Franc CFA, présidence, mandats… Ce que Paul Biya et ses pairs vont aborder lors du sommet de la Cemac

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Franc CFA, présidence, mandats… Ce que Paul Biya et ses pairs vont aborder lors du sommet de la Cemac

Attendue depuis près de deux ans, la prochaine conférence des chefs d’État de l’organisation régionale se tiendra le 17 mars à Yaoundé. Au menu des discussions, des annonces fortes, notamment sur la réforme du Franc CFA.

7 mars 2023 à 17:37
Par Jeune Afrique

Ce sera une réunion en présentiel, contrairement au sommet extraordinaire organisé en visioconférence en août 2021. La dernière assise du genre remonte à novembre 2019 dans la même ville. Selon l’ordre du jour, que Jeune Afrique a pu consulter, le Camerounais Paul Biya cédera la présidence de l’organisation à l’un de ses homologues de la sous-région. Si l’on s’en tient au principe de rotation par ordre alphabétique, le fauteuil doit être attribué au Centrafricain Faustin-Archange Touadéra.

Mais cette perspective suscite des réticences. D’autant que ce pays sous embargo est au centre de plusieurs controverses, dont les plus récentes portent sur l’adoption du Bitcoin comme monnaie officielle et sur la création de sa propre cryptomonnaie nommé Sango, alors que la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) n’a pas encore élaboré une réglementation régionale sur les cryptoactifs. La RCA passera-t-elle son tour ? Si tel était le cas, le Congolais Denis Sassou Nguesso prendrait le relais. Le débat est en cours dans les capitales sous-régionales.

Retrait des représentants français
Principal dossier qui sera débattu à Yaoundé : la réforme de la monnaie commune. Lors du sommet de novembre 2019, les chefs d’État avaient demandé à un comité réunissant la Commission de la Cemac et la BEAC de produire une « réflexion approfondie » sur de nouvelles modalités de coopération monétaire avec la France. Il avait pour mission de proposer « dans des délais raisonnables, des schémas appropriés conduisant à l’évolution de la monnaie commune ».

Les experts ont rendu un rapport confidentiel que le gouverneur Abbas Mahamat Tolli et le président de la Commission, Daniel Ona Ondo, ont adressé aux chefs d’État et que JA a pu consulter. Celui-ci sera soumis à l’appréciation des dirigeants lors du sommet de Yaoundé. Le document préconise à court terme, notamment, de changer la dénomination de la monnaie des pays de la Cemac. « Sous réserves de votre préférence, la nouvelle appellation de la monnaie pourrait être choisie selon des critères qui renvoient au caractère intégrateur ou au patrimoine culturel et historique de notre sous-région. » Sont par exemple proposés : Mac (monnaie de l’Afrique centrale), Fura ou Toumaï.

Le rapport invite également à la clôture du compte d’opération dans les livres de la Banque de France et au rapatriement des réserves de change au siège de la Banque centrale. Dans le même temps, les rédacteurs suggèrent un « retrait progressif des représentants français au sein des organes de décision et de contrôle de la Banque centrale ». Il reviendra enfin aux chefs d’État de trancher les questions de savoir s’il faut continuer à rattacher le F CFA à l’euro ou à un panier de monnaies.

Parmi les autres sujets à trancher, les chefs d’État devront aussi décider du successeur du Gabonais Daniel Ona Ondo à la tête de la Commission, son mandat étant arrivé à terme depuis plusieurs mois. Le principe de rotation doit à priori désigner un Équato-guinéen à la tête de la Commission. Deux candidats seraient en compétition. Le premier, Baltasar Engonga Edjo’o, ancien ministre d’État en charge de l’Intégration régionale, est par ailleurs le neveu du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Il connaît les dossiers et a longtemps été le sherpa de ce dernier auprès des chefs d’État de la Communauté. Il a récemment été déchargé de ses fonctions et serait disponible pour remplacer Ona Ondo. Le seul argument qui le dessert est son âge relativement avancé.

Malabo garde donc en joker l’ex-gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama, qui vient de remplacer Engonga Edjo’o à la tête du ministère en charge de l’Intégration régionale. Les partisans de ce dernier louent son expérience et l’estiment susceptible d’apporter plus de crédibilité à l’institution. Par ailleurs, plusieurs autres responsables d’institutions régionales doivent passer la main. Le Cameroun devrait prendre la tête de la Commission de surveillance du marché financier (Cosumaf), après le Tchad. Selon les indiscrétions, trois curriculum vitæ semblent retenir l’attention : ceux de Jacqueline Adiaba, de Jean-Claude Ngwa et de Blaise Eugène Nsom.

Des rotations en question
Une réforme du principe de rotation est également au menu des discussions. Le Tchad n’a toujours pas digéré la nomination l’an dernier du Camerounais Dieudonné Evou Mekou à la tête de la Banque de développement des États d’Afrique centrale (BDEAC), en violation, selon Ndjaména, de l’ordre alphabétique. Il sera question de proposer aux chefs d’État de mettre en place un comité d’experts de haut niveau pour élaborer des propositions visant des évolutions et des adaptations nécessaires au dispositif actuel.

Ce groupe travaillerait, entre autres, à une harmonisation des mandats à cinq ans, et ce, pour l’ensemble des institutions. Ce qui induit de réduire de deux ans la durée du mandat du gouverneur de la BEAC, actuellement de sept ans. Les experts fixeraient par ailleurs de nouvelles modalités de désignation des dirigeants communautaires, en veillant à éviter que des ressortissants d’un même État ne se retrouvent à la tête de plus de deux institutions. En outre, ils consacreraient l’obligation pour les pays membres d’acquitter de manière régulière leurs contributions financières comme l’un des critères de désignation des responsables.

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