Guinée Conakry, Alpha Condé, le démocrate devenu autocrate

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Ce dimanche 1er mars 2020, les citoyens de la Guinée sont appelés à voter à la fois pour élire les 114 députés de l’Assemblée nationale et pour une consultation référendaire afin de permettre un troisième mandat consécutif au chef de l’exécutif, Alpha Conde.

On rapporte les derniers propos glaçants du président guinéen:  « Quiconque viendra pour détruire les urnes, frappez-le ! « 

Ce double scrutin suscite des réactions d’hostilité de la part de l’opposition politique et d’une grande partie de la société civile et de vives inquiétudes dans les chancelleries et les organisations internationales ayant à connaitre les processus électoraux.

« Le crépuscule des vieux »

En empruntant le titre d’un ouvrage de Bernanos, on peut s’interroger sur la gouvernance des géroncrates. Le Général de Gaulle évoquait la vieillesse comme étant un naufrage, en pensant probablement à Pétain.

En Afrique, les exemples ne manquent pas. Récemment, Robert Mugabe, le héros de l’indépendance du Zimbabwe, était devenu un despote pour son peuple. Il a confirmé qu’avec le poids des ans et la longévité du pouvoir, le repli autocratique voire despotique était quasi inéluctable.

Alpha Condé (82 ans) est président de la Guinée depuis le 21 décembre 2010. Ce pur produit du Quartier Latin parisien, ayant fréquenté les milieux tiers mondistes et les partis français de la gauche, n’est pas arrivé au pouvoir dans les fourgons militaires comme ses prédécesseurs Lansana Conté, Moussa Dadis Camara et Sekouba Konaté. Alpha Condé avait été élu démocratiquement en l’emportant, au second tour, sur Cellou Daein Diallo.

Aujourd’hui, le président Malinké retrouve son vieil adversaire Peul, leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée. Enfermé dans ses certitudes, entouré de courtisans, ouverts à des  » flibustiers » mondialisés du business des matières premières, Alpha Condé ne supporte plus la moindre contestation.

Une répression généralisée

Les répressions policières se sont multipliées et les admonestations sont de plus en plus courantes. Depuis octobre 2019, une trentaine de victimes des violences policières ont été recensées. On rapporte ses derniers propos glaçants :  » Quiconque viendra pour détruire les urnes, frappez-le ! « . Les tragiques répressions et violences contre les civils ont jalonné l’histoire du pays. Espérons que les scrutins du 1er mars 2020 n’ajouteront pas un nouveau chapitre à ces tragédies.

L’intellectuel qui s’était courageusement opposé aux dictatures de Sekou Touré et de Lansana Conté, au prix d’une condamnation à mort et d’emprisonnements, est en train, comme Mugabe, de rater sa sortie devant l’Histoire.

Un passsage en force 

Les opposants, regroupés dans le Front national pour la défense de la constitution, contestent les conditions dans lesquelles seront organisés les élections législatives et le référendum constitutionnel. Certains leaders prônent le boycot et même l’empêchement du vote. C’est dire si la situation est préoccupante devant le passage en force du président Alpha Condé.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui a une grande expertise en matière électorale, a mis fin à sa mission concernant le processus électoral de Guinée. L’OIF a tiré les conséquences du refus des autorités de Conakry de retirer les 2,49 millions d’électeurs figurant indûment dans les fichiers électoraux.

L’occasion ratée

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO) a proposé sa médiation afin de prévenir une crise qui s’annonce avec le référendum constitutionnel qui pourrait permettre au président Alpha Condé de faire un troisième mandat consécutif. Le président nigérien Mahamadou Issoufou se proposait de conduire cette mission, le 28 février 2020, avec ses homologues du Nigeria, du Burkina Faso et du Ghana. Elle fut refusée par Alpha Condé.

Devant cette situation bloquée, on ne peut que se rappeler la chute de Blaise Compaore,  » dégagé  » par le peuple pour avoir voulu, envers et contre tous, modifiera la constitution du Burkina Faso afin d’accomplir un nouveau mandat présidentiel.

Depuis, Blaise Compaoré vit en exil en Côte d’Ivoire.

Source : Mondafrique

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