Et si Christine Lagarde demandait à Touadéra et Sarandji de virer tous les personnels hors statut….

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« S’il y a un acte qui, parmi tous les actes posés par  le président Touadéra, candidat de la politique de la rupture et du changement, a suscité et ne cesse de susciter la réaction de tous les grands commis de l’Etat et ont mis mal à l’aise et continuent de mettre mal à l’aise tous les responsables des ressources humaines, les managers de la fonction publique et les contrôleurs de la solde, c’est bel et bien l’invasion soudaine et massive de l’administration et des différents services de l’Etat par une vague des personnels hors statut, depuis sa prise de fonctions et les dernières nominations intervenues à la présidence de la République, à la primature, dans le gouvernement, les départements et dans les entités périphériques. Des actes qui posent des problèmes de bonne gouvernance, dérangent les fonctionnaires et agents de l’Etat et risquent de faire gripper les relations avec les bailleurs de fonds et autres amis de la République centrafricaine. Avec comme conséquences : la paralysie de certains services, l’augmentation sensible de la masse salariale, et la mise au placard du droit des jeunes diplômés à l’intégration.

Des fonctionnaires et agents de l’Etat frustrés et démotivés

Il n’est de secret pour personne que la fonction publique, partout dans le monde, est une institution dont les acteurs sont couramment appelés « fonctionnaires et agents de l’Eta » et dont le but est d’offrir des services publics de qualité aux administrés. Recrutés régulièrement sur la base d’un certain nombre de qualifications, de critères et de conditions consacrés par des dispositions légales et règlementaires, suite à un concours d’admission ou par un arrêté interministériel d’intégration dans la fonction publique, ceux – ci sont connus par le petit peuple ou la plèbe sous l’appellation de douaniers, d’infirmiers, de gendarmes, de policiers, de greffiers, d’instituteurs, de sages – femmes, de magistrats, d’ingénieurs, etc… Ils ont pour missions de collecter les taxes et les impôts, de soigner, de protéger, de juger, d’instruire, de faire accoucher, de donner à manger, de concevoir et de mettre en œuvre des projets de développement, par exemple dans le domaine agricole, de réhabilitation des routes et des pistes rurales, de construction d’écoles, d’hôpitaux, de ponts, etc…

L’exécution de toutes ces différentes tâches constituent des services publics de qualité dont les administrés ont besoin et pour le bien – être de la population et dont la responsabilité incombe à l’Etat. Comme toute œuvre humaine se bâtit sur la durée, l’acquisition de ces expertises et des outils de la technicité qui les accompagnent nécessite des années de formation, de stages d’imprégnations et de solides expériences qui, in fine, leur donnent droit à des avantages financiers et à des avancements. Afin de permettre à l’Etat de bénéficier de leur savoir – faire et de leur comment – faire, toutes les nominations à des postes aussi bien politiques que techniques doivent tenir compte de ces exigences et de ces perles, c’est – à – dire de ces hommes et de ces femmes qui ont la maîtrise réelle de la technicité et qui offrent tous ces loyaux services pour le compte de leur administration et au nom de l’Etat. Et seuls des départs volontaires et des cas de décès et du droit à la retraite peuvent mettre un terme à leur carrière.

Malheureusement, avec la nomination massive des personnels hors statut ou des retraités, c’est – à – dire des hommes et des femmes dont les noms et les CV ne figurent pas dans les fichiers du personnel de la fonction publique ou dont les noms sont déjà rayés du fichier de la fonction publique pour avoir été admis à faire valoir leurs droits à la retraite, et dont les choix et les désignations ne reposent pas sur des critères de qualifications, de maîtrise réelle de la technicité et de solides expériences, mais plutôt sur des considérations politiques et d’appartenance catégorielle, régionale, ethnique et même sectaire, l’heure est partout à la frustration et à la démotivation.

Car, visiblement mis en minorité par ces personnels hors statut et contraints de leur libérer leur poste, ils ne peuvent plus apporter valablement et patriotiquement leur savoir – faire et leur technicité à l’Etat. Désormais, la plupart d’entre eux ne peuvent que faire acte de présence sur leurs lieux de travail ou dans leur service pour éviter que leurs salaires ne soient pas tout simplement coupés pour absence. Etant sans fonction, sans bureau, et n’ayant aucun siège pour s’asseoir, certains sont obligés de rester dans la cour et d’échanger avec leurs collègues avant de disparaitre à partir de 11 h. D’autres, plus responsables, préfèrent tout simplement rester à la maison et ne se présentent occasionnellement que pour apporter quelques éclaircissements sur le traitement de tel ou tel dossier. Des hommes et des femmes qui sont payés à ne rien faire, c’est – à – dire sans contrepartie de fourniture de prestations dues.

Leur prise en charge crée une nouvelle dépense et bloque l’intégration des jeunes diplômés

S’il est couramment admis et peut être toléré que des compétences ne rentrant pas dans la catégorie des fonctionnaires et agents de l’Etat, puissent être nommées pour assumer des fonctions de ministres de la République, cette marge de manœuvre exceptionnelle est assujettie à un certain nombre de critères et de conditions. Ces compétences doivent néanmoins figurer dans les fichiers de la fonction publique avec de solides expériences administratives, techniques et politiques. Mais, cette possibilité qui est généralement reconnue pour des fonctions politiques ne peut qu’être exceptionnellement étendue à des postes techniques et dans  de tels cas les compétences débauchées ailleurs ou dans le privé doivent justifier préalablement de leur savoir – faire et de leur comment – faire dans un domaine où il n’y a pas d’autres compétences aussi équivalentes que probantes, dans l’administration concernée.

 Voilà, donc de véritables exceptions à la règle pour empêcher toute remise en cause des dispositions ayant consacrées les garanties fondamentales accordées aux ayants – droits légaux que sont tout fonctionnaire et tout agent de l’Etat et pour  éviter que la fonction publique ne soit littéralement prise d’assaut par des hordes d’arrivistes, de baroudeurs politiques de petit calibre et des seigneurs de guerre, sans foi ni loi, sans éducation, sans formation, sans imagination et surtout sans humanité.

Malheureusement et ce, contre toute attente,  et c’est une déplorable situation à laquelle tous les combattants de la liberté et de la démocratie assistent impuissants la mort dans l’âme. Une inquiétude qui se traduit de facto et de jure, sur le plan budgétaire et de l’exécution mensuelle des dépenses des personnels de l’Etat, par la création d’une nouvelle dépense, à travers la prise en charge financière du nouveau venu ou de ces hordes de personnels hors statut. En effet, comme l’illustre très bien l’appellation qui leur est donnée, et comme leurs noms ne figurent pas dans les fichiers de la fonction publique, les responsables des ressources humaines et les contrôleurs de la solde doivent s’activer pour leur affecter un matricule aux fins de leur permettre d’émarger mensuellement sur le budget de l’Etat. En somme, une nouvelle dépense. Une nouvelle dépense dont les ressources pouvaient être économisées et investies dans les secteurs porteurs d’avenir que sont l’éducation et la santé. Il suffit de nommer à ce poste un fonctionnaire plus ou moins compétent parmi tous ceux qui sont désormais payés à ne rien faire. Une situation de mal gouvernance qui embarrasse les partenaires qui sont au chevet de notre pays depuis plus de trois (3) ans et  qui mettent généreusement la main à la poche pour payer les salaires. Est – ce là la politique de la rupture tant chantée et tant attendue ? Devra – t – on attendre que l’Etat soit déclaré en faillite et abandonné par tous les bailleurs de fonds pour que l’on arrête de dépenser l’argent qu’on n’a pas ?

 Mieux encore, vu sous cet angle, cette méthode de faire envahir l’administration par des personnels hors statut et des retraités ne peut pas valablement jouer en faveur des jeunes diplômés qui, plus qualifiés techniquement, sont censés occuper la place de ceux qui sont déjà admis à faire valoir leurs droits. A ce rythme de recyclages permanents des hors statut et des retraités dont les limites avérées ne cessent d’avoir un impact négatif sur la performance des services de l’Etat, il ne fait aucun doute qu’aucune initiative courageuse ne sera prise pour l’intégration des ces milliers de diplômés qui attendent à la porte de la fonction publique et qui sont parfois obligés de recourir au service des armes pour subvenir à leurs besoins.

Fort de ce qui précède, on peut légitimement affirmer sans risque de se tromper qu’il n’ya pas honte pour un président de la République de bombarder ses parents  aux postes de ministres – conseillers, de chargés de missions, de directeurs généraux, de  directeurs de services et de chefs de services, si leurs noms figurent dans les fichiers de la fonction publique et s’ils en ont les qualifications requises. Il y a  par contre honte pour un président de la République de bombarder ses parents aux postes de ministres – conseillers, de chargés de missions, de directeurs généraux, de directeurs de services et de chefs de services, si leurs noms ne figurent pas dans les fichiers de la fonction publique, s’ils n’en ont pas les qualifications requises et s’ils viennent du privé, au détriment de ceux qui sont dans le service. Cela s’appelle non pas de la bonne gouvernance, mais de la mal gouvernance institutionnalisée. Quelle honte pour eux dans leur veste rapiécée, obligés de courir derrière un petit chef de service pour tel ou tel dossier ! Quelle  honte pour le président de  la République qui les a nommés à ces postes ! Quelle honte pour toute la République ! Mais qui vous dit que le ridicule tue dans ce pays ?

Jean – Paul Naïba

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