Elections 2020 – 2021 : pourquoi le gouvernement Ngrébada s’oppose – t – il à la représentation des partis politiques dans les démembrements de l’ANE ?

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L’association des malfaiteurs au pouvoir à Bangui, depuis mars 2016 à ce jour, en général, et le gouvernement Ngrébada, en particulier, n’en finissent pas de faire parler d’eux, tant dans l’opinion nationale qu’internationale, ainsi qu’au sein de toute la classe politique centrafricaine et toutes les forces vives de la nation, à savoir les partis politiques, les confessions religieuses, la société civile, les syndicats et autres. Une fois encore, ils font désagréablement la Une des analyses des internautes et des lanceurs d’alerte sur les réseaux sociaux.

Alors que les hostilités ont repris de fort belle manière dans nos principales préfectures, de la Vakaga à la Mambéré – Kadéi en passant par la Bamingui – Bangoran, la Haute – Kotto, l’Ouham, l’Ouham – Pendé, la Basse – Kotto et le Haut – Mbomou, avec leurs macabres litanies de pertes en vies humaines, d’incendies de villages et greniers, de déplacements des populations entières, suite à des actes de razzias, d’une part,  que plus de 85% du territoire national est sous contrôle des groupes armés, considérés comme les partenaires du régime de Bangui, conformément aux termes de l’Accord de Paix de Khartoum, et que l’on ne cesse d’assister à des mesures de restrictions des libertés individuelles et collectives, comme le démontrent de manière incontestée et incontestable la suspension du meeting du parti KNK, prévu dans les 92 Logements le samedi dernier, et l’arrestation manifestement illégale, injuste et arbitraire de l’activiste politique et panafricaniste centrafricain Fari Tahéruka Shabazz, jugé trop proche du président du Chemin de l’Espérance Abdoul Karim Méckassoua, et sa déportation à la tristement célèbre maison d’arrêt de Ngaragba le 5 mars 2020, d’autre part, le régime mafieux, dictatorial, sanguinaire, voire vampiriste de Bangui a ordonné à l’Agence Nationale des Elections en abrégé ANE de mettre en place ses démembrements locaux, avec des responsables locaux du MCU, comme seuls représentants des partis politiques.

Interrogée à ce sujet, elle prétexte que les représentants des partis politiques doivent être détenteurs du Bac, alors que cet interdit n’est écrit nulle part dans la loi. A notre entendement, n’en déplaise aux communicateurs de l’ANE, cette mesure permet tout simplement aux pouvoirs publics d’écarter les représentants des partis politiques et de n’en avoir en leur possession que les proviseurs et les censeurs, nommés par eux et encartés au MCU. A l’exception du président du MLPC Martin Ziguélé qui en fait sa bataille de l’heure, mais dont la voix ne cesse de résonner comme celle de Moïse dans le désert du Sinaï, tous les leaders des autres partis politiques, en général, et la COD 2020, en particulier, n’en parlent pas du tout, refusent de s’aventurer en provinces, et fort étonnement, semblent ne pas avoir conscience de cette insidieuse manœuvre politico – politicienne contre les fondements mêmes de notre démocratie, chèrement acquise en 1992.

Ceci étant dit, il est temps que les partis politiques se réveillent de leur longue nuit de sommeil et montent au créneau pour que le projet de loi portant organisation et fonctionnement de l’ANE revienne à l’assemblée nationale et que ce qui a été déjà  fait  par les experts de cette institution à Boda, Baboua, Mobaye et Paoua ne puisse plus se répéter ailleurs. Malheureusement, l’on assiste actuellement à une certaine totale démission de la part de tous les acteurs principaux de la vie politique nationale qui s’évertuent, à notre humble avis, à se battre uniquement sur des thématiques non essentielles par rapport aux élections du 2020 et 2021 ; apparemment, ils se laissent divertir sur l’objet du débat de l’heure, lequel doit être porté partout et de toutes parts sur le contenu des préparatifs de ces grandes échéances électorales. Pour rappel, dans le même ordre d’idées, peu avant les élections catastrophiques de 2010, alors que ces mêmes hommes politiques passaient le plus clair de leur temps à crier dans l’union des forces vives de la nation, la concertation des forces démocratiques, tutti quanti à Bangui ainsi que sur les réseaux sociaux, le général François Bozizé avait déjà pris de l’avance sur tous ses concurrents pour mettre  la main sur tous les Ceni locaux. La suite, nous la connaissons tous !

Sur ce, pour avoir assumé les fonctions de premier ministre, illo tempore, le président Touadéra a, assurément, en sa possession une certaine expertise , c’est – à – dire une certaine maîtrise réelle de la technicité en la matière, et les hommes de main pour les sales boulots sont toujours là, prêts à faire les lèches – bottes. De ce fait, il devient aussi urgent qu’impératif de dénoncer, aux yeux de la communauté internationale, de l’Ue, de l’Onu, de la France, des USA, de l’Ua, de la Ceeac et de la Cemac, cette dérive dictatoriale, dans le but primordial de reprendre dans les meilleurs délais la mise en place des démembrements locaux de l’ANE, exiger et d’obtenir in fine le retour sur la table de l’assemblée nationale du projet de loi relatif à cette institution. Il faut donc secouer le cocotier afin de faire tomber tous les fruits infectés.

Mais, sur ce point précis comme nous l’avons soutenu un peu plus haut, toute la classe politique de manière unanime donne l’impression tous les jours que Dieu fait sur cette terre des hommes d’avoir lâché la proie pour l’ombre, comme le Chien dans la fable de Jean de la Fontaine. Car, il est bien de se regrouper dans l’opposition à Bangui et y faire du vacarme, il n’en demeure pas moins cependant important de ne pas ignorer que la communauté internationale nous a démontré à plusieurs reprises qu’elle a pour mode de gouvernance de la crise centrafricaine le ponce – pilatisme, en cas de fraudes électorales. D’où l’impérieuse obligation de descendre « hic et nunc » dans l’arène, tels des gladiateurs avec leurs épées tranchantes face à des fauves enragés, pour imposer à tous la bataille sur l’ANE et la gagner haut la main. Et c’est ce que nous, à l’époque jeunes cadres dynamiques du MLPC du IVème arrondissement de la ville de Bangui, avions fait en 1992 et 1993 face au RDC du général Kolingba et à tous les autres partis politiques. Nous n’aurions jamais réussi à gagner, si nous n’avions pas pu réformer la Cemi, en mettant en place un gouvernement de large consensus. Il est, par conséquent superfétatoire de vouloir coûte que coûte réinventer la roue.

Mais comme il fallait s’y attendre, sentant venir ce coup et pour éviter la transformation de l’ANE en CEMI, le gouvernement Ngrébada, à la grande surprise des uns et des autres et avec la complicité active du mafieux président de l’assemblée nationale Laurent Ngon Baba, véritable homme de paille à la sole de l’association des malfaiteurs au pouvoir, pourtant mis en difficultés lors des travaux en commissions par le député de Bocaranga 3 et président du MLPC Martin Ziguélé, a décidé de retirer en catimini le projet de loi sur l’ANE, en profitant évidemment des vacances parlementaires.

Si les partis politiques dont les représentants siègent à la représentation nationale veulent assumer leurs responsabilités devant le peuple centrafricain, la nation tout entière, la communauté internationale et l’histoire, l’heure est déjà venue pour eux d’user de leurs pouvoirs du contrôle de l’action gouvernementale pour interpeller dans les meilleurs délais le premier ministre Ngrébada sur l’épineuse question de ce projet de loi, d’abord,  l’urgente nécessité d’harmoniser les amendements politiques devant être impérativement apportés aux différents chronogrammes de ces échéances électorales, ensuite, et les vives inquiétudes des ressources relatives à leurs financements, enfin.

Jean – Paul Naïba

 

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