Et si Librevillle devait être la réunion de la dernière chance pour le président Touadéra et son clan de prédateurs ?

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Souvenez – vous ! Le 24 mars 2013, les rebelles de la Seleka – « coalition » en langue sango –, qui avaient repris les armes en décembre 2012, sont finalement rentrés à Bangui au terme d’une offensive-éclair, renversant ainsi le président  démocratiquement élu François Bozizé.

Après l’accord de Libreville, signé en janvier 2013 entre le pouvoir et la rébellion, cette dernière reprochait au chef de l’État de n’avoir pas tenu ses engagements de libérer tous les prisonniers politiques et d’ordonner le rapatriement des forces sud-africaines venues le soutenir. Ni les forces de la Mission de consolidation de la paix en République centrafricaine (Micopax), déployées dans le pays depuis juillet 2008 par la Communauté économique des États d’Afrique centrale, ni les soldats français présents dans le pays n’ étaient intervenus pour stopper les rebelles. Michel Djotodia, chef politique de la Seleka, s’est immédiatement auto –proclamé président, mais sera contraint en janvier 2014 avec son premier ministre Nicolas Tiangaye à la démission, sous la pression des chefs d’Etats de la CEMAC lors d’un sommet extraordinaire de la CEEAC, à Ndjamena.

A Libreville le 17 juillet 2017, une année après la prestation de serment du président Touadéra, à l’initiative de la Commission de l’Union africaine, une Feuille de route pour la paix et la réconciliation nationale en République centrafricaine a été signée. Elle sera quelques mois plus tard à l’origine de l’Accord de Paix de Khartoum entre le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés. Malheureusement, sa non – application « ad literram ac stricto sensu » par le président Touadéra du fait de son manque total de sincérité et de son caractère manifestement roublard, a été interprétée par la majorité des autres parties signataires comme un acte de sabotage, et a servi du coup de terreaux substantiels à la reprises des violences, à l’exemple du massacre de Paoua, en mai 2019 et des visées expansionnistes de l’UPC d’Ali Darass vers tout l’est du pays.

Avec le non retour effectif de la paix, la concorde nationale et le vivre ensemble, tant attendus par ses signataires, il n’en fallait pas plus pour réconforter les pourfendeurs de cet Accord qui y voyaient plus un acte de compromission qu’un pacte politique de compromis et les convaincre de leur détermination à contraindre le régime de Bangui à une rencontre sans exclusive avec toutes les forces vives de la nation. Ce qui n’était évidemment du goût de Touadéra et de son clan de jouisseurs patentés qu’une manœuvre politico – politicienne savamment orchestrée, visant à les enfouir dans la nasse d’une transition politique.

Mais, alors qu’ils étaient tout bonnement rassurés de leur alliance avec certains leaders des groupes armés, au détriment de ceux qui ont catégoriquement refusé de jouer leur jeu et n’ont pas hésité à appeler orbi ac urbi à leur destitution par tous les moyens, comme le FDPC du général Abdoulaye Miskine dont les positions des éléments ont été attaquées et neutralisées sur l’axe Bangui – Garouamboulaï et contre qui un mandat d’arrêt international a été lancé, et qu’ils espéraient par ce truchement vouloir organiser dans la précipitation les élections de 2020 dans l’opacité la plus totale, et ce,  dans le but de les voler dès les premiers tours, grande a été leur surprise de s’entendre dire par le directeur Afrique du Quai d’Orsay, Rémi Maréchaux, en mission de travail à Bangui, il y a quelques jours, le refus catégorique de la France de contribuer à leurs financements.

Et comme il fallait s’y attendre, la mise en place du comité stratégique d’appui au processus électoral par le premier ministre Ngrébada, en réponse à la réticence des bailleurs de fonds à mettre la main effectivement à la poche, sera considérée  par les forces vives de la nation non seulement comme un acte manifestement contraire à la constitution, donc illégal et irrégulier, mais surtout comme la preuve irréfutable de la volonté d’un homme et de son clan  d’opérer un passage en force en 2020. Et c’est dans ce contexte de guéguerre entre le pouvoir et les partis politiques, qu’apparaît, tel un coup de tonnerre dans un ciel serein, l’ancien président de la République, le général d’armée François Bozizé dont le retour avait pourtant été annoncé par les lanceurs d’alerte et certains guerriers de la plume, depuis plusieurs mois.

Un retour qui a curieusement pris tout le monde de court, en général, et tous les principaux responsables des différentes institutions républicaines en charge de la sécurité et de la sûreté nationales, en particulier, qui, au lieu d’avoir le courage politique de démissionner de leurs postes de responsabilité pour avoir lamentablement failli dans l’exercice de leurs fonctions, et après s’être évertués à qualifier cette annonce de « Fake News » ou de « Buz Politique », ont vite fait d’avoir le profil bas. Une faillite inacceptable qui est malheureusement et fort étonnement exploitée et transformée en un avantage psychologique et un acquit politique par l’ancien chef d’état – major du président Patassé qui, en fin stratège, véritable bête politique, dernier ami de la Françafrique encore en vie en Centrafrique, a décidé de se révéler en public et de s’adresser à ses militants, au siège de son parti Kwanakwa. Un vrai défi donc lancé au président Touadéra, son ancien premier ministre, et à tout son clan.

Un défi qui résonne dans la tête de tous les centrafricains dont l’esprit n’est pas encore fondamentalement corrompu par l’hystérie collective ambiante depuis mars 2016 et l’imbécillité politique des tenants du pouvoir, comme les signes annonciateurs de la fin d’un régime, honni et vomi par tous, avec la convocation du maître de céans en urgence par ses Pères africains au sommet des Etats de la CEEAC, à Libreville ce jour, le mercredi 18 décembre 2019. Encore Libreville !

Et si ce sommet de Libreville devait être la réunion de la dernière chance pour le mathématicien de Boy – Rabé, au cas où il refuserait à son retour de rencontrer l’ancien président François Bozizé et d’engager un dialogue sincère avec toutes les forces vives de la nation pour une transition politique en douceur, au nom de la paix, de la réconciliation nationale, de la stabilité et de l’équilibre géopolitique nationale ? Et si c’était dans cette optique qu’un dispositif sécuritaire aurait été renforcé à l’aéroport dans l’après – midi d’aujourd’hui pour son retour à Bangui ?

Jean – Paul Naïba

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