ENIEME CESSEZ-LE-FEU AU SOUDAN : Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?

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ENIEME CESSEZ-LE-FEU AU SOUDAN : Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?

Sous les auspices de la médiation américano-saoudienne, le Général Abdel Fattah Al Burhan et son rival, le Général Mohamed Hamdan Daglo dit Hemetti, qui se disputent le pouvoir à Khartoum, ont accepté de signer un nouvel accord de cessation des hostilités. L’annonce en a été faite, le week-end écoulé, par un communiqué conjoint de Washington et de Riyad, qui précise que ce nouveau cessez-le-feu qui « entrera en vigueur à 21h45 (19h45 heure GMT) le 22 mai », est prévu pour durer une semaine. La question que l’on peut se poser, est de savoir si cette fois-ci sera la bonne. D’autant que les précédentes trêves auxquelles s’étaient déjà engagés les belligérants, ont toujours connu le triste sort de leur violation systématique. Dans ces conditions, quel crédit pourrait-on accorder à la parole des deux généraux ennemis qui semblent engagés dans une lutte à mort pour le pouvoir, à en juger par la violence des combats et la détermination sans commune mesure à ne pas lâcher prise d’un côté comme de l’autre ? L’histoire, sans doute, nous le dira.

 

Le malheur du Soudan est aujourd’hui le duo Al Burhan – Hemetti

 

 En attendant, on peut saluer la coalition américano-saoudienne qui multiplie les efforts pour obtenir des belligérants, la cessation immédiate des hostilités en attendant de pouvoir les réunir autour d’une table pour ouvrir des négociations politiques visant à les amener à fumer définitivement le calumet de la paix. On peut aussi se féliciter que la médiation ait songé, cette fois-ci, en appui au cessez-le -feu, à la mise en place d’un mécanisme de surveillance soutenu par les deux capitales et la communauté internationale.  Mais cela suffira-t-il à faire taire durablement les armes dans ce pays où en un mois de combats, le nombre de victimes dépasse le millier de morts avec plus d’un million de déplacés et de réfugiés ? C’est tout le mal qu’on souhaite au Soudan qui ne cesse d’aller à la dérive depuis que les militaires se sont invités au débat de l’après-Omar El Béchir, du nom du tristement célèbre dictateur soudanais qui a fait, en 2019, les frais d’une révolution populaire ayant conduit à sa chute dans les conditions que l’on sait.  En tous les cas, le malheur du Soudan est aujourd’hui le duo Al Burhan – Hemetti qui, après avoir travaillé à évincer les civils de la gestion de la Transition, est en train d’ouvrir, si ce n’est déjà fait, les portes de l’enfer à son peuple pour une question d’ego. Le peuple soudanais qui a toujours exprimé son attachement à la démocratie et ses aspirations à de meilleures conditions de vie, ne mérite pas cette descente aux enfers. C’est pourquoi l’on ne peut que souhaiter que la diplomatie s’active davantage en veillant au respect de ce cessez-le feu d’une semaine, qui serait déjà un pas vers le retour de la paix.  Cela est d’autant plus nécessaire que la suspension des combats permettra de mieux organiser l’aide humanitaire au moment où la rareté des vivres commence à se faire sentir.

 

La communauté internationale doit maintenir ses efforts de paix, à l’effet de ramener les protagonistes à la raison

 

C’est dire combien cette lutte pour le pouvoir à Khartoum est déjà lourde de conséquences pour le pays qui, au-delà des difficultés économiques qui l’assaillent, se trouve plongé dans une crise humanitaire qui ne fait qu’en rajouter aux souffrances des populations. C’est pourquoi il est temps de trouver une solution à cette crise entre frères d’armes devenus frères ennemis, qui fragiliserait davantage le Soudan si elle devait perdurer. Autrement, le pays qui est déjà à la croisée des chemins, risque d’avoir encore plus de difficultés pour s’en relever. Sans oublier les conséquences de cette guerre fratricide pour le pouvoir, pour les pays voisins déjà confrontés à un flux massif de réfugiés. C’est pourquoi la communauté internationale doit maintenir ses efforts de paix, à l’effet de ramener les protagonistes à la raison, à défaut de se donner les moyens de les contraindre purement et simplement au dépôt des armes. Autrement, si cette énième initiative de paix devait se solder par un nouvel échec, on pourrait légitimement se demander d’où viendra le salut du peuple soudanais.  En tout état de cause, même si, comme le dit un adage bien connu, toute guerre finit toujours autour d’une table de négociations, la tentation est toujours grande, pour les protagonistes, de chercher à se retrouver en position de force. Et rien ne dit que le Général Al Burhan et son rival, le Général Hemetti, ne sont pas dans cette logique. En attendant, c’est l’espoir d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel, qui continue de s’amenuiser au Soudan qui est, aujourd’hui plus qu’hier, appelé à faire face à son destin.

 

 « Le Pays »

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