HOMMAGE – Georgette POUBEAU, femme courage ou la détermination d’une femme centrafricaine

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HOMMAGE Georgette POUBEAU, femme courage ou la détermination d’une femme centrafricaine

TEMOIGNAGE DE MME ROSALIE POUZERE

Le présent texte est le témoignage dune fille, devenue Grande Dame centrafricaine, à sa
mère, qui enseigna par sa vie la liberté et la responsabilité à toute une génération.
« Je n’enseignerai plus. Je vendrai à la grande mercerie SINGER, je remplace Mme
BAUDOUIN ». Stupéfaction dans la famille ! Seules les blanches le pouvaient en ce temps
. Les femmes noires ou métisses étaient gardes d’enfant, aidessoignantes ou maîtresses d’école.

Celle qui m’a servie de mère dès l’âge de 7 ans, étant effectivement maîtresse à l’école
catholique, venait de franchir un cap qu’elle préparait en secret. Puis, 1958 arrive. Les
fonctionnaires coloniaux devaient exercer l’option avant l’Indépendance : rentrer dans
leur pays d’origine ou rester dans le pays d’affectation coloniale. Le mari de celle que
j’appellerai toujours YAYA prend la route du TCHAD. Elle refuse de suivre, les coutumes
sont trop différentes.

S’ensuivit une série d’innovations : Elle racheta à un prix permettant de recommencer
ailleurs, les petites cases qui bouchaient l’accès en voiture à notre maison : la justice.
Un puits avec moto pompe dans notre concession. Tout le quartier bénéficiait de
l’eau potable : Sa manière de pratiquer la paix, les droits de l’homme, l’équité dans notre
quartier.

Après 1960, elle, ma YAYA, rachète la mercerie et devient Mme SINGER. Elle enseigne
la couture et la broderie à la machine à ses sœurs Centrafricaines. Celle qui deviendra notre Première Ministre, Mme Élisabeth DOMITIEN, apprit à coudre avec Mme SINGER. Très douée en couture et en affaires, Mme DOMITIEN contrôla rapidement et le marché de
l’habillement et celui de la viande.

Mme SINGER venait de rentrer dans son magasin une grande commande de 52 machines à
broderie, des ballots d’objets de mercerie à l’abri d’un gros crédit documentaire quand l’opération BARRACUDA sauta sur BANGUI, suivie des pillages surnommés « grâce à Dacko » qui ne lui laissèrent même pas une aiguille.

Qu’à cela ne tienne, Mère courage lance le projet DAMARA route de BOGANGOLO. Elle
plante des hectares de manguiers ramenés du Cameroun, des orangers et des citronniers, des colatiers et rêve de jus de fruits. Sa camionnette était ambulance et corbillard pour le quartier POTOPOTO PK10 et la route DamaraBangui.

Un des multiples coups d’État ne lui a rien laissé. La horde a porté main sur elle, la
contraignant à donner, sur dénonciation, largent liquide qu’elle venait de retirer pour la paye des ouvriers. Cette fois, elle n’en pouvait plus.

Elle s’appelait Georgette POUBEAU, mon Mentor. Une ONG, à elle seule, qui m’apprit la
responsabilité du genre, avant la lettre. Femme, Mère, Battante et Combattante.

Source : Bulletin citoyen d’information, d’éducation et de mobilisation du 08 mars 2023 – Numéro 009

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