Charabia et incohérences de M. Marie Henri Dondra dans la présentation du projet de la loi des finances 2017 …..

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Il s’appelle Marie Henri Dondra, ci – devant ministre des finances et du budget dans le gouvernement de M. Simplice Matthieu Sarandji, depuis avril 2016. Aux parcours scolaires et universitaires plus ou moins exemplaires, puisqu’après l’obtention de son baccalauréat au lycée B. Boganda, selon les dires de ses anciens collègues, il aurait traversé vers l’autre côté de la rive avant de revenir s’inscrire à la faculté de droit et des sciences économiques, à l’université de Bangui, celui qui avait voulu un moment se présenter au dernier scrutin présidentiel, aurait été royalement installé dans ce moelleux et douillet fauteuil et investi dans les plus nobles fonctions du grand argentier de la République et de l’ordonnateur principal des dépenses de l’Etat, pour « ses qualifications exceptionnelles, ses compétences hors du commun et ses solides et très fructueuses expériences à la tête du FAGACE », une dizaine d’années. Semble – t – il.

Fort malheureusement, comme on ne peut reconnaitre les valeurs intrinsèques d’un véritable maçon qu’au pied du mur et sa petite truelle à la main, l’homme se serait révélé, huit (8) mois plus tard, tout le contraire de tout le bien dont certains milieux acquis à sa cause parlaient de lui. Tout le contraire de tous les mérites dont on raffolait de lui. Ce qui parait tout naturellement normal pour tous les combattants de la liberté et de la démocratie, n’en déplaise à tous les thuriféraires du régime, à leurs partisans et à tous les mangeurs à tous les râteliers et en quête perpétuelle des bas intérêts de ce bas monde.

En effet, ne figurant ni dans le fichier ou la banque des données de la fonction publique centrafricaine, n’appartenant ni à l’un des quatre (4) principaux corps des régies financières, à savoir celui des inspecteurs de la douane, des impôts, du trésor ou du contrôle financier, et n’ayant jamais mis les pieds dans un quelconque service du ministère des finances et du budget, pour un stage d’imprégnations, l’homme ne pouvait visiblement qu’être totalement déconnecté, dépaysé et moins outillé techniquement.

Car, pour les ressortissants des différentes et non moins prestigieuses écoles de formation des régies financières ( Neuilly-sur-Seine, Clermont – Ferrand, ENST, IIAP ou ENA) qui y trainent leur bosse à tous les niveaux, ce lourd handicap le prédestinerait à tout ignorer des missions sectorielles et bien distinctes à chacune des directions générales qui composent le ministère des finances et du budget. Alors pour s’assumer et assumer ses responsabilités, l’homme était obligé tout naturellement de recourir à l’expertise de certaines compétences disponibles et présentes dans la maison. Mais son penchant pour un certain Jean – Baptiste Koyassambia, cadre du trésor et ancien trésorier – payeur général sous le régime du général d’armée, André Kolingba, pendant 8 ans, retraité et un certain Laurent Nombissou, cadre du trésor lui aussi, confusionniste avéré et sur le point d’être appelé à faire valoir ses droits à la retraite, tous deux de l’ethnie yakoma et pressentis pour occuper respectivement les fonctions de directeur de cabinet et du directeur général du trésor , aurait été interprété à la présidence de la République, la primature et dans les états – majors des partis politiques alliés à Touadéra, comme un acte de propension à l’ethnicisme et aurait été à l’origine d’une mésentente entre lui et son directeur de cabinet.

Ce malaise qui s’est transformé entretemps en une certaine animosité, aurait justifié la publication par voie de presse, notamment dans les colonnes du journal « Le Quotidien de Bangui », des révélations faites sur l’affaire de la gestion du don du Timor Oriental d’un montant de 600 millions de Francs CFA, destiné à l’ANE, et celle de la part belle réservée aux fournisseurs de l’Etat de l’ethnie yakoma, lors du règlement d’une partie des arriérés intérieurs. C’est cette animosité, cette méfiance et ce manque total de confiance qui auraient servi de terreau substantiel à la dissolution de la cellule du contrôle des véhicules importés (Affaire des mains levées), et aux actes de tripatouillages avérés ayant caractérisé le décret n°16.356 du 11 novembre 2016 portant nomination ou confirmation des fonctionnaires et agents de l’Etat au ministère des finances et du budget. Une responsabilité dont se serait toujours défendu M. Marie Henri Dondra, en privé et selon de gentilles indiscrétions de ses proches, sans que l’homme public n’ait eu le courage politique de les remettre en cause, lors d’une conférence de presse, comme le recommandent l’éthique et la déontologie dans toute société démocratique où le pouvoir appartient au peuple et auquel tout gestionnaire est tenu de rendre des comptes. Ce que les combattants de la liberté et de la démocratie interprètent comme un acte manifeste de faiblesse et le signe d’une certaine infirmité.

Une faiblesse et une infirmité, de la part du grand argentier de la République et l’une « des meilleures perles du pays », qui s’éclateront finalement au grand jour, lors de l’examen du projet de la loi de finances 2017, à l’assemblée nationale, par la Commission – Finances. Juges – en vous-mêmes !

D’abord, pour une raison ou pour une autre, celui qui était tenu de présenter ce projet de loi, conformément aux dispositions légales et règlementaires en vigueur, se serait dérobé à ce noble devoir et se serait fait représenter par son collègue du ministère de l’économie, du plan et de la coopération internationale, M. Félix Moloua. Une absence qui aurait été interprétée par les élus du peuple qui l’attendaient de pied ferme pour le paiement de leurs arriérés de « jetons de présence » ou de frais de session, comme une fuite de responsabilité et un acte de manque de respect.

Ensuite, avant l’entame de l’analyse du projet de la loi des finances, cette faiblesse et cette infirmité vont contraindre la Commission – Finances à relever certaines observations et à recourir à plusieurs réponses écrites de sa part pour une exploitation plus ou moins rationnelle du document. Sur les recettes, la Commission a constaté que certaines dispositions relatives à la taxe sur les activités des sociétés d’assurance n’étaient pas conformes à la décision du conseil des ministres de la CIMA, acte supranational qui s’impose à tous les Etats signataires dont la République centrafricaine. Dans une lettre à lui adressée, en date du 10 décembre 2016, l’homme a été contraint de reconnaitre la pertinence de l’observation et de procéder à la réécriture de l’article querellé. La deuxième observation a attrait à la non prise en compte de certaines institutions de la République, prévue dans la constitution du 30 mars 2016, notamment la haute cour de justice, le conseil économique et social, le conseil national de la médiation et la haute autorité chargée de la bonne gouvernance. Saisi d’une autre correspondance, en date du 09 décembre 2016, l’homme s’avouera convaincu et vaincu, et se résoudra à réparer cette erreur par leur inscription et l’allocation des crédits. La troisième observation portera sur les incohérences constatées sur les variations des pourcentages des ressources prévues dans le projet de la loi de finances 2017 par rapport à celles inscrites dans la loi de l’exercice 2016. Une fois de plus, devant la pertinence des remarques, l’homme sera contraint de revoir et de réajuster ses écritures. La quatrième observation est la non production des états d’exécution budgétaire en fin novembre 2016, au lieu de fin septembre 2016. Une observation qui sera satisfaite quelques jours plus tard.

Après cette étape d’observations et de jeux de ping – pong, au moment où la Commission a entamé l’examen approfondi du projet de la loi, elle va être saisie d’une nouvelle proposition du ministre des finances et du budget, relative au réajustement à la baisse des crédits à hauteur de 5,5M dont 4,7 en dépenses d’investissement et 800 millions de Francs CFA en dépenses de fonctionnement, afin de permettre au gouvernement de tenir son engagement vis – à – vis du FMI, exprimé dans la lettre d’intention du 02 décembre 2016 et lui faisant formellement obligation de situer le solde primaire à hauteur de 1,9% du PIB. Or, dans le projet de la loi de finances transmis et à l’étude, le solde primaire projeté se situe à 2,3% du PIB, ce qui est du coup en contradiction avec le cadrage arrêté d’un commun accord. Mais, une fois de plus, les documents présentés par le grand argentier de la République à la Commission – Finances ne lui permettaient pas de reconnaitre les départements et les institutions sur les crédits desquels ces coupes ont été faites. Sur sa demande, une nouvelle proposition sera soumise à l’examen des membres de cette commission et consistera à l’inscription de 11,736 M sur la ligne « Appuis Budgétaires », suite à la signature d’une convention d’appui budgétaire entre la BM et le gouvernement. Il en a résulté un nouvel équilibre budgétaire se présentant comme suit : Appui Extérieur : 68 M ; Solde primaire globale : -33 M et Solde primaire : 1,9%.

De l’analyse des faits sus-relatés, nul n’est besoin d’être un expert en droit budgétaire pour comprendre que toutes les imperfections constatées dans l’examen de ce projet de la loi des finances ne sont que l’expression visible d’une certaine faiblesse et d’une certaine infirmité et ne sont pas de nature à réconforter l’homme dans son fauteuil. De Goumba à Yanendji en passant par Banza, Yambala et Dokouna, pour ne citer que ceux –là, c’est pour la première fois dans l’histoire de l’examen du projet de la loi de finances, devant la Commission – Finances, qu’un ministre des finances et du budget a été mis sous cette forte pression et sommé, à plusieurs reprises, de répondre par écrit à des inquiétudes et à des incohérences. Ce qui prouve à un niveau et à un autre une certaine non maîtrise réelle de la technicité et n’eussent été l’élégance et l’expertise avérée d’un certain Kabral Yangassengué en techniques d’élaboration et d’exécution du budget, l’on aurait fait adopter par les députés de la nation, une loi de finances truffée d’incohérences, de charabia et d’onomatopées.

Il est vraiment grand temps que le président Touadéra puisse comprendre que les vraies compétences, comme les belles femmes, ne courent pas les rues. Elles ne se vendent pas non plus par des annonces et des publicités par voie de presse. Ce sont tout simplement ces hommes et ces femmes qui, n’ayant pas pactisé avec les forces, les dominations et les puissances du royaume terrestre pour occuper des hauts postes de responsabilité dans les organismes internationaux, servent leur pays, en ayant la maîtrise de la technique, en toute humilité et avec loyauté, dévouement, et une certaine élégance. M. Kabral Yangassengué est de ceux – là. Et ce sont sur ces hommes, ces femmes et ces compétences qu’il faut compter pour changer le visage de ce pays et non sur des personnels hors statut, des retraités en mal de fonctions, des balles en l’air et des baroudeurs politiques de petit calibre, guidés uniquement par la recherche effrénée des intérêts égoïstes, personnels, terrestres et donc mortels.

Jean – Paul Naïba

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