DÉCLARATION DE L’URCA SUR LA REUNION CONVOQUÉE CE JOUR ENTRE LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET LES PARTIS POLITIQUES

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Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs,

Je suis André Nalkè Dorogo, Premier vice-Président de l’URCA. Je prends la parole au nom du Bureau Politique de mon Parti, et surtout au nom du Président Anicet Georges Dologuele, absent de Bangui, mais qui n’a pas pu rentrer à temps, du fait du délai très réduit entre la date de convocation de cette réunion et la date de sa tenue.

Monsieur le Président,

Notre pays traverse les moments les plus durs de son histoire. Son intégrité est déjà remise à caution et sa souveraineté gravement menacée.
Pendant que plus de 80% du territoire est occupée par des bandes armées, nous faisons semblant, à Bangui, de vivre dans un pays normal et nous dépensons beaucoup d’énergie dans le sport national qui a toujours caractérisé l’élite centrafricaine : la détestation mutuelle. Les hommes politiques centrafricains se mettent rarement ensemble pour une cause, ils ne se mettent ensemble que contre quelqu’un.
Sinon, comment expliquer que pour cette cause tellement évidente, le Président de la République n’a jamais, de sa propre initiative , réuni régulièrement les leaders politiques avec un ordre du jour très précis, pour recueillir leurs avis ? Ils ont eux-mêmes pris l’initiative de solliciter des rencontres, mais cela est apparu très vite encombrant.

Monsieur le Président,

La situation de notre pays est aujourd’hui très grave. L’initiative de l’Union Africaine, unique cadre mondialement validé pour la résolution de conflit centrafricain, a été signée depuis 17 mois. Les revendications des groupes armés ont été communiqués au Gouvernement et les réponses du Gouvernement ont été préparées. Le Président de la Commission de l’Union Africaine vient de proposer un calendrier de rencontres. Tous les éléments sont donc là pour permettre un travail sérieux de préparation.
Il serait donc logique de mettre tous ces documents à la disposition des partis politiques et de leur laisser quelques jours pour s’organiser, ceux de la majorité d’un côté , ceux de l’opposition de l’autre, suivi d’une séance de confrontation et de mise en harmonie des idées, avant de rencontrer l’Exécutif pour une séance de travail autour d’une table.
Au lieu de cela, on nous convoque de manière lapidaire dans la salle de cinéma du Palais, dont le format ne permet pas des échanges constructifs.
Monsieur le Président, vous pouvez vous sentir à l’aise dans ce qui ressemble à un amphithéâtre où, dans un scénario désormais connu, vos laudateurs viennent vous magnifier et traiter les autres d’ennemis de la Nation.
De manière très surprenante, votre gouvernement, par la voix de son porte-parole, avait affiché beaucoup de mépris face au mémorandum de certains partis politiques et leaders de la société civile, qui réclamaient une participation active des forces vives de la Nation dans l’Initiative de l’Union Africaine pour la Paix en RCA. Dieu merci, la Commission de l’Union Africaine et la Communauté internationale ont accordé plus d’attention à ce mémorandum et l’ont pris au sérieux.

L’URCA et son Président ont régulièrement montré leur sens très élevé de patriotisme et d’abnégation face à l’intérêt supérieur des Centrafricains. Il n’est point besoin de nous rappeler que votre présence au Pouvoir aujourd’hui est le fruit de cette abnégation républicaine du Président de lURCA.
Fort de tout ce qui précède, nous pensons que la réunion d’aujourd’hui ne pourrait avoir de sens que si elle était bien préparée. C’est pourquoi nous vous demandons de la différer, de mettre à notre disposition tous les documents déjà disponibles sur le dialogue prochain et de permettre aux différentes entités politiques, majorité et opposition, de se préparer pour une séance de travail avec l’Exécutif, dans un format qui permettra un travail sérieux.
Nous nous abstenons donc de prendre part à la réunion d’aujourd’hui, sous le format et la méthode que vous avez unilatéralement décidé et qui ne produiront aucun résultat sérieux. Il s’agit de la survie de notre Pays. Le sujet est suffisamment important pour appeler les uns et les autres à plus d’humilité.
Je vous remercie .

 

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