Désarmement au Km5 : « Nous sommes intervenus à la demande des populations », dixit M. Touadéra !

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Un président de la République ne devait pas s’exprimer ainsi !
L’adresse faite par Faustin Archange Touadera à ses concitoyens ce mercredi soir a au moins démontré une chose : il ne faut pas compter sur lui pour utiliser la force afin de rétablir la sécurité et imposer la paix.
« Ce sont les groupes de criminels qui ont pris le kilomètre 5 en otage. Alors que la Minusca et le Gouvernement ont répondu à une demande des populations qui n’en peuvent plus des crimes et autres rackets de ces groupes en menant une opération de désarmement, ces derniers veulent instrumentaliser la question religieuse. Je suis pour le dialogue et pour le désarmement volontaire. C’est pourquoi, je soutiens toutes les initiatives du panel de facilitation de la mise en œuvre de la feuille de route de l’Union africaine qui a déjà recueilli les revendications des groupes armés. Nous allons travailler ensemble sur les pistes de sortie de crise ».
Voilà ces quelques mots qui résument le mieux la déclaration du président centrafricain à ses compatriotes en Sango.
Alors que l’on s’attendait à plusieurs annonces significatives, comme par exemple, l’instauration de l’État d’urgence exclusivement pour le kilomètre 5 et la poursuite de la traque de tous ces fauteurs de troubles afin de débarrasser le troisième arrondissement de toutes les zones de non-droit, Faustin Archange Touadera n’a en effet pris aucune mesure.
Le président centrafricain s’est borné à faire des constats comme le commun des mortels et des incantations, tel un charmeur de serpent. En somme, un simple travail d’inventaire qui ne fait qu’entretenir le sentiment que Faustin Archange Touadera n’est pas un homme de poigne, capable de faire la guerre pour ramener la paix et la sécurité dans le pays.
Quel effet aura donc cette déclaration du chef de l’État sur un « Force » ou un autre, si ce n’est d’être perçu par ces derniers comme un appel à reprendre leurs actes criminels en attendant le désarmement ?
Or, l’on s’attendait à ce que le président de la République puisse taper du point sur la table. Montrer ses muscles et indiquer à ces hors-la-la que la République ne s’accommode nullement d’acte de rébellion et qu’en se mettant en dehors du cadre légal, ils s’exposent à la sanction, qui n’est que le juste retour du risque pris par le délinquant. Car, comme le dit Jean-Louis Debré, l’autorité impose que l’on rétablisse la juste valeur de la sanction et de la responsabilité individuelle.
Doit-on rappeler au président de la République que l’initiative africaine n’est nullement la panacée à la crise centrafricaine et que, il est manifestement illusoire de penser que les groupes armés vont volontairement se désarmer, tant qu’il n’y aura pas un mécanisme contraignant. D’autant que le rapport de force est aujourd’hui, quoi qu’en dise, à leur avantage. Faustin Archange Touadera doit se rendre compte que ce n’est point être un va-t-en-guerre que de restaurer l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire par tous les moyens légaux, y compris la violence légitime de l’État.
Ce qui, d’ailleurs, est une stricte conséquence de l’article 4 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui énonce que : « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».

Adrien Poussou

Source : ÉDITO DE BANGUI FM DU 12.04.18

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