Faustin-Archange Touadéra déclaré vainqueur de la présidentielle en Centrafrique

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President Faustin-Archange Touadera, center, speaks to the media after casting his vote at the Lycée Boganda polling station in the capital Bangui, Central African Republic Sunday, Dec. 27, 2020. Voting has begun in Central African Republic's presidential and legislative elections after a campaign period marked by violence between rebels and government forces. (AP Photo)

Selon des résultats provisoires, le président a été réélu à la tête de la République centrafricaine avec 53,92 % des voix au terme d’un cycle électoral mouvementé.

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Publié hier à 20h48, mis à jour hier à 21h33

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Le président sortant Faustin-Archange Touadera devant un bureau de vote à Bangui, le 27 décembre.

Les militants du Mouvement Cœurs Unis (MCU) peuvent fêter leur victoire. A Bangui, la capitale centrafricaine, l’Autorité nationale des élections (ANE) a annoncé lundi 4 janvier dans la soirée les résultats provisoires du scrutin présidentiel et législatif du 27 décembre : leur candidat, le président sortant, Faustin-Archange Touadéra, l’emporte au premier tour avec 53,92 % des voix au terme d’un cycle électoral mouvementé.

Les résultats définitifs doivent être publiés le 19 janvier, après examen des éventuels recours. Mais, déjà, les contestations pleuvent. Dans un document rendu public lundi, plusieurs candidats de l’opposition, dont Anicet-Georges Dologuélé, Martin Ziguélé et Mahamat Kamoun, dénoncent des « bourrages massifs d’urnes », des « tentatives d’intimidation des électeurs » ou encore des « achats de votes ». Le nombre particulièrement important de « votes par dérogation », déjà observé par le réseau d’observateurs de la société civile Arc-en-ciel, est également pointé du doigt.

Les élections présidentielle et législatives étaient considérées comme un test pour la Centrafrique, qui peine à émerger de la crise politico-militaire qui plombe le pays depuis plusieurs années. Une grande partie du territoire est toujours sous le contrôle des groupes armés. Il y a trois semaines, six d’entre eux, parmi les plus importants, ont décidé de fusionner leurs forces au sein d’une nouvelle alliance, la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Dénonçant l’accord de paix du 6 février 2019, qui prévoyait une intégration des groupes armés dans le système politique, ils réclamaient une suspension du processus électoral, et la mise en place d’une concertation nationale.

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Peu après le lancement de cette coalition, des affrontements ont éclaté, opposant les rebelles aux Forces armées centrafricaines (FACA) et à leur partenaire, la Mission des nations unies (Minusca), ainsi qu’à des renforts venus de Russie et du Rwanda. L’ancien président François Bozizé – dont la candidature avait été invalidée au début de décembre par la Cour constitutionnelle – a été soupçonné par le gouvernement et la communauté internationale de collusion avec les groupes armés.

Vote perturbé

Sans réussir à percer jusqu’à Bangui, ces derniers se sont rendus maîtres de plusieurs villes avant le scrutin, et ont perturbé le vote dans plusieurs régions. Dans certains bureaux, les urnes ont été enlevées, et leur contenu brûlé. Néanmoins, les élections se sont relativement bien déroulées à Bangui et dans plusieurs villes de province.

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« La République est en guerre. Sa survie est menacée. Cette guerre asymétrique, nous allons la gagner », avait déclaré, martial, Faustin-Archange Touadéra lors de son discours du Nouvel An. Dans la foulée, quatre importants chefs de groupes rebelles, ayant rang de ministre au sein du gouvernement, ont été limogés. Cette décision, selon certains observateurs, met fin de facto à l’accord de paix du 6 février 2019.

Si la ville de Bangui semble toujours en sécurité aujourd’hui, des combats ont eu lieu au cours du week-end à Damara. Des groupes rebelles auraient également pris la ville de Bangassou, dans le sud-est du pays, selon des sources locales, alors que la Minusca assure de son côté que la ville est « sous contrôle ». Pour autant, selon Thierry Vircoulon, coordinateur pour l’Afrique centrale à l’Institut français de recherches internationales (IFRI), les groupes armés ne visent pas à prendre la capitale, comme ils l’avaient fait en 2013, mais à montrer que leur pouvoir de nuisance est toujours aussi important dans l’arrière-pays. « Ils cherchent à faire de Faustin-Archange Touadéra le président de Bangui, en s’emparant du reste du pays », résume le chercheur.

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Dans la capitale, pourtant, la situation se tend. Du côté des partisans de François Bozizé, on accuse le gouvernement de mener une chasse aux sorcières contre les cadres du parti de l’ancien chef de l’Etat, le Kwa Na Kwa, mais aussi des membres de son ethnie, les Gbayas, dénonçant des arrestations et des enlèvements. Du côté présidentiel, on réfute catégoriquement ces accusations.

Dans un communiqué diffusé ce lundi, le MCU évoque ainsi des « manœuvres cyniques visant à imposer une guerre tribale (…) par le truchement de ceux qui redoutent l’intransigeance de la justice ». Le parquet a par ailleurs annoncé lundi l’ouverture d’une enquête judiciaire contre François Bozizé, ainsi que ses coauteurs et complices, « par rapport aux faits de déstabilisation et des rébellions en cours ». Il a également fait état de l’arrestation de plusieurs rebelles sur les différents fronts de bataille, dont huit ont déjà été présentés au juge d’instruction.

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