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Cryptomonnaies: avantages, risques, manœuvres frauduleuses, précautions et perspectives

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Cryptomonnaies: avantages, risques, manœuvres frauduleuses, précautions et perspectives

LANDOZI Saharou

En vogue depuis quelques années, le terme « cryptomonnaie » a encore de quoi constituer un mythe pour bon nombre. Et ce qu’il convient de nommer un « phénomène » emballe toute catégorie de personnes. Mais, de quoi s’agit -il concrètement, et quels avantages et risques présente ce nouvel outil de la finance mondiale ? Comme se prémunir des manœuvres frauduleuses dont il fait l’objet ?  Quel est l’état des lieux en Afrique, et à quoi pourrait-on s’attendre de ce marché dans les marchés à venir ? Autant de questions auxquelles répond ce texte plutôt didactique de Landozi Saharou, Docteur en Gestion, spécialiste en finance du marché et finance d’entreprise.


0– Introduction

Entre Elon Musk, l’homme le plus riche au monde qui a montré l’importance des cryptomonnaies et a même favorisé leur popularité par ses prises de parole ou ses tweets et Paul Krugman, prix Nobel d’économie en 2008 ; pour qui les cryptomonnaies sont comme une monnaie construite non pas sur du sable mais sur du rien du tout et qui de surcroît les compare à la bulle immobilière américaine de 2008, il a lieu de chercher à comprendre pour le commun des agents économiques comme vous et moi : C’est quoi une cryptomonnaie ? Quels sont les avantages et les risques du marché des cryptomonnaies ? Quelles sont les manœuvres frauduleuses sur ce marché, comment s’en prémunir ? Et enfin, quelles sont les perspectives pour le marché des cryptomonnaies dans un contexte économique mondial instable ?

1 – Définition

Pour définir une cryptomonnaie de façon simple, on va partir des monnaies que nous connaissons. Tout le temps, nous utilisons la monnaie fiduciaire, c’est-à-dire les pièces et les billets de monnaie tangibles émis par la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest) et la monnaie scripturale c’est-à-dire les écritures passées sur les comptes en banque, dans les marchés boursiers et autres institutions financières. La caractéristique distinctive de ces monnaies en opposition aux cryptomonnaies est qu’elles sont émises et régulées par des institutions étatiques ou supra-étatiques telles que la Réserve Fédérale des Etats-Unis pour les Dollars, la BCEAO pour le CFA.

Depuis 2009, c’est à dire au lendemain de la crise financière de 2008 qui a montré la faiblesse du système financier classique, celui des marchés bancaires et des marchés boursiers, il est apparu une forme de monnaie qui n’est pas générée par le système bancaire mais plutôt par des codes informatiques jusque-là qualifiés d’infalsifiables appelés « blockchain » dont la première est mise au point par un certain Satoshi Nakamoto. Ce sont des monnaies virtuelles, ou simplement, des monnaies qui n’ont pas une forme physique. Elles peuvent être détenues par tout individu dans des portefeuilles protégés par un code secret. Elles utilisent des algorithmes, pour assurer la fiabilité et la traçabilité des transactions et permettent des échanges de pair-à-pair c’est-à-dire entre particuliers sans interventions de structures étatiques de contrôle.

2 – Etat des lieux en Afrique et au Togo

Les statistiques ne sont pas encore très élaborées au plan national, mais au plan africain, selon le dernier rapport de la CNUCED paru en Juin 2022, le Kenya vient en tête des pays africains ayant une forte proportion d’habitants qui utilise les cryptomonnaies avec un taux d’utilisation de 8,5%. Précisons qu’au plan mondial, il occupe la cinquième place. Il est suivi par l’Afrique du Sud et le Nigéria avec des taux respectifs de 7,1 et 6,3%. Par contre, en termes de volume de transaction, le Nigéria est le Premier pays africain. Ces pays sont bien loin devant les pays comme la France et les USA.

les cryptomonnaies intéressent les gens surtout par l’effet de rentabilité qui a été remarqué depuis un bon bout de temps

Toutefois, en 2020 et 2021 des statistiques de l’institut privé Chainanalysis, placent le Togo respectivement en première et troisième (derrière le Kenya et le Nigéria) position en Afrique et respectivement vingtième et neuvième place au monde en matière d’adoption des monnaies numériques. Chose peu curieuse qu’on pourrait attribuer à la prolifération des sociétés de trading qui a marqué l’environnement des affaires les années précédentes. Ces sociétés ont investi l’épargne illégalement collectée auprès de personnes contre des promesses de forts retours sur investissement dans des cryptoactifs parfois avec et souvent sans leurs consentements. Pendant un moment, c’était la seule issue qui leur permettait de trouver des rentabilités sur ces marchés de cryptomonnaies qui sont bien au-delà des taux d’intérêt qu’elles ont annoncés aux épargnants afin de se prémunir contre les risques d’insolvabilité. C’était sans compter sur les risques d’investissement liés aux marchés de cryptomonnaies.

Cela dit, en dépit du manque de statistiques au plan national et au regard de ce que nous observons dans notre environnement immédiat, on peut affirmer que les cryptomonnaies intéressent les gens surtout par l’effet de rentabilité qui a été remarqué depuis un bon bout de temps. Je connais beaucoup de personnes, amis ou proches, qui ont mis leurs économies dans les monnaies numériques. Il y en a même qui ont un faible niveau de bancarisation mais qui possèdent des cryptoactifs.

3 – Avantages des cryptomonnaies

Malgré tout ce qu’on pourrait être amené à dire sur les monnaies numériques, il est évident que dans le fond et dans la forme, elles permettent :

a. primo, un service plus rapide. Les transactions avec les monnaies numériques ont montré leur efficacité ;

b. secundo, des coûts de transactions beaucoup plus bas que ceux pratiqués par les banques classiques ;

c. tertio, une plus grande inclusion financière. C’est-à-dire que le développement des monnaies numériques permet à travers les transactions, les paiements, l’épargne et même le crédit de faciliter l’accès des individus et des organisations surtout défavorisés ou qui hésite à se bancariser à toute une gamme de produits et services financiers.

Ces avantages leur confèrent un engouement certain qui est amplifié par un effet de curiosité sur un marché nouveau, fortement rentable et une technologie nouvelle jusqu’à présent qualifiée d’infalsifiable.

Tellement ce type nouveau de transactions annonce une liberté financière en s’opposant à la façon institutionnelle et traditionnelle de créer et de réguler les flux monétaires que même certains Etats qui ont de la difficulté à organiser leur politique monétaire ou qui veulent sortir de la domination d’une monnaie l’ont adopté. Le Salvador étant le premier pays à légaliser l’utilisation de la monnaie numérique en Septembre 2021 ensuite, la Centrafrique en Avril dernier.

4 – Craintes

Cela dit, comme on peut s’imaginer, certaines caractéristiques défavorables mais intrinsèques, à leur fonctionnement peuvent susciter des inquiétudes quant à leur pleine capacité à remplir tous les atouts que je viens de citer.

a. Premièrement, ce sont des craintes de légalité et de légitimité. Les possibilités qu’elles permettent de contourner les Etats et les instances de régulation donnent à réfléchir. En effet, le marché des cryptomonnaies est comme un far ouest où passent tout type de transactions légales mais aussi et surtout illégales. Aujourd’hui, la plupart des transactions illicites c’est-à-dire : les rançonnements, les fraudes, les trafics de stupéfiants, les contournements de sanctions …etc, passent par les monnaies numériques. Le réel problème que pose ces craintes est le vide juridique dont bénéficient les cryptoactifs.

b. Deuxièmement, C’est une crainte relative à l’excès de liberté dans le secteur qui a engendré la création tout azimut de monnaies et d’instruments financiers. Plus de six mille cryptomonnaies existent aujourd’hui dans le monde avec une capitalisation de 3 000 milliards de dollars en Novembre 2021. Le manque de régulation, l’absence d’organes étatiques de coercition favorisent les grandes dérivent. C’est Platon qui disait que « l’excès de liberté ne peut tourner qu’en excès de servitude pour un particulier aussi bien que pour un état ».

c. Troisièmement, c’est une crainte liée à sa technologie c’est-à-dire la cryptographie. Il faut savoir que la plupart les opérations exécutées sur internet aujourd’hui, qu’il s’agisse d’achats en ligne, de transactions bancaires, de messageries avec les médias sociaux, sont cryptées. Or, pour donner un exemple, plusieurs applications de messageries nous ont rassuré parlant de messages et d’appels cryptés de bout en bout. Elles nous ont rassurés qu’aucun tiers, pas même, les administrateurs desdites applications ne peuvent accéder à nos messages et appels. Mais, il a fallu qu’éclate l’affaire PEGASUS pour qu’on comprenne que toute cette assurance de technologie cryptée a été mise à rude épreuve par un logiciel espion de la société israélienne NSO. On peut se poser alors la question d’une possible vulnérabilité de la cryptographie, cette technologie informatique à la base des cryptomonnaies.

d. Et quatrièmement, c’est une crainte liée à l’évolution de la technologie, il existe déjà des technologies développées par des Etats puissants dont le fonctionnement va rendre caduque la technologie de la cryptographie et la plus en vue aujourd’hui est la technologie du quantique. A ce qui est jusque-là annoncé, l’ordinateur quantique pourra résoudre en quelques fractions de secondes ce que la plupart des ordinateurs développés actuellement mettent des mois voire des années à résoudre. Il y aura donc dans un avenir proche, des possibilités de déchiffrer ce qui est pour le moment crypté par la technologie de la blockchain.  Cette quatrième crainte est encore en rapport avec l’avenir de la technologie qui sous-tend les cryptomonnaies c’est-à-dire la cryptographie.

L’inconvénient majeur pour le système financier, c’est le risque d’un effet domino des marchés de cryptomonnaies sur les marchés bancaires ou boursiers classiques.

5 – Inconvénients des cryptomonnaies

Ces craintes ouvrent la voie à de potentiels risques. Tant pour les agents économiques, les marchés financiers que pour les Etats.

a. L’inconvénient majeur pour les agents économiques est que ce type d’actif présente une plus grande volatilité. C’est-à-dire un plus grand risque que vous courez en plaçant votre argent dans ces actifs.

b. L’inconvénient majeur pour le système financier, c’est le risque d’un effet domino des marchés de cryptomonnaies sur les marchés bancaires ou boursiers classiques. C’est-à-dire une répercussion des réactions positives et négatives surtout celles négatives des marchés de cryptomonnaies sur les marchés classiques. Ce risque n’est qu’une illustration de la loi de Gresham. Thomas Gresham est un économiste anglais du XVI -ème siècle qui a constaté que dans une économie où circulent deux types de monnaie, une bonne et une mauvaise, « la mauvaise monnaie chasse la bonne » jusqu’à ce que la puissance publique mette de l’ordre.

c. L’inconvénient majeur pour les Etats, c’est l’impossibilité de contrôler tout un pan de l’économie dont le fonctionnement ne permet pas d’assurer la sécurité des biens, voir des personnes et surtout ne permet pas de collecter l’impôt.

6 – Sommaire sur l’état actuel du marché

En conséquence de ces risques, c’est la débâcle actuellement sur le marché des cryptomonnaies. D’une capitalisation boursière de plus de 3 000 milliards de dollars, son pic en Novembre 2021, l’ensemble du marché ne vaut actuellement qu’à peine 700 ou 800 milliards de dollars. Vous vous rendez compte ? plus de 70% de dépréciation et les mauvaises nouvelles continuent de s’accumuler. Le Bitcoin est tombé sous les 20 000 dollars perdant ainsi plus de 70% de sa valeur depuis son record historique de Novembre 2021 qui était de 67 000 dollars. La descente aux enfers est plus marquée pour la deuxième cryptomonnaie en capitalisation boursière, l’Ether qui a perdu près de 80 % de sa valeur. L’indice Fear and Greed qui mesure la peur et l’avidité des investisseurs ou simplement le sentiment d’un marché par rapport à un actif est descendu jusqu’à 6 points sur 100. Un point trop bas qui veut dire que monsieur « tout le monde » pense que ce marché n’est pas digne de confiance. L’aversion au risque conduit bon nombre d’investisseurs à retirer leur argent.  Cela pousse la plupart des plateformes même les plus dynamiques telles que Binance, Celsius Network à suspendre les retraits d’argent ; exactement comme font les banques pour éviter la banqueroute.

La question qu’on peut se poser est pourquoi cette soudaine chute ? eh bien, ce qu’on peut retenir à mon avis est que ce n’est pas le fonctionnement qui est mise en cause ni même pour le moment la technologie de la cryptographie. Même si à l’épreuve des cyber-attaques on peut s’inquiéter à long terme. C’est beaucoup plus la mauvaise appréciation des risques et la mauvaise gestion de certains acteurs clés dans un marché sans régulation.

Cela nous permet de faire une transition sur ces pratiques d’arnaques basées sur les cryptomonnaies auxquelles s’adonnent des personnes physiques ou morales, des sociétés formelles ou informelles.

Le principe du pump and dump consiste pour les promoteurs qui disposent déjà de stocks de ces actifs à pousser les populations à acheter des cryptomonnaies sans grande valeur puis ils vont les revendre lorsqu’elles atteignent les prix les plus hauts.

7 – Formes d’arnaques à la cryptomonnaie

Malgré leur importante couverture médiatique, le fonctionnement du marché des cryptomonnaies est très peu connu du public, ce qui ouvre grandement la porte aux manœuvres frauduleuses. L’arnaque à la cryptomonnaie peut prendre diverses formes, mais je citerai deux, les plus fréquentes.

a. Les premières formes d’arnaques à la cryptomonnaie et les plus utilisées sont relatives au schéma de Ponzi et au système pyramidal. Il s’agit de bourses de cryptomonnaies douteuses ou peu fiables. Il existe des douzaines de bourses de cryptomonnaies, mais seul un très petit nombre est digne de confiance.

On distingue deux types de bourses de crypto-monnaie : les Centralised Exchanges (CEX) ou les échanges centralisés et les Decentralised Exchanges (DEX) ou échanges décentralisés. Pour les échanges décentralisés, les utilisateurs gardent le contrôle de leurs fonds propres à tout moment, tandis que pour les échanges centralisés les utilisateurs doivent déposer leurs fonds sur la plateforme avant de pouvoir effectuer leurs transactions, et c’est cette forme de transaction qui est sujette à des escroqueries de tout genre. Certaines ont disparu du jour au lendemain, emportant avec elles l’argent de tous les investisseurs.

  • A l’international, c’est le cas de onecoin crée par une fraudeuse bulgare hors pair du nom de Ruja Ignatova. Cette cryptomonnaie qui était censée être la plus sure, la plus rapide et la moins chère s’est révélée être une arnaque au schéma de Ponzi qui a mobilisé entre les années 2015 et 2017 plus de quatre milliards de dollars qui se sont par la suite volatilisés dans la nature ;
  • Ici en Afrique, il y a un cas qui revient dans beaucoup de pays comme une possible arnaque. C’est le cas de l’entreprise camerounaise Global Investment Trade (GIT). Selon Radio Canada, cette société promettait des taux hebdomadaires de 2 à 37% en fonction de plans d’investissement qu’elle vous propose dans sa propre cryptomonnaie dénommée LIYEPLIMAL. Plusieurs analystes affirment que cette société a associé le schéma de Ponzi et le système pyramidal pour se retrouver aujourd’hui en pleine crise, avec des actions en justice un peu partout à commencer par le Cameroun son propre pays où récemment le PDG de cette structure a été placé en garde à vue. Au Canada, l’autorité de régulation financière a carrément lancé des alertes contre elle.
  • Au niveau national, plusieurs sociétés y compris celle citée supra qui menaient en toute illégalité des activités financières liées aux cryptomonnaies ont été saisi par un communiqué en date du 26 Mars 2021 du ministère de l’Economie et des Finances pour interdire leurs opérations notamment la collecte de l’épargne public.

b. Les deuxièmes formes d’arnaques à la cryptomonnaie sont relatives au délit d’initié. A ce niveau, on peut parler d’une méthode d’arnaque à la cryptomonnaie qu’on appelle le Pump and dump qui est une méthode permettant aux promoteurs de la cryptomonnaie de se faire assez d’argent sur le dos des souscripteurs. Le principe du pump and dump consiste pour les promoteurs qui disposent déjà de stocks de ces actifs à pousser les populations à acheter des cryptomonnaies sans grande valeur puis ils vont les revendre lorsqu’elles atteignent les prix les plus hauts.

Pour vous donner un exemple concret, prenons le cas du célèbre DO KWON, fondateur de Terra, une des plus dynamiques stablecoin de cryptomonnaies qui s’est vu intenter une action en justice dans son propre pays en Corée du Sud. En effet, l’effondrement de Terra a été précipité par un retrait important de fonds sur cette plateforme opéré par DO KWON qui est assimilable par les victimes à une action préméditée. Cette façon de disposer et de se servir d’informations sur le marché pour profiter des cours est qualifiée de délit d’initié et est sanctionnée dans les marchés régulés. Dans les marchés de cryptomonnaie le délit d’initié est souvent pratiqué par des personnes qui disposent d’informations sensibles au détriment d’épargnants lambdas.

8 – Conseils

Ce que je peux dire est qu’il faut se renseigner sur les bourses de cryptomonnaies avant d’investir sur ces marchés, de manière surtout à se protéger contre les arnaques ciblant les nouveaux investisseurs et les investisseurs peu avertis. « N’investissez jamais dans une entreprise que vous ne comprenez pas » disais Warren Buffet.  Apprenez l’utilisation des plateformes, assurez-vous que des experts de bonne réputation y sont associés, lisez les critiques sur les activités de ces structures et vous pourrez investir directement sur celles-ci.

la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières ou des sociétés agréées auprès des instances régionales peuvent mieux sécuriser vos investissements en actions ou en obligations.

Méfiez-vous des offres initiales de jetons, c’est à dire les premières émissions de cryptomonnaies où on vous faits des prix promotionnels très attractifs, par exemple on vous dit pour votre premier investissement si vous misez un montant on vous considère 2 fois, 3 fois le montant. Cette façon d’appâter les personnes crédules qu’on appelle l’hameçonnage est très répandues sur les sites d’arnaque.

Si vous voulez néanmoins passer par les intermédiaires comme les coachs, les influenceurs qui se disent traders, sachez que le meilleur trader est celui qui est capable de vous donner le rendement d’un actif mais aussi et surtout son risque. C’est l’appréciation de ce couple rendement-risque qui permet d’optimiser l’investissement.

N’oublions pas qu’il y a la BRVM, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières ou des sociétés agréées auprès des instances régionales peuvent mieux sécuriser vos investissements en actions ou en obligations. C’est en apparence moins rentable que les cryptoactifs, mais c’est plus sûr. Sur ce marché, vous évitez les intermédiaires non agréés. Ceux sont eux qui récupèrent votre argent et après vous risquez le schéma de Ponzi.

9 – Perspectives

Le monde est aujourd’hui dans un contexte d’instabilité économique marqué par trois évènements importants : la guerre en Ukraine, l’inflation en hausse dans plusieurs pays du monde, un ralentissement économique depuis la crise sanitaire. Partout, les voyants sont passés du vert au violet, tendant vers le rouge. Il est évident qu’avec leur crise actuelle, les cryptomonnaies constituent un facteur d’instabilité complémentaire qui va forcément induire des effets domino sur les marchés financiers classiques. Des voix autorisées s’élèvent déjà pour poser la problématique de la régulation des cryptomonnaies.

Le FMI s’inquiète de leur caractère volatile et appelle à plus de régulation, aux Etats-Unis comme dans l’Union Européenne, les pouvoirs publics veulent mettre tout en ouvre pour contrôler les transactions en cryptomonnaie, un projet de loi dans ce sens est en cours en Amérique. Les 27 pays de l’Union Européenne se sont accordés récemment pour une politique commune de régulation des cryptomonnaies. La Chine est plutôt en avance. La banque centrale chinoise, après avoir interdit toute convertibilité de cryptomonnaies en yuan a commencé par développer son propre support numérique de monnaies cryptées.

Également, au sein de l’UEMOA, les lignes vont bouger à la mesure de l’attitude des pays occidentaux. Entre « le Bitcoin, non merci », discours hautement technique de mars 2018 du désormais ex gouverneur de la BCEAO, KONE M. Tiémoko et la rencontre officielle de Chanpeng Zhao, fondateur de Binance par le président Alassane Ouattara, en juillet 2022, on peut voir une avancée et lire une volonté politique de comprendre un marché qui continue de défier et pour lequel, même l’occident cherche plutôt à tirer les avantages.

Selon Kristalina Georgieva, Directrice du FMI qui a reconnu l’avantage des CBDC (Central Bank digital Currency) c’est-à-dire les cryptomonnaies des banques centrales, 90% des banques centrales occidentales explorent déjà cet univers.

Ce qui est évident, c’est qu’on pourra envisager un avenir à court et long terme pour les cryptomonnaies. A ce titre, je pense que :

  • selon le FSB (Financial Stability Board), l’organe de régulation financière du G20, « Les récentes turbulences sur le marché des crypto actifs mettent en évidence leur volatilité intrinsèque, leur vulnérabilité structurelles et pose toujours la question de leur interconnexion croissante avec le système financier traditionnel ». Récemment, une des plateformes de change de cryptomonnaies très reconnue au nom de Binance a fait l’objet d’une procédure d’enquête en bonne et due forme du gendarme de la bourse américaine ; la SEC (Securities and Exchange Commission). Profitant donc du crypto-Krach, les instituions de régulation resserrent l’étau autour des grandes plateformes d’échanges. Je pense qu’en plus de ses défauts congénitaux, de son incapacité structurelle à mieux s’organiser, ce serait par ces faits jurisprudentiels, que vont se faire initier les bases de la régulation du secteur des cryptomonnaies. Les courts et moyens termes seront donc très problématiques pour la monnaie numérique et vont susciter pour les états une remise en cause de cette liberté financière afin de poser réellement les bases de sa régulation ce qui a d’ailleurs déjà commencé et va se poursuivre ;
  • à long terme, on va tendre vers une régulation de ce marché, ce qui permettra aux organes institutionnels de coercition de jouer pleinement leur rôle surtout en ce qui concerne un de ses points névralgiques, notamment les transactions illégales. Cet assainissement pourra attirer les investisseurs institutionnels. Également, les technologies qui soutiennent les cryptomonnaies devront continuer par être mieux élaborées, défiées par les challenges de cyber attaques et désormais soutenues par les autorités publiques. Il n’est pas exclu qu’il ait une coexistence de deux types de marchés de cryptomonnaies : des marchés étatiques légaux et d’autres privés non-inscrits dans la légalité portés par des activistes ou des clandestins.

On a l’habitude de former à l’entreprenariat, c’est bon. Mais, il est évident qu’il y a plus d’investisseurs individuels que d’entrepreneurs.

Ce qui est non moins évident, pour les deux cas, c’est la difficulté qui réside dans toutes tentatives de légiférer deux domaines en perpétuelle évolution : la Finance et les NTIC. Ainsi s’annone la problématique de cette régulation.

10. Appel à nos autorités

Quoi qu’il en soit, pendant ou après les crises, on tire toujours des leçons. Ce que je retiens dans nos pays au regard de l’intérêt qu’ont suscité les cryptomonnaies auprès de nos populations, aujourd’hui plus que jamais il y a une nécessité de former les populations à l’éducation financière. Une éducation pour tous par des canaux d’information ou de communication accessibles. On a l’habitude de former à l’entreprenariat, c’est bon. Mais, il est évident qu’il y a plus d’investisseurs individuels que d’entrepreneurs. L’investisseur individuel ce n’est pas forcément celui qui a le million à placer, c’est vous, c’est moi, ce sont tous ceux qui ont une capacité de financement, un excédent de leur revenu après avoir déduit leur consommation et qui souhaitent placer cet argent résiduel dans une activité qui puisse leur procurer à plus ou moins long terme un retour sur investissement. Nous sommes tous donc de potentiels investisseurs. La formation à l’entreprenariat aura tout son sens si on commençait par une formation à l’éducation financière.

LANDOZI Saharou est Docteur en sciences de gestion, spécialiste en Finance d’entreprises de marchés

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