« Ma méthode est la meilleure qui soit, quoique les uns et les autres rechignent à ne pas le reconnaitre. Elle est et reste la seule voie qui nous permettra de convaincre les différents groupes armés d’adhérer au processus DDRR et de retrouver le chemin de la paix, de la sécurité et de la réconciliation nationale ». « Je ne suis pas élu par les centrafricains pour faire la guerre à des centrafricains. C’est pourquoi je reste convaincu que c’est par le dialogue et une politique de main tendue que l’on trouvera une solution durable à la crise sécuritaire actuelle ». « Je dis et le redis à qui veut l’entendre que ma méthode est la bonne ».
Telles ont toujours été les réponses du mathématicien de Boy – Rabé aux inquiétudes de la majorité du peuple centrafricain face au regain des hostilités et des violences dans le pays, et en réaction à son incapacité totale à y mettre un terme. A ce jour, personne ne peut les démentir. Ni la présidence de la République, ni la primature de son cher aîné Sarandji, ni le gouvernement, ni les thuriféraires de leur régime et leurs laudateurs fieffés ne peuvent avoir l’argumentaire nécessaire pour les contredire. Telle a été, reste et demeure l’approche de leur mentor à la résolution de la crise sécuritaire actuelle.
En réalité, cette méthode qui ressemble fort étrangement à celle d’un professeur d’université qui, du haut de sa chaire dans un amphithéâtre plein à craquer, croit seul détenir et posséder la vérité, non seulement n’est pas la bonne qui soit, puisqu’elle n’a jamais réussi à faire taire un tant soit peu les détonations des armes et les exactions des seigneurs de guerre et des bandes armées sur les populations civiles, mais surtout passe dans la conscience collective et pour la majorité des centrafricains pour la moins efficace et la moins efficiente, étant dénuée de toute force coercitive ou contraignante. Elle ne peut pas être bonne, efficace et efficiente puisqu’en sa qualité de président démocratiquement élu, de garant de la République et de chef suprême des armées, il ne se devait pas de recourir aux négociations avec des bandits armés qui s’opposent à l’autorité de l’Etat, mais devait légalement user de la violence légitime pour les neutraliser et donner ainsi forme à ses promesses de sécurisation et de pacification du pays.
Et animée foncièrement par une absence totale de sincérité et guidée uniquement par l’esprit de roublardise qui caractérise sa gestion des affaires de la cité, depuis plus de deux ans, sa fameuse « bonne méthode » et sa politique de main tendue ne pouvaient que susciter méfiance et une certaine répulsion de la part de ses interlocuteurs. Alors, devrait indubitablement suivre ce qui devrait tout naturellement suivre.
C’est ainsi que, comme les leaders de certains partis politiques, au rang desquels la CRPS, le RPR, le Patrie et l’Urca, qui ont immédiatement tu leurs discordances, au lendemain de son accession à la magistrature suprême de l’Etat, pour créer l’union sacrée autour de sa personne et qui ont été obligés par la suite de l’abandonner à son triste sort, pour avoir été victimes de sa roublardise, de son non – respect de la parole donnée et de ses méthodes de tricherie, les seigneurs de guerre et leurs suppôts étrangers ont jugé plutôt utile de prospérer dans leur conquête du territoire national et leurs propensions machiavéliques à la partition de la République que de continuer à croire à un homme qui ne tient jamais parole. Le regain des hostilités et le contrôle de plus de 85% du territoire national, avec leurs cohortes de tueries, d’exécutions extra – judiciaires, d’incendies de maisons et de greniers, de destructions de biens publics et privés et de déplacements de milliers de familles, seront tout simplement leur réponse aux comportements ambivalents et duplicités de l’homme de Boy – Rabé. A telle enseigne que, acculé de toutes parts et pour s’en sortir, il a été obligé de se tourner, d’abord, vers ses pairs des Etats de la CEEAC, et ensuite vers l’UA, pour demander et obtenir l’organisation et la tenue d’un dialogue politique inclusif, entre lui et les groupes armés, prenant ainsi le soin d’y écarter toutes les forces vives de la nation, à savoir les partis politiques et la société civile. Mais, alors que tout a été fait, après plusieurs mois de travail, de rencontres et d’échanges avec tous les autres protagonistes de la crise et qu’il ne lui restait plus qu’à donner son point de vue sur le lieu où devra se tenir ce dialogue politique inclusif, comme à son habitude, Touadéra se rebiffe et fait un virage à 390°.
Pour s’être rendu compte de gros risques qu’il fera courir à lui – même et surtout à son pouvoir en s’y rendant : quelle réponse donnera – t – il à la question d’amnistie tant exigée par les groupes armés ? Que dire du départ immédiat et sans condition de son cher aîné de la primature et de la nomination d’un premier ministre de consensus ? Cette rencontre n’est – elle pas tout simplement un piège- à – rats où il sortira complétement dépouillé de tous ses pouvoirs ? Pour y échapper et certainement pour gagner plus de temps, l’homme se retourne vers certains partis politiques, certaines organisations de défense des droits de l’homme et de la jeunesse, et certains groupements syndicaux. Moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, il les instrumentalise aux fins de s’opposer à la tenue du dialogue politique inclusif avec les groupes armés, en se fondant sur les recommandations du Forum de Bangui qui rejettent toute idée d’une quelconque amnistie et du retour des bourreaux du peuple au pouvoir. Pour les convaincre, il leur fait miroiter sa volonté et sa totale détermination à organiser à Bangui un dialogue politique auquel toutes les forces vives de la nation y prendront part, à Bangui, évitant soigneusement de leur dire les raisons qui l’ont motivé à enfouir dans les placards de son bureau, les propositions des partis politiques et l’initiative parlementaire pour la résolution de cette crise centrafricano – centrafricaine.
C’est ce qui explique et justifie ces derniers temps les sorties tonitruantes et médiatiques de certains partis politiques, de certaines organisations de défense des droits de l’homme et des diverses associations des femmes et de la jeunesse, sur cette question de dialogue politique. Des rencontres qui se poursuivront encore dans les jours à venir.
Ainsi donc, comme Touadéra n’avait pas hésité à recourir à l’argent et à la corruption pour faire mains basses sur le bureau de l’assemblée nationale, l’homme, voyant son fauteuil vaciller sous ses pieds, paie et instrumentalise les forces vives de la nation pour s’opposer farouchement à la tenue du dialogue politique inclusif. Dans le même temps, comme si l’homme toujours égal à lui ne voulait pas entendre parler de ce dialogue, il somme son gouvernement d’engager des pourparlers avec des groupes armés, à Khartoum au Soudan, sous l’égide de la Russie, du 10 au 11 juillet 2018.
Quousque tandem abutere, Touadéra, patientia nostra ?