Ippy : M. Kazagui, les corps jonchant les rues ne valent – ils pas moins qu’une crotte de poule ?

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Il s’appelle Ange Maxime Kazagui. Il est ministre  en charge de la communication et des médias dans le gouvernement Sarandji 2. Sa nomination, en violation des dispositions de l’article 58 de la constitution, alors qu’il assumait encore les fonctions de consul honoraire d’Afrique du Sud prés la République centrafricaine, avait défrayé un tant soit peu les chroniques. En réponse, l’homme d’affaires qui avait obtenu 0% lors des dernières élections présidentielles et qui, par des manœuvres politico – politiciennes dont il a seul  le secret, réussira à se faire une place dans la direction de campagne du candidat Touadéra, au 2ème tour, avait purement et simplement décidé de virer le directeur de publication des journaux en ligne  www.lavoixdessansoix.com et « Transparency » de l’émission Club de la Presse.  Si cet acte de grave atteinte à la liberté d’expression avait, selon ses proches, moralement déstabilisé l’intéressé, sa dernière sortie médiatique sur les antennes de RNL, au lendemain du massacre de la population d’Ippy par des bandes armées, risque fort bien de l’assommer.

En effet, répondant à un confrère de cette radio qui s’étonnait tout naturellement que le ministre en question et porte – parole du gouvernement et une délégation de la Minusca n’eussent fait le déplacement de Bria que pour ramener à Bangui le corps du soldat mauritanien abattu deux (2) jours plutôt par les Antibalaka, alors que dans le même temps jonchaient et continuent de joncher  encore dans les rues  d’Ippy plus d’une cinquantaine de corps sans  vie, Kazagui a tout simplement dit qu’il ignorait ce qui s’est passé dans cette partie de la République et que c’est le journaliste qui était en train de lui donner l’information.

Voilà des propos d’une extrême gravité qui sont sortis de la bouche non seulement d’un membre du gouvernement, mais surtout de celle  du ministre en charge de la communication et des médias et porte – parole du gouvernement.

Des mots qui expliquent en français facile l’incapacité totale de ce ministre et du gouvernement dont il est membre d’informer l’opinion nationale et internationale, en temps réel et avec précision, sur les évènements tragiques dont sont tous les jours victimes nos populations prises en otages par les seigneurs de guerre et les bandes armées et qui ne cessent d’enlaidir l’âme de la République. Des mots qui laissent entendre clairement que le ministre et le gouvernement ne sont pas en mesure d’être au courant de ce qui se passe au quotidien dans nos villages, nos communes, nos sous – préfectures, nos préfectures et même dans nos quartiers de la capitale.

Comble de l’inacceptable ! Tout au plus, ils ne peuvent pas restaurer l’autorité de l’Etat dont la mise en œuvre nécessite assez de conditions, ce pour lequel ils peuvent être excusables, mais tout au moins, ils ne peuvent ne pas avoir assez de moyens pour disposer d’informations fiables et certaines, ce pour lequel ils ne peuvent pas être excusés et excusables.  Et lorsqu’un porte – parole du gouvernement affirme laconiquement qu’il ignore le massacre de plus d’une cinquantaine d’âmes à Ippy, alors que des sources indépendantes de la localité ont relayé l’information et que le lanceur d’alerte qui se trouve au Canada en connait les détails, il y a de quoi à se poser des questions sur les raisons de sa présence dans ce gouvernement et à ce niveau de responsabilité. Un ministre en charge de la communication et des médias dont les attributions se résument à communiquer, à donner des informations et à  rassurer le public sur des questions d’actualité et celles touchant à la vie de la nation, qui n’est pas informé en temps réel, qui ne peut pas se faire informer  avec précision, qui ignore les tragédies que vit son pays et dont est victime son peuple, ne peut pas en être un.  Il y a de quoi alors à comparer ses propos à des mots de moquerie et d’insulte à la mémoire de tous ces hommes, toutes ces femmes, tous ces enfants et de  toutes ces personnes de 3ème âge qui ont lâchement été abattus et dont les corps sont  abandonnés dans la rue  à la merci des chiens errants.

 Tout naturellement donc, il ne fait aucun doute que ce ministre et son gouvernement ne portent aucun intérêt pour le peuple centrafricain et n’ont alors aucune notion élémentaire des missions régaliennes incombant à tout gouvernement démocratique responsable et digne de ce nom, à savoir défendre l’intégrité du territoire national, assurer la protection des biens et des personnes et veiller à la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat. N’en déplaise aux thuriféraires du régime et aux laudateurs des nouveaux maîtres de la République, aucun gouvernement au monde ne peut, quelles que soient les difficultés d’ordre sécuritaire et structurel auxquelles il est confronté, confier un tant soit la sécurité de son peuple et de son pays, à des étrangers, fussent – ils compétents et plus professionnels. C’est à lui et à lui seul, avec de la volonté, de l’ardeur au travail, de la méthode, de la discipline et un peu d’organisation, en conformité avec les programmes politiques adoptés par les élus de la nation,  de concevoir des stratégies, d’une part, et de trouver des moyens, d’autre part, pour assurer sa survie et la protection de son peuple. C’est ce  que Paul Kagamé avait fait et continue de faire au Rwanda dont la situation politique, sécuritaire et socio – économique était pire dans les années 94  que celle de  la République centrafricaine. Ce qui signifie tout simplement que c’est à ce  gouvernement et à ce ministre de faire comme la mère – poule qui n’ a jamais été à l’université mais qui par instinct sait couver, nourrir et protéger ses poussins.

 Visiblement, en affirmant devant le micro du confrère de RNL qu’il ne sait pas ce qui s’est passé à Ippy, ce Kazagui et son gouvernement ne peuvent pas faire ce que sait faire une mère – poule. Et c’est la conclusion à laquelle l’opinion publique nationale, selon ce qui se dit, se murmure et se susurre, est parvenue depuis les derniers évènements d’Ippy.

En réalité, Kazagui en sa qualité de ministre de la communication et porte – parole du gouvernement n’ avait fait le déplacement de Bria avec une  délégation de la Minucsa, qu’après l’annonce par les médias nationaux et internationaux  de l’attaque des soldats du contingent mauritanien par les Antibalaka. Une attaque qui avait fait un mort et trois (3) blessés. C’est ce qui est relevé dans le communiqué gouvernemental du 5 décembre 2017. Dans ce communiqué, alors que le membre du gouvernement a expressément fait allusion au policier mauritanien tué à Bria et aux trois (3) autres casques bleus blessés dont deux (2) autres mauritaniens et un (1) zambien, il est étrangement resté silencieux sur le nombre des pertes en vies humaines  parmi la population d’Ippy. Pour finir, il a évidemment présenté ses condoléances les plus attristées, au nom du président de la République et du gouvernement à la Minusca, d’abord, et aux familles des victimes et aux populations civiles, ensuite.

 Entre le respect dû à la Minusca et la reconnaissance dû à notre peuple, le choix de Kazagui et du gouvernement dont il est membre, est clair. Kazagui et son gouvernement disposent en temps réel  et avec précision des informations sur les contingents de la Minusca, leurs morts et leurs blessés. Il n’est pas étonnant par contre  qu’ils ne puissent pas en disposer en temps réel et avec précision  sur ce qui se passe dans nos quartiers et nos villages, nos morts, nos blessés, et nos milliers de déplacées. Que valent – ils nos morts, nos blessés et nos milliers de personnes déplacées ? Moins qu’une crotte de poule.

Jean – Paul Naïba

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