DIALOGUE POLITIQUE EN COTE-D’IVOIRE : La balle est plus dans  le camp du pouvoir  

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DIALOGUE POLITIQUE EN COTE-D’IVOIRE

La balle est plus dans  le camp du pouvoir

Depuis le 31 octobre dernier, date de la tenue de la présidentielle qui a vu la victoire, avec un score à la soviétique, de Alassane Dramane Ouattara (ADO) et même avant, c’est -à-dire depuis que l’enfant de Kong a fait le choix de rebeloter pour un 3e mandat, la Côte-d’Ivoire s’est installée dans un manichéisme politique chargé de tous les dangers. D’un côté, l’on a le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) qui entend défendre, bec et ongles, le 3e mandat fraîchement acquis de son mentor. De l’autre, on a la coalition de l’Opposition regroupée autour de Henri Konan Bédié qui, non seulement ne reconnaît pas la victoire d’Alassane Ouattara, mais aussi a mis en place une structure politique, le Conseil national de la transition (CNT) chargé de gérer la Côte-d’Ivoire jusqu’à l’organisation de nouvelles élections. Cet acte a irrité le pouvoir au plus haut point. Résultat : certaines personnalités de l’opposition ont été arrêtées dont Pascal Affi N’guessan. D’autres ont été pratiquement placées en  résidence surveillée. D’autres encore, les plus heureuses peut-on dire, ont pu traverser les frontières ivoiriennes. En rappel, 85 Ivoiriens ont perdu la vie dans des violences liées à la présidentielle. C’est dans ce contexte que Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se sont rencontrés le 11 novembre dernier à l’effet de faire  baisser la tension politique. Suite à cette rencontre, l’opposition avait, entre autres, exigé la libération de ses membres. Et cela est une des conditions pour qu’elle poursuive le dialogue politique avec le pouvoir. Et sur la question de l’élargissement des personnalités politiques, l’opposition vient d’être confortée dans sa position par Amnesty International. En effet, la structure de défense des droits de l’Homme a produit un rapport, le 16 novembre dernier, dans lequel elle dénonce le caractère arbitraire de la détention de l’opposant Affi N’guessan et d’autres opposants dans le cadre de la crise liée au scrutin présidentiel.

 

Il y a de fortes chances qu’ADO  laisse la Justice aller jusqu’au bout

 

En conséquence, Amnesty international exige leur libération immédiate. En outre,  l’ONG internationale demande « aux autorités ivoiriennes d’enquêter sur les violences sanglantes et de traduire en justice, les responsables ». Comme l’on pouvait s’y attendre, ce rapport a provoqué l’ire du gouvernement. Son porte-parole, Sidi Touré, s’est insurgé en ces termes : «  Nous avons constaté en l’occurrence certaines contrevérités dans le contenu du communiqué. Dans la liste de ces contrevérités, il faut relever que  pour toutes les personnes mises en cause, leur arrestation n’est aucunement arbitraire ». Pour le gouvernement donc, ces arrestations sont fondées. Au moins 30 charges ont été retenues contre  Affi N’guessan dont le complot et l’atteinte à l’autorité de l’Etat. En rappel, Pascal Affi N’guessan a été l’éphémère porte-parole du Conseil national de transition (CNT),  du nom de l’organe créé par l’opposition et censé se substituer aux institutions de la République. Bien avant cet acte, il avait, au nom de l’opposition, appelé au « boycott actif » de la présidentielle. La suite, on la connaît : 85 morts et une foultitude de blessés. Le gouvernement lui impute tout cela. En tout cas, moralement, on ne peut pas dire que Pascal Affi N’guessan n’a rien à voir dans ce drame. Et ce qui pourrait plaider davantage contre lui, c’est que sa ville natale, Bongouanou, avait été l’un des épicentres des violences meurtrières. De ce point de vue, l’on peut s’attendre à ce que ADO n’accède pas à la demande d’Amnesty international.  En tout cas, pas de sitôt. Car, Alassane Ouattara a aujourd’hui le rapport de forces en sa faveur. En effet, sa victoire a été   reconnue par la communauté internationale. Mieux, le grand chef des Blancs, c’est-à-dire Emmanuel Macron, vient de le féliciter chaleureusement. De quoi donc a-t-il peur aujourd’hui ? Rien. Il y a de fortes chances donc qu’il  laisse la Justice aller jusqu’au bout. C’est après, peut-être, qu’il fera intervenir une probable amnistie pour faire libérer les condamnés dans le cadre d’une politique de réconciliation nationale. Ce scénario n’est pas farfelu et la communauté internationale l’y  invite déjà. En tout cas, la balle est plus dans son camp. Et il lui revient de savoir la manier pour éviter à la Côte-d’Ivoire un auto-goal.

 Pousdem PICKOU   

Le Pays

 

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