Justice internationale: le chef de milice darfouri Ali Kushayb transféré à La Haye

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Justice internationale: le chef de milice darfouri Ali Kushayb transféré à La Haye

 

Justice internationale: le chef de milice darfouri Ali Kushayb transféré à La Haye

 

Avec notre correspondante à Bangui Charlotte Cosset RFI

 

Ce mardi matin, en Centrafrique, c’est en toute discrétion qu’a été transféré depuis l’aéroport de Bangui une personnalité recherchée par la Cour pénale internationale depuis 2007. Ali Mohamed Ali Addelraman, mieux connu sous le nom d’Ali Kushayb, était recherché dans le cadre des enquêtes sur les crimes commis au Darfour.

Ali Kushayb s’est rendu à la justice ce dimanche à Birao, une ville de l’extrême nord-est du pays, proche de la frontière avec le Soudan. Il était recherché depuis 2007 par la justice internationale. L’avion est parti tôt ce mardi matin dans la plus grande discrétion de l’aéroport Bangui-Mpoko.

La nouvelle de ce transfèrement bruissait depuis plusieurs jours dans la capitale centrafricaine, mais les opérations étaient restées très secrètes. Ali Kushayb avait déjà été aperçu dans la région au mois de février. À l’époque, personne en Centrafrique n’avait voulu confirmer sa présence sur le territoire. Des rumeurs disaient même qu’il se serait allié à des groupes armés locaux.

Auteur d’attaques contre quatre villages

Ali Kushayb était recherché pour ses actes commis au Darfour entre 2003 et 2004. Un conflit dévastateur qui selon l’ONU aurait fait 300 000 morts et trois millions de déplacés. À l’époque, Omar el-Béchir fait face à une rébellion dans la région. Il s’appuie alors sur les janjawid, dont Ali Kushayb est l’un des grands leaders, pour contrer les rebelles. Surnommé le colonel des colonels, Ali Kushayb dirigeait en effet plusieurs milliers d’hommes dans l’ouest du Darfour, près de la ville de Nyala.

Ali Kushayb aurait été, selon la Cour pénale internationale, l’intermédiaire entre les dirigeants des miliciens janjawid de la localité et le gouvernement soudanais. Il est poursuivi pour 22 chefs de crimes contre l’humanité et 28 chefs de crimes de guerre.

Plus précisément, il est accusé d’avoir recruté, armé, et financé des combattants et d’être personnellement l’auteur des attaques systématiques contre plusieurs villages de la région : Kodoom, Bindisi, Mukjar et Arawala. Et d’être responsable d’exactions contre des populations four, zaghawa et masalit, soupçonnées de soutenir la rébellion contre Khartoum. « Les miliciens sous son commandement ciblaient systématiquement et délibérément les civils, en violations des lois internationales », complète Jehanne Henry, de l’organisation Human Rights Watch.

Arrêté deux fois par Khartoum puis relâché

Il est également poursuivi pour meurtres, viols, tortures, persécutions lors de ces attaques qui se sont déroulées sur plusieurs mois entre 2003 et 2004.

Il est arrêté en 2007 et en 2008 par Khartoum pour être jugé par un tribunal spécial soudanais. « Je pense que Khartoum essayait de montrer qu’il faisait des efforts pour rendre un semblant de justice. Mais il a été relâché et n’a jamais été inculpé », reprend Jehanne Henry.

Il repart alors au Darfour, où, en 2013, il commet de nouvelles exactions « contre les populations Salamat, faisant des dizaines et des dizaines de morts.
Tout cela montre qu’il bénéficiait d’une totale impunité et qu’il recommençait
 »
, conclut la spécialiste.

Il se fait ensuite discret, jusqu’en février cette année, où accompagné de plusieurs dizaines de ses hommes, il traverse la frontière et se réfugie en République centrafricaine. Selon les organisations des droits de l’homme, il cherche à échapper aux autorités, car depuis la chute de l’ex-président Omar el-Béchir il y a un an, Ali Kushayb craignait d’être arrêté.

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La rédaction

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