Cryptomonnaies : en quoi la régulation unique souhaitée par la Banque centrale européenne intéresse l’Afrique

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(Agence Ecofin) – En Europe, les dirigeants communautaires poussent vers une régulation harmonisée. En Afrique, les pays et les sous-régions ne semblent pas encore placer la question au sein des urgences. Pourtant, l’Europe partage avec des pays du continent, bien plus que l’histoire et le commerce.

Alors qu’elle intervenait dans le cadre du Conseil européen des risques systémiques, Christine Lagarde (photo), présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a défendu l’idée d’une régulation harmonisée des cryptoactifs et donc des cryptomonnaies au sein des 19 pays membres de sa zone de compétence. Sa recommandation faisait suite à l’adoption provisoire par les pays d’une régulation commune à cet effet.

« Les innovations dans ces territoires inexplorés et non répertoriés font courir des risques aux consommateurs, où l’absence de réglementation couvre souvent la fraude, des affirmations totalement illégitimes sur l’évaluation, et très souvent la spéculation, ainsi que des opérations criminelles », a fait savoir Mme Lagarde. En effet, le cadre réglementaire adopté par les pays de la zone euro devra encore faire l’objet de validation en interne par les pays qui ont des stratégies et des objectifs différents pour les cryptoactifs.

Durant le quatrième trimestre 2021, la demande des investisseurs pour les cryptomonnaies a gonflé la valorisation globale de ces actifs, les faisant atteindre les 3000 milliards $. Mais au 1er juillet 2022, les investisseurs ont collectivement enregistré des pertes potentielles pouvant atteindre les 2000 milliards $, depuis novembre 2021. Cette dynamique survient alors que ces produits financiers ne sont plus périphériques, car des banques réputées et des firmes d’investissement s’y sont positionnées.

L’Afrique n’échappe pas aussi à la mode des cryptomonnaies. Si ces actifs sont échangés dans plusieurs pays de la région, la progression la plus emblématique est celle de la République centrafricaine qui a fait du Bitcoin, une monnaie ayant cours légal, même pour le paiement des impôts et taxes. Récemment, une responsable de la Banque centrale qui régule l’émission de la monnaie dans ce pays, a indiqué que des réflexions étaient en cours pour mieux comprendre et analyser le phénomène.

Pour l’instant, la question d’une régulation harmonisée des cryptoactifs n’est même pas encore évoquée publiquement par les pays africains. Pour le moment, ces produits financiers sont admis dans 7 pays africains, dont la Centrafrique, comme monnaie légale. Ils sont formellement interdits dans 4 pays. 27 autres juridictions semblent les tolérer et plusieurs autres pays n’ont encore rien dit à ce propos.

Les cryptomonnaies ont pourtant rapidement gagné en confiance au sein de la région. Elles sont perçues par beaucoup comme une opportunité de s’enrichir. D’autres y sont par volonté de s’échapper des monnaies qualifiées de coloniales. Mais quel qu’en soient les motivations, les cryptomonnaies évoluent en Afrique dans un écosystème établi qui génère ses emplois et ses opportunités, mais aussi des risques comme celui de l’utilisation des régulations plus faibles.

Les évolutions en Europe sont d’autant plus à suivre par les pays membres de l’UEMOA et de la CEMAC, dont les monnaies sont liées à l’euro par une parité fixe, mais aussi dont les membres de la diaspora adoptent progressivement le Bitcoin comme mode d’assistance financière pour leurs familles restées dans leurs pays d’origine.

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