Guerre ouverte au MCU: le Secrétaire exécutif national Simplice Mathieu Sarandji décoche des flèches contre le rapporteur général Evariste Ngamana et les détracteurs du Premier ministre Moloua

0
130

 

Le cinquième anniversaire du MCU, parti au pouvoir en Centrafrique, aura été l’occasion en or pour le n°1 de ce parti à savoir Pr Simplice Mathieu Sarandji, Secrétaire exécutif national et non moins président de l’Assemblée nationale (PAN), de faire des critiques en règle et de descendre en flamme certains de ces collaborateurs aussi bien que bureau politique du parti que de l’Assemblée nationale. Au regard des faits, on est tenté de croire et de comprendre que ce qui était considéré jusque-là comme des divisions et dysfonctionnements internes au parti présidentiel ne sont pas de simples rumeurs mais des vérités, surtout lorsque les propos du n°1 de ce parti deviennent plus explicites pour le commun des Centrafricains.

Des qualificatifs péjoratifs

En effet, dans son discours à l’occasion de l’ouverture des travaux du cinquième anniversaire du MCU tenu au stade omnisport de Bangui le samedi 25 novembre 2023, Simplice Mathieu Sarandji (SMS) n’a pas pris des gants pour faire des critiques et des grands déballages sur les dissensions internes du parti, déballages qui ont été diversement appréciés par les uns et les autres. Il disait par exemple que les personnes qui trouvent du plaisir à vouloir le départ des dinosaures du parti au pouvoir sont des « enfants » (‘’a molenguès », en langue nationale sangö), des « nouveaux arrivés », des « prétentieux », etc.
« Des enfants demandent que le président de la République nomme tel à tel poste. Ils demandent le départ de tel de tel poste. Mais ils n’ont pas le droit d’imposer ou de demander le départ ou l’arrivée d’un tel comme Premier ministre, comme membre du gouvernement ! Qu’ils n’oublient pas que c’est le président de la République qui a créé le
parti MCU, et donc que tout le monde doit se référer à lui », a déclaré sieur Sarandji.
Il a fustigé les querelles internes qui perdurent au sein du Parti et qui sont de nature à fragiliser le parti. En langue nationale sangö il a déclaré et s’est interrogé plusieurs fois:
« Nda ti tiri ni nyè ? Nda ti tiri ni nyè ?», c’est-à-dire en français facile: « Pourquoi cette bagarre ? Pourquoi cette bagarre ? ».

Le Secrétaire exécutif national du MCU a dénoncé de vive voix les gens qui, à l’intérieur de son parti, demandent ou orchestrent son départ et celui du Premier ministre Moloua, les
deux principaux artisans de la candidature du Pr Touadéra à l’élection présidentielle de 2015-2016 dont ils étaient par ailleurs le Directeur national de campagne et le directeur national adjoint de campagne. Il a taxé leur attitude comme l’expression d’un mauvais cœur, voire d’une jalousie. Il les a qualifiés de « sioni bè » (sic) en sangö, ce qui veut dire« mauvais cœur » en français. Non sans marteler, d’un ton sec, toujours en sangö: « Ils étaient où quand on se battait pour défendre la candidature de Touadéra et organiser la campagne électorale pour la victoire de Touadéra et de nos députés? Il faut laisser le temps à Touadéra d’apprécier qui doit faire quoi, qui doit être nommé à quel poste et quand. La constitution ne donne qu’à Touadéra seul le pouvoir de nommer un Premier ministre, les ministres, etc. Donc il faut respecter la constitution».

Récidive

Hier dimanche 26 novembre à la cérémonie de clôture des travaux du cinquième anniversaire du parti, SMS est revenu de plus belle sur sa critique de la veille en s’attaquant plus précisément à ceux qui prôneraient le « Grand Ouest », terme qu’il considère comme de la division. Car, fait-il remarquer, la RCA compte 8 régions, 20 préfectures, lesquelles ne se définissent pas en termes de nord, du sud, de l’est, de l’ouest ou du centre. Une critique à peine voilée contre le Rapporteur général du MCU et non moins premier vice-président de l’Assemblée nationale et président en exercice du parlement communautaire (CEMAC) Evariste Ngamana, député de Carnot 1 dans la préfecture de la Mambéré, à l’ouest de la République centrafricaine.

Mais comme pour donner raison à Sarandji, un député dont nous taisons le nom a con-
fié à notre reporter à la fin des travaux du cinquième anniversaire hier que le sieur Ngamana est très tribaliste et régionaliste; il aurait bien préparé la montée en puissance de la seule région ouest du pays à travers les actes suivants :

« Les propositions de nomination des ressortissants de l’ouest majoritairement au cabinet et dans l’administration parlementaire ainsi que dans les régies financières et plus particulièrement dans la douane. Il était très mécontent lorsqu’un inspecteur de Douane avait qui il partage le même nom n’était pas reconduit au Service des recettes douanières et les douaniers s’en étaient réjouis d’ailleurs lorsque le premier vice-PAN dénonçait le dernier mouvement au ministère des Finances qui ne lui a pas permis de nommer ces parents du « Grand Ouest » à ces postes dits juteux dans les régies financières. Alors que même certains agents et cadres du MCU avaient perdu également des postes de responsabilité dans le dernier mouvement.  Ce Ngamana ne pense jamais à la République, il ne pense qu’à ses parents Gbaya de la Mambéré-Kadeï et de la Nana-Mambéré, et les gens de la Sangha-Mbaéré qui faisaient partie de la Haute Sangha à l’époque avec l’ancienne préfecture de la Mambéré-Kadeï, lesquelles préfectures constituent le « Grand Ouest ». Nul n’ignore par exemple que c’est Evariste Ngamana qui était à l’origine de la nomination de son parent du « Grand Ouest » Emile Gros Raymond Nakombo comme maire de la ville de Bangui pour des raisons de bas intérêt. A preuve: il s’est toujours opposé au remplacement de Nakombo à la tête de la mairie de Bangui en dépit de l’incompétence et la mauvaise gouvernance de la chose municipale avérées de ce dernier, et il n’a jamais critiqué la mauvaise gouvernance de Nakombo lors des multiples interpellations du gouvernement sur la situation alarmante de la ville de Bangui et des finances municipales.

Il s’était arrangé au début de l’actuelle législature et profitant de son influence de premier vice-président de l’Assemblée nationale pour ne désigner que les députés du « Grand Ouest » majoritairement au parlement de la CEMAC: un député de Nola (Sangha-Mbaéré, Ouest), un député de Berberati (Mambéré-Kadéï, Ouest) et un député de Carnot (lui-même de la Mambéré, Ouest), soit trois députés du « Grand Ouest », face à Mme Emilie Béatrice Epaye, députée de Markounda dans la préfecture de l’Ouham (Nord). C’était justement pour qu’il puisse être désigné par ses frères et collègues députés de l’Ouest comme
président du parlement de la CEMAC à Malabo où il avait refusé catégoriquement de céder la place à Mme Epaye, plus expérimentée que lui dans le domaine parlementaire et de la diplomatie parlementaire. C’était même une honte qu’il dispute ce poste non seulement avec une femme mais surtout plus âgée et plus expérimentée que lui.

Quant aux incessantes manœuvres dont il est l’auteur depuis plus d’un an pour évincer Sarandji de la présidence de l’Assemblée nationale, ce sont les députés, les militants et cadres du MCU, ainsi que certains journalistes qu’il utilise à cette fin, qui sont eux-mêmes allés tout rapporter au président Sarandji et aux autres députés. Il ignore que Sarandji à l’âge de son père et est un vieux routier en politique par rapport à lui. Nous-mêmes à l’Assemblée nationale on est surpris que quelqu’un comme ça, peu malhonnête, sournois et hypocrite, devienne prêtre. Et heureusement que je ne suis pas un catholique ! », révèle avec tout le sérieux du monde ce député de la nation.

Pour un cadre politique du MCU, ce cinquième anniversaire est un échec aussi bien dans la manière d’organiser le rendez-vous comme dans le contenu des messages du Secrétaire exécutif national. « Un adage dit que ‘’les linges sales se lavent en famille’’. Même si Sarandji dit quelque part la vérité, il devrait plutôt faire ces critiques et déballages à l’interne et non pas en présence des gens qui ne sont pas les militants du parti et qui risquent de présenter autrement la situation du parti. C’est trahir même le parti. Ce comportement de Sarandji peut être considéré comme acte d’indiscipline et de haute trahi-
son qui doit être sanctionné comme tel », soutient-il.

Pour un membre du bureau sous-fédéral MCU d’un arrondissement de Bangui, « c’est la vieillesse qui fait parler Sarandji comme ça. On n’invite pas les gens à un anniversaire pour
déballer les problèmes internes du couple ou de la famille qui organise la fête et reçoit les convives. C’est ridicule », affirme-t-il.

Pour un autre qui se dit « MCU pur et militant de première heure » (sic),  » c’est le poste de
président de l’Assemblée nationale que convoitent tant Sarandji et Ngamana qui les
pousse à se détester à mort. Mais ils ont assez terni l’image du parti et des institu-
tions de la République. Ils doivent tous être sanctionnés pour être réduits à leur simple expression humaine, sinon ils vont continuer de prendre le MCU et l’Assemblée nationale en otages ».

L’absence de Ngamana à la cérémonie de clôture du 5è anniversaire serait-elle due au fait
qu’il n’a pas supporté les critiques sarandjistes de la veille ? C’est possible. Une chose est sûre: avec la flèche lancée contre «le Grand Ouest » par SMS, Ngamana et les siens qui se sentent directement visés ne vont certainement pas tarder à réagir. Mais en attendant, la crise est profonde et en marche, car déclarée en présence même de la communauté
nationale et internationale. Quelqu’un peut même y laisser sa peau. L’Africain a parlé.
Affaire à suivre.

Christopher Kaleng

Source : Médias Plus N°3111 du Lundi 27 Novembre 2023

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici