Ils sont tout simplement extraordinaires, ces centrafricains !

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Les militaires maliens, portés par la détermination de la population civile, ont réussi à avoir raison de Ibrahim Boubacar Kéita, communément appelé IBK et président corrompu, incapable et démissionnaire de ses fonctions depuis le 18 août 2020 et de manière pitoyablement honteuse devant les hommes et devant l’histoire de son pays. BRAVO à ces braves soldats qui ont pu démontrer à la face du monde en général que le désordre, l’incompétence, l’indécision, le clanisme, le clientélisme, la corruption érigée en mode gouvernance, le complot d’Etat et international, bref l’incapacité à gouverner une jeune et prometteuse nation malienne, c’est-à-dire le manque de vision tout court d’une certaine élite arrivée par effraction à la tête de ce vaste pays de l’Afrique de l’Ouest, ne sauraient désormais être tolérés d’aucune manière ! Une leçon de patriotisme que beaucoup de centrafricains seraient bien jaloux de comprendre, mieux d’appliquer et adapter dans leur pays livré à son propre et triste sort, dont la gouvernance est confiée là aussi aux mains d’un certain Faustin Archange Touadéra et sa troupe immonde de corrompus, de lâches, jouisseurs, et d’incapables arrivés de manière impromptue au pouvoir depuis mars 2016.

Si aujourd’hui les maliens, à travers l’armée nationale, sont arrivés à ce coup d’Etat, il mérite cependant de chercher à en comprendre les raisons, surtout la contrainte qui a abouti à un tel résultat. Globalement, les opinions africaines sont désormais habituées à affirmer la primauté du droit, l’exigence de démocratie comme seule voie à promouvoir pour accéder au pouvoir et surtout l’exercer pour le bien-être de tous. C’est avant tout une question de morale politique lorsqu’on se destine à exercer le pouvoir par le peuple et pour le peuple, ce qui reste encore très loin d’être compris par la plupart des dirigeants africains contemporains. Après 60 ans d’indépendance, cette exigence démocratique devrait plutôt animer les classes politiques dirigeantes africaines à combiner démocratie et développement et les décliner dans tous les sens possibles de la vie publique de nos Etats. Or, l’histoire a malheureusement démontré dans le cas d’espèce que la population malienne a toujours souffert et continue de souffrir de cette crise qui perdure, malgré un déploiement inédit depuis la seconde guerre mondiale de diverses forces étrangères, Barkhane, G5 Sahel, Casques bleus, y compris l’armée malienne elle-même. Sans réel résultat ! Une situation ubuesque qui rappelle celle connue et en cours en République centrafricaine.

Rappelons-nous. La RCA, depuis presqu’une décennie, est rythmée aux sons des canons de tout calibre, orchestrés par des soldats et mercenaires venus de tous horizons, les uns dit-on pour préserver et consolider la PAIX, les autres pour assouvir leur destin funeste, celui de faire mains basses autant que possible sur les ressources naturelles inexploitées d’un pays qui cherche encore désespérément à réduire la pauvreté, bref tout un déploiement de forces occultes occasionnant des destructions et des pertes en vies humaines innombrables dans la population, sans oublier des actes de graves atteintes aux droits humains et les horreurs dont sont victimes in dies singulos nos pauvres populations, livrées à elles – mêmes. Le paradoxe, en l’espèce, est que les centrafricains eux-mêmes, conscients du danger que court leur propre pays désormais au bord du gouffre et devant un réel risque de balkanisation et d’implosion sociale, se résument à en être plus qu’un simple observateur, incapable à son tour de prendre la mesure de cette situation et se dresser droit debout, comme les maliens, pour demander des comptes à leurs dirigeants corrompus dans toute leur substance, et tenter de mettre fin à une telle dérive. Le centrafricain, on le sait déjà, va inexorablement vers sa perte et en toute conscience il le sait ; cependant, il se comporte docilement comme pour dire tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, inchAllah !  Cette naïveté de croire que le salut du peuple centrafricain n’adviendrait que par le biais d’élections dites crédibles et transparentes, inclusives et incontestées est une tromperie tant nationale qu’internationale car, selon une interprétation rhétorique de la République de Platon, une élection n’est jamais synonyme de démocratie dont les règles du jeu sont fixées unilatéralement par celui qui possède le pouvoir. L’Occident en a d’ailleurs bien appris à ses propres dépens depuis le siècle des Lumières en passant par la Révolution française de 1789 où le recours systématique à la guillotine et à la pendaison publique, devait alors sanctionner ceux qui avaient trahi le peuple et ouvert la voie à des bouleversements sociaux politiques de grande envergure. On connait la suite et fin de cette période de l’histoire : un coup d’Etat d’un certain Napoléon Bonaparte le 9 novembre 1799 ; l’ancien monde, plus exactement l’Ancien Régime s’en est allé pour faire place honorable à la Première République. C’est d’ailleurs cette Première République qui va léguer à la postérité universelle la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, une garantie des libertés fondamentales et la souveraineté d’une Nation « apte à se gouverner au travers de représentants élus et se constituant autour d’un Etat ».

Or, tout laisse voir et entendre que cet Etat souverain centrafricain n’existe plus, (pardon, a plutôt cessé d’exister) dès lors que son destin réside désormais dans un partage d’intérêts catégoriels et antagonistes entre d’une part, les groupes armés qui martyrisent la population par des rackets quotidiens de tout genre et légitimés par un partenariat privilégié avec le gouvernement d’un quidam tristement connu sous le nom de Firmin Ngrébada, premier ministre, et une certaine communauté internationale complotiste, d’autre part, qui trouve toute sa légitimité dans le maintien d’une mission multidimensionnelle intégrée aux seins des casques bleus de l’ONU dont l’efficacité peine à se démontrer au vu et au su de tous les observateurs avertis de cette crise, quand bien même des milliards de dollars sont engloutis et continuent de l’être d’année en année. Alors, quid du coup d’Etat éclatant et réussi des militaires maliens ?

La Centrafrique depuis l’Oubangui Chari, est toujours connue pour être un havre de paix et Bangui naguère « la Coquette ville de Pari » offrait un charme nulle part comparable aux anciennes colonies françaises au sortir des indépendances dès 1960. Ce climat de paix relative a imprimé la vie publique centrafricaine à telle enseigne que même l’armée nationale, les FACA, a toujours été caractérisée par une discipline militaire de fer et par un professionnalisme remarquable : armée de garnison bien dotée et lotie, soldats et officiers bien formés, disciplinés, républicains, respectueux des valeurs morales et partiotiques, et dévoués totalement au service de la nation sans exclusive ; il fut une période où il faisait bon vivre et fier d’être militaire issu des rangs des FACA(l’Ecole Nationale des Enfants de Troupes Georges Bokassa a dû former l’essentiel de nos officiers généraux d’aujourd’hui). De nos jours, le constat est morose, et le mot est faible, tellement les Forces Armées Centrafricaines ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes ; le déshonneur, la désertion, la fuite devant l’ennemi, la corruption, les compromissions avec des mercenaires de tout acabit, l’affairisme, le clientélisme, le clanisme, le nivellement vers le bas et surtout la dépravation des moeurs ont fini par gagner ce creuset national pour en faire la soldatesque du pouvoir politique, affichant étrangement une allure de milice à la solde du Gangster de Bangui, les officiers généraux en tête dudit peloton. Quelle honte !

A ce sujet, combien étrange, triste et regrettable est le constat de la majorité des Centrafricains  de lire dans la presse nationale de ces derniers jours un courrier de félicitation, écrit des mains du Chef d’Etat-major des Armées lui-même, un certain général Zéphirin MAMADOU, par lequel notre CEMA adresse toutes ses félicitations aux unités, officiers et hommes de troupes, y compris la gendarmerie et la police nationale pour la réussite d’un « évènement glorieux » qui s’est tenu à Bangui le 13 août dernier, à savoir le défilé militaire commémorant le 60ème anniversaire de notre accession à l’indépendance et ce, en la présence du Chef suprême des Armées, le fameux Gangster de Bangui, FAT ou TOUADERA him-self. Encore fallait-il rappeler que ce général, qui arbore ses trois étoiles en l’espace d’un an à peine et sans combattre sur le terrain, c’est-à-dire sans avoir prouvé une quelconque prouesse militaire, encore moins triomphé d’une quelconque bataille de libération d’une quelconque portion du territoire national occupé à plus de 85% par des groupes rebelles et barbares, et comble d’humiliation, considérés comme partenaires du régime,  tire tout simplement  toute sa légitimité et ses honneurs liés au grade par la bénédiction, le choix, les bonnes grâces, la volonté  et la protection du président de la République, alors que tout le monde militaire sait que ce « généraleux » n’est en fait qu’un simple officier des armées, issu de l’Ecole du Commissariat de l’armée de terre, donc un simple gestionnaire administratif de formation. Loin de tout théâtre de guerre et n’ayant jamais reçu la moindre formation d’une école de guerre et/ou du haut commandement militaire en temps de crise, contrairement à son célébrissimecompagnon d’armes, un certain Ludovic Ngaïfé, dont la réputation d’être un Saint-Cyrien plein, rompu et entier n’est plus à démontrer. Et voilà comment les FACA sont commandées, et on ne sera sans doute pas surpris du résultat, encore si on y arrive un jour.

Puis, toujours pour informer l’opinion, Zéphirin MAMADOU passe pour être, de concert avec son épouse qui se trouve être la Directrice de l’Administration et des Finances au ministère de la défense nationale (voir dernier décret dudit ministère), le principal sinon l’unique fournisseur agréé dans toutes les procédures de passation de marchés publics du ministère de la défense et de celui de la sécurité publique. Ce couple fait à la fois l’honneur et la jalousie de ceux qui aspirent à de tels avantages ainsi que ceux qui n’y parviendront jamais, faute de pouvoir « dealer » avec le pouvoir de Touadera. Propriétaire d’immeubles tant à Bangui qu’à l’étranger ainsi que de nombreuses autres fonds de commerce (Agences de transfert d’argent par exemple), le couple est particulièrement fier d’avoir acquis en France tout récemment deux villas de plus d’un million d’euros chacune. A décharge pour notre CEMA, il faudra retenir que la quasi-totalité de nos généraux et officiers supérieurs d’aujourd’hui se sont reconvertis soit dans les affaires soit dans les activités génératrices de revenus du type agropastoral et/ou de services divers.  Et comme la mal gouvernance est érigée en mode de gestion par ce pouvoir, un rapport de la Haute Autorité chargée de la Bonne Gouvernance avait alors épinglé et mis en lumière de tels comportements mafieux au sommet de la hiérarchie militaire et de l’Etat, rapport rendu au président Touadéra qui l’a tout simplement classé sans suite…mais affaire à suivre et affaire suivra un jour.

Pendant ce temps, plus de 85% du territoire national est occupé par des mercenaires venus d’ailleurs sans foi ni loi, des représentants des groupes armés nommés à des hautes fonctions de l’état, au nom de l’Accord de Capitulation de Khartoum des médecins, qui constituent une corporation sanctuarisée en temps de guerre, sont tués dans l’indifférence totale du personnel soignant, idem pour les enseignants, le personnel de l’administration décentralisée, les commerçants et agriculteurs, des villageois froidement abattus à l’exemple du massacre de Paoua du 21 mai 2019, des tueries de masse à Birao et Ndélé dont l’ignoble et crapuleux du bébé Amin et de sa mère Assan par les forces coalisées PRNC-RPRC-MLCJ, alliées du pouvoir de Bangui, des prêtres tués à l’église Notre Dame de Fatima, à Séko, Bambari et enfumés dans leur presbytère à Alindao, des biens privés et publics détruits, des édifices publics occupés illégalement par des hordes de malfrats, telle la résidence du sous – préfet de Mingala, des institutions et des symboles de l’Etat y compris certains soldats des FACA attaqués, comme tout dernièrement à Obo, des chefs de villages exécutés sommairement dans l’Ouham – Pendé et le Haut – Mbomou, un médecin, toute son équipe, un député et des agents – recenseurs dans l’exercice de leurs fonctions sont enlevés, à Mboki, dépouillés de tout, tabassés et jetés en prison, des villages et des greniers incendiés, des mères de famille, des femmes, et des filles à bas âge violées et traumatisées à jamais, hélas ! la liste pourrait être longue, cependant  le peuple centrafricain assiste résigné à sa déshumanisation, acquiesce, adhère et accompagne même cette guerre qui lui est déclarée et imposée sur sa propre terre. Alors les centrafricains sont tout simplement incroyables et extraordinaires, n’est – ce pas ? Que peut-on a fortiori attendre des FACA face à cette descente aux enfers du peuple centrafricain ?

A l’image des soldats maliens, RIEN. Mais comme le ridicule ne tue pas, il faudrait un jour que notre armée ait honte d’elle-même, honte d’avoir fait allégeance à un régime corrompu contre la République et le peuple centrafricain,  honte d’avoir abandonné le peuple à son triste sort face à la barbarie dictée par SIDIKI, DARASSA et AL KHATIM, honte d’avoir laissé nos territoires aux mains des bandits, honte d’avoir laissé mourir au combat certains jeunes militaires inexpérimentés, et honte d’avoir été complice des viols de nos mères, de nos épouses, de nos femmes, de nos sœurs et de nos filles. Le mieux que l’on puisse demander à nos soldats, c’est d’avoir le courage de déposer  officiellement les armes et d’ôter le treillis sacré qu’ils portent  et changer purement et simplement de vocation. Et ils doivent le faire dans les meilleurs délais, car l’heure viendra où l’on se souviendra des figures des fourches patibulaires, des gibets et des pendus, dans les représentations des XIVe-XVe siècles, servant à définir une société, un monde où l’ordre est restauré, l’harmonie rétablie grâce à l’exercice d’une bonne justice.

La rédaction

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