le logement, l’agro-industrie, l’eau potable, les infrastructures routières, fluviales, ferroviaires et aéroportuaires, et l’édification d’une armée véritablement réconciliée, unifiée, républicaine, dépolitisée et maintenue dans sa fonction régalienne. Cela n’est pas difficile. C’est une question de volonté politique.
On a l’habitude de voir le gouvernement parler chaudement de la paix alors que ses pieds marchent froidement vers les solutions. Il doit changer pour de vrai dans l’action en débloquant le frein à main pour passer du laxisme, mère de l’anarchie à l’action génératrice du mieux-être. C’est à travers l’action qu’on reconnaît l’efficacité d’un gouvernement. Vous aurez compris, les actions, ce n’est pas la tasse de thé de l’actuel gouvernement enfoncé dans le laxisme et l’immobilisme.
Notre pays n’a pas besoin d’un gouvernement de profiteurs, versés dans la mafia, la corruption, le voyoutisme et la perversité, qui passent le clair de leur temps dans leurs bureaux à faire autre chose que le travail pour lequel ils ont été nommés. Le gouvernement s’enlise dans l’affairisme et l’enrichissement illicite. Il ne mérite pas de respect de la République et du peuple centrafricain.
J’entends souvent parler de l’expression : « démocratiquement élu ». Mais quand on est démocratiquement élu, on doit être en mesure de satisfaire les attentes des électeurs. Cela va sans dire que la démocratie doit être l’opportunité pour chacun d’acquérir un certain niveau de vie convenable par le respect des engagements électoraux des dirigeants.
Distinguées personnalités, Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes,
Conscient du fait que la réconciliation est avant tout la responsabilité du peuple centrafricain, il nous appartient d’imaginer un mécanisme propre à nous afin de sortir de ce bourbier. Il est indiqué pour moi de citer Mahatma Gandhi qui disait : « Si l’on pratique œil pour œil, dent pour dent, le monde serait aveugle et édenté ».
C’est pourquoi, j’en appelle au renoncement à la guerre et au pardon général. L’urgence aujourd’hui est à la paix et à la réconciliation. Au lieu de la paix et de la préservation des vies humaines, il est indispensable que les groupes armés s’engagent à l’issue de ce dialogue à :
-Proclamer l’arrêt définitif de la guerre,
-S’abstenir d’entreprendre toute activité de nature à entraver le processus de réconciliation nationale,
-Garantir la protection du patrimoine et des ressources nationales,
-Garantir les droits de la personne humaine, les libertés fondamentales des citoyens, à savoir le droit à la vie et à l’intégrité physique,
-Garantir la liberté de circulation des personnes et des biens licites et la suppression des barrières illégales,
-Garantir aux ONG humanitaires l’accès aux populations sinistrées,
-Assurer un retour à la vie humaine normale des personnes déplacées ou réfugiées dans leur milieu d’origine,
-Participer sans réserve au programme DDRR,
Rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national.
En revanche, j’invite le gouvernement de s’engager à prendre des mesures de garanties politiques et judiciaires en présentant au parlement un projet de loi d’amnistie pour les faits de guerre et insurrectionnels, à l’exception des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
-Le choix d’un nouveau Premier ministre de consensus qui soit un homme d’action, de gestion et de rassemblement opposé au clanisme, au népotisme, au favoritisme et au clientélisme politique.
-La formation d’un gouvernement de consensus, d’action et de réconciliation nationale composé des personnalités désignées par les composantes présentes à ce dialogue sur la base des critères républicains, de compétence, d’expérience, de mérite et d’intégrité morale.
-La Création d’un Ministère spécial ou d’une Commission en charge de l’indemnisation des victimes avec à la clé des chèques de compassion et des bons de prise en charge remis à ceux qui ont perdu leurs proches et leurs biens à titre de réparation des préjudices subis par les personnes civiles.
Je prie l’assistance d’accorder toute l’attention qu’il se doit à ces questions importantes.
Ces mesures d’apaisement ne sauraient être considérées comme une faiblesse ou un blanc seing à continuer dans les errements. Penser de cette manière, on ne rend service à personne encore moins à la paix et à la réconciliation.
J’ose croire que l’issue de nos travaux permettra aux Centrafricains chrétiens, Centrafricains musulmans, étrangers chrétiens, étrangers musulman des 16 préfectures, des 72 sous-préfectures et 8.000 villages de la République Centrafricaine de sortir avec des rameaux en signe de paix, pour aller partager aux uns et aux autres en chantant l’hymne national ; la Renaissance pour célébrer le retour de la paix ;
Tel est mon souhait le plus ardent, tel est aussi le sens du Parti que j’ai crée, un Parti de l’Unité et du Développement.
Soyons en paix, discutons dans la paix, concluons la paix durable pour le développement durable de notre pays.
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine.
Je vous remercie de votre aimable attention et du temps que vous m’avez accordé.

Présenté par le porte parole Bérenger Ludovic Igor Lamaka

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