Etats-Unis, France, UE: l’étau se resserre autour des mercenaires russes de Wagner

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Par Pascal Airault
06 février 2022 à 16h06 par L’Opinion


Les Occidentaux ont revu leurs dispositifs d’aide aux pays africains afin d’éviter qu’ils n’aient recours à la société militaire privée
Avant la visite d’Emmanuel Macron à Moscou, les officiers français et américains ont accru leur pression sur les Etats africains ayant recours à la société militaire privée de Wagner, proche du Kremlin. Jeudi, le chef du commandement américain pour l’Afrique, le général Townsend, a dénoncé sa « présence néfaste » au Mali. « La junte [au pouvoir à Bamako] a fait appel à des mercenaires, a-t-il déclaré. Elle continue de le nier mais les renseignements sont assez clairs… J’ai vu ces acteurs en Syrie, en Libye, au Soudan, en Centrafrique, au Mozambique. Cette milice ne laisse jamais une situation en meilleur état. » Selon lui, le Mali verserait 10 millions de dollars par mois pour payer les mercenaires russes.
En visite à Bangui, le même jour, le vice-amiral français Hervé Bléjean, directeur général de l’état-major de l’Union européenne, a affirmé que « l’UE ne peut plus se permettre d’entraîner des unités qui ensuite sont employées par Wagner ». Bruxelles a suspendu, en décembre, les formations dispensées aux soldats centrafricains. Les 2 500 mercenaires de Wagner « ne peuvent pas être assimilés à des forces régaliennes de la Russie, a-t-il ajouté. Le Code pénal russe interdit l’emploi et la création de sociétés militaires privées. Donc il y a une vraie ambiguïté. »
Bailleurs
Les Etats occidentaux reconsidèrent aussi leur offre de services pour freiner la montée en puissance de la Russie et de ses supplétifs privés. L’UE a révisé ses dispositifs pour pouvoir livrer des armes létales, sous conditions, afin d’éviter que des pays se tournent vers Moscou. Elle a aussi mis en place une stratégie pour couper les vivres des Etats qui font appel à cette société. Plusieurs bailleurs de fonds veillent enfin à ce que leur appui budgétaire ne serve pas à payer les services de cette société. Bruxelles demande aussi des garanties aux Etats africains pour poursuivre sa coopération sécuritaire.
Enfin vendredi, l’UE a sanctionné cinq responsables maliens (interdiction d’entrée sur le territoire de l’UE et de recevoir des fonds d’Europe, gel de leurs avoirs) dont le Premier ministre, Choguel Maïga, accusés de faire obstacle à la transition politique. Elle avait adopté des sanctions similaires, le13 décembre, à l’encontre du groupe Wagner ainsi que de plusieurs personnes et sociétés liées. « Les Occidentaux redoutent que Wagner se serve de sa base malienne pour s’implanter ailleurs au Sahel et ensuite dans les pays côtiers du Golfe de Guinée », confie Seidik Abba, auteur de Mali-Sahel, notre Afghanistan, à paraître en mars chez Impact Editions.
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