Centrafrique : « Vous constituez un obstacle pour le retour de la paix dans votre pays ! »

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« Vous constituez, Monsieur le président, un obstacle pour le retour de la paix dans votre pays ! ». Telle est la réponse d’un haut membre de Sant’Egidio suite au refus catégorique du président du COFAC Ferdinand Alexandre Nguendet de prendre part à une rencontre que cette communauté chrétienne veut organiser dans les tout prochains jours à Luanda en Angola, sous l’égide de l’Ua, de la Ceeac et de la Cirgl, entre le pouvoir manifestement illégal et illégitime de l’Imposteur de Bangui et des forces vives de la nation, les groupes armés y compris.

Isolé diplomatiquement, coincé financièrement et considéré par l’ensemble des forces politiques et sociales comme un véritable putschiste, après les consultations référendaires du 30 juillet 2023 relatives à l’adoption d’une nouvelle constitution qui fait sauter les verrous aux limitations de mandat et qui institue la notion de « Centrafricains de souche » comme critère essentiel d’accès à la fonction publique et à des charges électives, l’Imposteur de Bangui use de toutes ses expertises en manipulation et en roublardise pour arracher un nouvel Accord de Paix. C’est ainsi qu’après le rejet unanime des partis politiques de l’opposition centrafricaine, des groupes armés et de la société civile, réservé à la réunion du 5 au 7 octobre 2023 à Bujumbura, initiée, avec les soutiens du président de la commission de l’Ua Moussa Faki Mahamat et le Comité des Sages, par celui qui avait fait de lui président de la République centrafricaine en mars 2016, en l’occurrence un certain Jean – Jacques Démafouth qui occupe actuellement les fonctions du représentant de la Ceeac à l’Ua avec résidence à Addis-Abeba en Ethiopie, le voilà qui revient par le truchement de Sant’Egidio. Comme en 2017, en 2019 et en 2021, des millions seront acheminés dans des mallettes et des billets de banque distribués entre amis, les participants une fois de plus utilisés comme des serpillières, et in fine il sortira des causeries un Accord qui renforcera le pouvoir illégal de Bangui, mettra l’accent sur un partage de pouvoirs et dans lequel aucune solution ne sera proposée ou trouvée aux épineuses questions du retour à l’ordre constitutionnel, des tueries de masses, des exilés, et des responsabilités des mercenaires, etc..

C’est à cet effet qu’un émissaire a été chargé d’en discuter directement avec le président du COFAC Ferdinand Alexandre Nguendet, au cours d’un échange téléphonique. Rappelons que dernier avait appelé courageusement à la démission de l’Imposteur de Bangui, le 1er juillet 2023. Depuis lors, ses proches, son ancien aide de camp, et certains militaires croupissent actuellement en prison, pour leur implication dans une affaire de coup d’état postérieurement à des dénonciations faites par l’adjudant Béïna. A ce jour, le président du COFAC reste et demeure, au moment où nous mettons sous presse, le seul leader politique déterminé à chasser Touadéra du pouvoir par le recours à la forces par tous les moyens et qui y travaille activement tous les jours que Dieu fait sur cette Terre des Hommes. Son acceptation de participer à des pourparlers de paix avec le Criminel de Bangui serait donc une véritable bouffée d’oxygène politique et diplomatique.

Malheureusement, le président du COFAC n’est pas tombé dans ce piège. En effet, mieux que l’ensemble des forces politiques et sociales, réunis à Paris le 25 septembre 2023, à l’initiative du chef de file de l’opposition démocratique Anicet Georges Dologuélé, qui ont déclaré qu’ils ne reconnaissent pas la Constitution du 30 août 2023 et les institutions nations qui en sont issues ou en seront issues, que le régime actuel est illégal et illégitime et qu’il n’y a d’autre alternative, compte tenu du verrouillage de toutes les institutions et de la mise en œuvre d’une politique de répression systématique et des forces politiques et sociales et des citoyens, que de lutter résolument et de manière concertée pour le rétablissement pour une démocratie véritable, Ferdinand Alexandre Nguendet n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour déclarer à son interlocuteur que la seule chose qui vaille la peine d’en débattre avec la communauté internationale, réside dans les conditions du départ non – négociable de l’Imposteur de Bangui. Tout comme Laurent Désiré Kabila, il ne pourra se résoudre à prendra part à des réunions où ne sera inscrit à l’ordre du jour que  la seule question de « la destitution » de Touadéra, toutes les forces politiques et sociales du pays travaillant pour cette même et unique cause.

Il faut noter que Sant’Egidio est une communauté chrétienne née en 1968, au lendemain du concile Vatican II, à l’initiative d’Andrea Riccardi, dans un lycée du centre de Rome. Au fil des années, elle est devenue un réseau de communautés qui, dans plus de 70 pays dans le monde, avec une attention particulière aux périphéries et aux personnes périphériques, rassemble des hommes et des femmes de tout âge et de toute condition, unis par un lien de fraternité dans l’écoute de l’évangile et dans l’engagement bénévole et gratuit pour les pauvres et pour la paix. La prière, les pauvres et la paix sont ses références fondamentales La prière, fondée sur l’écoute de la Parole de Dieu, est la première œuvre de la Communauté, elle en accompagne et en  oriente la vie. A Rome et partout dans le monde, elle est aussi un lieu de rencontre et d’accueil pour qui veut écouter la Parole de Dieu et adresser ses invocations au Seigneur. Les pauvres sont les frères et amis de la Communauté. L’amitié avec ceux qui sont dans le besoin – personnes âgées,  sans domicile, migrants, personnes handicapées, détenus, enfants des rues et des périphéries – est un trait caractéristique de la vie de ceux qui participent à Sant’Egidio sur les différents continents.

La conscience que la guerre est la mère de toutes les pauvretés a conduit la Communauté à travailler pour la paix , en la protégeant là où elle est menacée, en aidant à la reconstruire, en facilitant le dialogue là où il s’est arrêté. Le travail pour la paix est vécu comme une responsabilité des chrétiens, et constitue une partie du service global à la réconciliation et à la fraternité qui se concrétise notamment dans l’engagement œcuménique et le dialogue interreligieux dans « l’esprit d’Assise ».

Seulement, au lendemain même de l’accord politique signé à Rome, le 19 juin 2017, sous l’égide de Sant’Egidio, entre le gouvernement centrafricain et 13 groupes armés rebelles, de violents combats entre milices ont fait une centaine de morts à Bria, dans le centre du pays. Cet accord est-il mort-né ? Au Sénégal, la rébellion casamançaise est toujours une épine dans le pied de Dakar. Les négociations vont-elles reprendre avec Salif Sadio ? La Libye, c’est le chaos. Comment en sortir ? Fallait-il faire tomber Kadhafi ? La communauté Sant’Egidio intervient comme médiateur – dans la plus grande discrétion – dans de nombreux conflits de basse ou haute intensité. Le responsable des relations extérieures de Sant’Egidio, Mauro Garofalo, faisant le point sur ces conflits sur RFI en 2017, n’avait pas convaincu.

S’agissant de la République centrafricaine, depuis 2013, la Communauté de Sant’Egidio, dont les premiers rapports avec la Centrafrique remontent aux années 1990, a travaillé avec les partis politiques, les groupes armés, les représentants des communautés religieuses et de la société civile pour favoriser la réconciliation nationale. Le travail de médiation a abouti à la signature du “Pacte Républicain” en novembre 2013 par le président Michel Djotodia, le Premier ministre Nicolas Tiangaye et le président du Conseil national de transition Alexandre Ferdinand Nguendet. En février 2015, toujours à Sant’Egidio, un accord important est obtenu, garantissant le développement pacifique des élections parlementaires et l’engagement à respecter le résultat des urnes de la part des principaux partis. Le Pape François a visité la République centrafricaine en novembre 2015. La cathédrale de Bangui est la première porte sainte ouverte par le Pape à l’occasion du Jubilé de la miséricorde. En novembre 2016, le président Touadera a donné mandat à la Communauté pour impliquer tous les groupes armés dans le processus de paix.

La réunion des représentants du gouvernement et des différents groupes politico-militaires qui s’est tenue à Rome «  illo tempore » représentait, semblait – il, un pas en avant significatif pour la fin de la guerre civile. Le président de la Communauté, Marco Impagliazzo, a été invité à en rendre compte au Conseil de Sécurité des Nations Unies le 12 juin 2017.   La session de travail s’est conclue le 19 juin 2017 avec la signature d’un “Accord politique pour la paix en Centrafrique) appelé par les parties “Entente de Sant’Egidio”, prévoyant la mise en œuvre du désarmement progressif des groupes armés. Cet Accord sera remis en cause par l’Accord de Paix de Khartoum du 6 février 2019.

Fort malheureusement, depuis lors Sant’Egidio a disparu des grandes caméras de la situation politique centrafricaine. Elle s’est étrangement tue en 2020, lorsque toutes les forces vives de la nation exigeaient la tenue d’un dialogue politique inclusif avant la tenue des élections groupées du 27 décembre 2020, marquées par des actes de graves irrégularités, à l’issue desquelles le candidat Touadéra a été déclaré élu par l’ANE par seulement 17% du corps électoral et desquelles plus de 300.000 Centrafricains ont été délibérément exclus. Au lendemain de la déclaration de Kamba – Kotta signée, le 15 décembre 2020, par les principaux groupes armés signataires dénonçant officiellement les termes  de l’Accord de Paix du 6 février 2019, elle a observé un total silence sur les graves violations des droits humains qui ont suivi l’attaque de la ville de Bangui, le 13 janvier 2021, commis par les mercenaires du Groupe Wagner et rwandais à la solde de Touadéra, les tueries de masse, les viols des femmes et des jeunes filles, les actes de sodomisations des Faca, les incendies des habitations avec leurs occupants à l’intérieur, les vols des biens des pauvres, les pillages des ressources minières et forestières, les disparitions forcées, les tortures, les contraintes à des déplacements, etc…Elle a fermé, enfin, les yeux sur le limogeage de la présidente de la cour constitutionnelle, et l’adoption d’une nouvelle constitution décriée par tous et crisogène, suite à des consultations référendaires rejetées par tous.

Que signifie, alors, œuvrer pour la paix et défendre les pauvres ? Travailler pour la Paix et pour les Pauvres n’exige – t – il pas une capacité d’anticipation, de prévention et d’appels à la rétention ? « Consciente que la guerre est la mère de toutes les pauvretés », pourquoi la communauté chrétienne Sant’Egidio n’avait – elle pas usé de tous les moyens à sa disposition pour contraindre Touadéra à éviter le pire ? Vouloir coûte que coûte aujourd’hui obtenir une rencontre entre celui qui n’est rien d’autre qu’un Imposteur, un Criminel qui a fait appel à des mercenaires du Groupe Wagner et rwandais pour venir tuer son peuple, dans le seul but de préserver son pouvoir, ne va – t – elle pas à l’encontre des dix commandements de Dieu qui fondent et déterminent toute foi chrétienne ? Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux n’est – il pas forcé ? Ne ce – sont pas les violents qui s’en emparent ?

A ce propos, et en guise de rappel des Ecritures Saintes à la communauté chrétienne Sant’Egidio, nous devons affirmer et soutenir que Jean n’était pas belliqueux, mais en fait sa prédication était extrêmement violente ; il avait un discours rigoriste, une vision ascétique de la religion ;  il était exigeant, intolérant, moralisateur, jugeur. Il demandait de donner toute sa vie à Dieu, de reconnaître sa faute, et de se convertir faute de quoi on périrait affreusement. Son discours était et est plein de menaces : « Déjà même la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. ».

A la manière de Jean – Baptiste, il est plus qu’urgent pour Sant’Egidio d’aider les Centrafricains à se débarrasser du Criminel de Bangui, au lieu de travailler à son maintien au pouvoir et de courir le risque d’être violemment rejeté par le peuple centrafricain pour avoir constitué, en sa qualité de communauté chrétienne, un véritable obstacle au retour de la paix dans ce beau pays qu’est la République centrafricaine !

Jean – Paul Naïba

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