Guinée – Equatoriale : une bien étrange tentative de coup d’Etat

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A la veille de l’entrée de la Guinée équatoriale au Conseil de sécurité des Nations Unies, une tentative de coup d’Etat aurait eu lieu, le 28 décembre 2017, contre Teodoro #ObiangNguema au pouvoir depuis 38 ans.

Ce sont les autorités camerounaises qui ont déclenché l’alerte en arrêtant une trentaine de comparses à la frontière continentale de la Guinée Equatoriale, cet Etat pétrolier modèle d’une dictature tropicale et choyé par les grandes puissances, comme en témoigne son élection au Conseil de sécurité. Il est vrai que cette ancienne colonie, oubliée par l’Espagne, est devenu un quasi protectorat du major Texan, Exxon Mobil, dont le président fut longtemps, Rex Tillerson, le Secrétaire d’Etat de Donald Trump.

Des pieds nickelés à la manœuvre

Selon les autorités équatoguinéennes, cette tentative aurait été préparée en France, sans que la France y soit mêlée de près ou de loin. Elle a été menée par un ancien officier tchadien,un soldat perdu dans des mouvements rebelles de la sous-région dont les états de service sont contestés par Ndjamena. Quelques dizaines de “porteurs d’armes”, ressortissants de pays llmitrophes, n’ayant que peu de similitudes avec les habituels mercenaires pour ce type d’opérations, auraient fait partie de cette atteinte à la sûreté de l’ Etat pétrolier.

L’impression d’impréparation de ce coup de force, l’hétérogénéité de ce groupe, la méconnaissance des réalités du pays, la faible prise en compte du renforcement de la sécurité au Cameroun, notamment à Douala et la qualité des réseaux de renseignements mis au service du président Teodoro Obiang Nguema se sont probablement conjugués pour faire échouer cette rocambolesque aventure.

Zones d’ombre

On peut s’étonner que le commando ait été arrêté à la frontière équatoguinéenne, en provenance probablement de Douala, distant de 350 km. Il a donc pu franchir cette distance sans être inquiété, alors que le Cameroun a sensiblement renforcé sa sécurité, suite aux problèmes de l’Extreme-nord et de l’Ouest anglophone.

Avec l’arrestation de dix-huit Tchadiens et de six Centrafricains du commando, il est à prévoir que les relations de ces deux pays avec la Guinée équatoriale ne seront plus comme avant. Les relations entre Teodoro Obiang Nguema et Idriss Deby Itno n’étaient déjà pas excellentes, alors qu’elles étaient bonnes avec Faustin Archange Touadera, chef d’état centraficain. En dépit d’une visite du ministre tchadien des Affaires étrangères, plusieurs dizaines de commerçants tchadiens ont été contraints à quitter le pays. La purge n’est probablement pas terminée, avec la défense peu claire du Tchad sur l’implication des Tchadiens et notamment du présumé chef du commando, qui aurait jadis appartenu à la garde présidentielle de Idriss Deby Itno.

La Centrafrique dans l’embaras

La Centrafrique pourrait perdre davantage tant la Guinée équatoriale est très généreuse avec ce pays et ses dirigeants. Certains médias avancent que des frères de l’un des hommes forts de l’entourage du président Touadera seraient impliqués. Cet homme d’affaires et ancien chef rebelle musulman a un lourd passé de délinquant et de repris de justice, impliqué dans plusieurs scandales retentissants depuis une vingtaine d’année. Grâce au président Touadera, il a actuellement la haute main sur le trafic routier avec Douala en dirigeant le Bureau d’affrètement routiers centrafricains ( BARC).

Dans quelle mesure ce proche du président Touadera est-il impliqué? Le président Centrafricain a-t-il eu vent de ce projet insensé? L’embarras est très visible du côté de Bangui. Le président Touadera a été contraint de se déplacer à Malabo pour plaider sa cause. Cela n’aurait pas été suffisant car le ministre équatoguinéen des Affaires étrangères s’est ensuite déplacé à Bangui pour complément d’enquête.

Si l’affaire paraît sérieuse pour la CEMAC, qui n’en avait pas besoin avec la crise économique et financière de cette zone du franc cfa, elle est, en revanche, opportune pour la Guinee équatoriale qui pourra désormais revenir sur le principe de la liberté de circulation dans la zone CEMAC, auquel elle avait récemment adhéré en traînant les pieds. A quelque chose malheur est bon.

Aza Boukhris

Source : Mondafrique

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