Elections 2020 – 2021 : Les quatre raisons pour éviter à la RCA une crise pré et post-électorale

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La RCA est fragilisée par une crise qui a pris sa naissance des élections mal organisées et aux résultats tronqués de 2015. Et les autorités en place en Centrafrique dont Faustin Archange Touadéra le savent pour en avoir été les artisans et les heureux bénéficiaires de 2016 à ce jour.

« Errare humanum est, sed perseverare diabolocum », autrement dit « l’erreur est humaine, mais y persévérer est diabolique », avait prévenu Sénèque. Et Confucius de ne pas avertir en ces termes :  » L’homme sage apprend de ses erreurs, l’homme plus sage encore apprend des erreurs des autres »? Il va donc indubitablement sans dire que c’est plus un impératif démocratique catégorique que d’arrêter l’hémorragie dans la conception de la fraude et sa mise en œuvre dont le déroulé est actuellement en cours d’exécution et se passe au vu et au su de tous comme si de rien n’était. Mais tout porte à croire que ce plan hautement machiavélique de liquidation de la démocratie centrafricaine, acquise chèrement au prix d’âpres luttes et du sang de nos martyrs en 1992 n’emballe plus ou moins actuellement que la classe politique, que les conséquences politiques en termes de tensions sociales qui en découleront sont moins perceptibles à l’heure où nous mettons sous presse, et les risques ainsi totalement ignorés risquent de s’abattre telle une tempête de grêle sur tout le pays et dévaster tout sur son passage, comme tous les malheurs que le peuple a vécus hier et continue de vivre, pour lesquels Faustin Archange Touadéra fort étonnement se prend pour innocent, alors qu’il en porte la grande responsabilité en tant que chef du gouvernement, organisateur des élections chaotiques de janvier 2011. « Les mêmes faits ne produisent – ils pas les mêmes effets, si les mêmes conditions sont réunies ? « .

La République Centrafricaine est malheureusement dans ce cas de figure avec le plan diabolique de fraudes électorales massives mis en route par le régime de Bangui, par l’entremise de l’ANE dans les installations de ses démembrements locaux.

1- Pour éviter toutes ces dérives à venir et leurs conséquences néfastes et sociales à la RCA, il faut hic et nunc travailler à l’émergence réelle d’une volonté politique d’organiser des élections démocratiques, inclusives, libres, transparentes et incontestées. Fort désastreusement, l’organisation de ces  élections semble d’ores et déjà vicier à la base pour quelques raisons. La mise en place des démembrements de l’ANE a révélé au grand jour que  les responsables de l’ANE centrale et leurs démembrements locaux sont tout simplement inféodés au régime de Bangui. En constituent des preuves irréfutables des organisations chaotiques des structures préfectorales de l’ANE, en flagrante violation de la loi, des pratiques éhontées et d’opaques manoeuvres d’ instrumentalisations et d’utilisations des services déconcentrés de l’Etat, et ce n’est pas la présence de Réné Morouba Sankanga, commissaire de l’ANE et aussi conseiller juridique de Brigite Touadéra dans son organisation non gouvernementale qui nous démentira. S’inscrivent, en outre, dans ce registre déjà assez volumineux de critiques formulées à l’endroit de l’ANE,  les multiples et indiscrètes rencontres entre Evariste Ngamana, porte-parole du MCU dans les coins isolés de la ville de Bangui avec Julius Rufin Ngouadé -Baba, connu et reconnu pour des affaires similaires en 2016, lesquelles discussions dignes des mafiosi dans les restaurants huppés de la place ne sont pas de nature à rassurer plus d’un centrafricain. Autre fait majeur, le recrutement des agents recenseurs  de cartographie y compris des experts qui chantent les louanges du MCU, présage une bien mauvaise pollution de l’environnement électoral et mine dangereusement le processus. Qui dira mieux en l’espèce que la présidente de la Cour Constitutionnelle Mme Danièle Darlan  qui a déjà choisi son camp, qui a été  présente à l’Assemblée générale constitutive du MCU et qui sabote les fora des autres partis politiques. Comme nous pouvons le comprendre aisément, le plan de Touadéra de s’appuyer sur la Cour Constitutionnelle acquise à sa cause, en général, et sur la personne d’un certain Pierre Waboué, en particulier, réputé expert dans l’exécution de « salles boulots » en déclarant dans toutes les affaires, à elle soumise, la cour constitutionnelle incompétente ou compétente, selon le bon vouloir du chef de la mafia, le mathématicien de Damara, n’est plus à démontrer. D’ailleurs, les décisions de  cette cour ne s’imposent pas à Touadéra, la preuve en a été faite de son dernier arrêt suite à la saisine du compatriote Joseph Bendounga; ce qui dit ce que cela veut dire. Parjure, forfaiture et inféodation, Faustin Archange Touadéra joue ainsi donc son va-tout et s’en fiche pas mal des conséquences qui en adviendraient. La raison parce qu’il n’est pas assurément un Homme d’Etat.

2-La sous-estimation des enjeux ci – dessus dénoncés et le comportement complice et opportuniste de certains diplomates dans le plan Touadéra doivent être portés sur la place publique par toute la classe politique centrafricaine sans exclusive . En effet, il n’est aujourd’hui de secret pour personne que le gangster de l’association des malfaiteurs au pouvoir à Bangui, depuis mars 2016, qui s’appelle Faustin Archange Touadéra, n’a aucun fief, ni une préfecture qui lui est acquise. Pour pouvoir exister, son camp politique joue avec le sang des Centrafricains, en déstabilisation des régions entières, notamment dans la Vakaga, la Bamingui – Bangoran, la Haute – Kotto, la Basse – Kotto, le Haut – Mbomou, l’Ouham – Pendé et Autres, avec la complicité du ministre en relation avec les groupes armés à la Primature pour organiser la mascarade électorale en cours. Le tout sous l’oeil bienveillant de l’ambassadeur de l’UE Mme Samuela Isopi, qui devant les grandes  caméras du monde et en la méconnaissance totale de toutes les dérives dictatoriales du régime, se permet le luxe d’engager l’argent de l’Europe pour financer des élections déjà fraudées d’avance. Pour preuve, c’est le gouvernement qui organise les élections qu’est-ce que la cérémonie de signature de convention de financement de l’UE au processus électoral a à voir avec la présidence de la République ? Notre belle Samuela Isopi nationale  a-t-elle oublié tout simplement que c’est le gouvernement qui organise les élections et non la présidence dont le locataire est un probable candidat ? Pourquoi, à l’instar de certains de ses prédécesseurs, ne peut-elle pas entrevoir une telle proximité  avec le chef de file de l’opposition démocratique Anicet Georges Dologuélé et engager un débat franc avec lui sur la question de financement de ces élections, le projet de loi sur l’organisation et le fonctionnement de l’ANE et le possible glissement du calendrier électoral ? Son insensibilité totale aux questions du report des élections et ses accointances avérées avec le régime mafieux de Bangui sont de nature à jeter le doute sur le respect des obligations de réserve  auxquelles doit être astreint tout diplomate, de surcroît celui de l’Union Européenne.

3-Les compromissions établies de Touadéra, avant et au lendemain de la signature de l’Accord de Paix de Khartoum,  avec les groupes armés qui passent pour acteurs principaux du processus, ne sont pas à négliger et méritent d’être vigoureusement dénoncées. Car, il ne fait aucun doute que le plan de Firmin Ngrébada et Valérie Zakarov consiste à utiliser leurs partenaires  à des fins électoralistes. Une bien criminelle entreprise contre la démocratie qui est connue de tout le monde. A cet effet,  aujourd’hui Firmin Ngrébéda reçoit des leaders des groupes armés en privé et en rend compte régulièrement au fameux et illégal comité stratégique d’appui au processus électoral pour suivi, lequel comité au sein duquel siègent la communauté internationale et Mme Samuela Isopi, lors des réunions organisées à la présidence et à la primature. De ce fait, démobiliser, désarmer et cantonner tous les groupes armés, tel qu’il a été formellement arrêté par l’Accord de Paix de Khartoum,  est le point gênant pour le régime de Bangui qui a par ailleurs tout dilapidé les fonds alloués au DDRR. Le limogeage de Noël Sélésson et le silence de Wilibiro Sacko en disent assez suffisamment sur cette question et Firmin Ngrébada n’a pas tort de s’énerver au point de tomber en syncope, le jour de l’an 1 de cet Accord,  lors qu’il a été interrogé par nos confrères de Ndéké Luka sur la mise en œuvre du DDRR, malgré l’argent déjà déboursé. Cerise sur le gâteau, le ministre porte-parole du gouvernement a fait rigoler tout le monde en affirmant que les institutions financières internationales sont jalouses de leur fonds, alors que nous sommes dans un régime où tout est nu et sans scrupule.

En conclusions, une chose est d’aller aux élections, mais une autre chose est d’éviter de conduire tout un peuple  à la boucherie. Il appartient donc à toute la classe politique centrafricaine sans exclusive, de se lever comme un seul homme afin de secouer le cocotier, à l’exemple de ce que David Dacko, Ange Félix Patassé et Abel Goumba ont fait en 1992, allant jusqu’à contraindre par la rue le général Kolingba à une réforme en profondeur de la CEMI et la mise en place d’un gouvernement de large ouverture. Car devant la situation actuelle, elle n’a plus droit à l’erreur et au silence afin de sauver la Patrie du joug de la tyrannie et de la trahison.

A bon entendeur salut !

La Rédaction.

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