Centrafrique : un criminel professionnel dénommé Bienvenu Zokoué à la tête de la direction générale de la police nationale

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Il s’appelle Zokoué Bienvenu. De grade contrôleur général de la police, après avoir régné à l’Office Central pour la Répression du Banditisme « OCRB », et jugé très proche de l’Imposteur de Bangui, il a été promu le samedi 3 novembre 2018 directeur général de la police nationale. Qui est Bienvenu Zokoué ?

Selon les communicants du pouvoir de l’Imposture de Bangui, centrafricain d’origine et officier de police judiciaire, il a commencé ses premiers pas dans les rangs de la police en 2002. Depuis son incorporation, il n’a servi que dans les unités d’interventions. Sa carrière a tourné entre l’OCRB et la Compagnie Nationale de Sécurité (CNS). Jadis coordonnateur National de l’Agence International de l’Energie Atomique, il est ressortissant de l’Académie de Police de Moubarack en Egypte, spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Le contrôleur général de la police Zokoué Bienvenu a été aussi formé à l’école de maintien de la paix de Bamako au Mali. Formateur en maintien et rétablissement de l’ordre public, il est Expert National en matière de Lutte contre les Faux médicaments en Afrique francophone.

Mais d’après les folles rumeurs de Bangui, alors que son père était proviseur au Lycée Barthélémy Boganda et qu’il était en classe de seconde, le jeune Zokoué Bienvenu avait déserté les bancs de l’école pour aller en vadrouille à Bogangolo située dans la préfecture de l’Ombella Mpoko, à 80 Km de Damara et 156 Km de Bangui. C’est là où il a commencé ses débuts dans la police centrafricaine en tant que simple auxiliaire de police, chargé de lever les barrières, de collecter les pièces administratives des passagers ou voyageurs, de vérifier les contenus de leurs effets, et d’exécuter certaines tâches au profit des agents de police, assermentés. Grâce à l’un des fils de l’ancien président François Bozizé Yangouvonda, il serait muté à la CNS. Marié et père de 3 enfants, l’homme qui a porté son galon de commissaire principal de police, le samedi 3 novembre 2018, n’aurait jamais mis les pieds dans une Ecole de Police où on forme et formate les futurs officiers et commissaires de police. C’est donc, non seulement pour des raisons purement politiques, mais surtout du fait de ses relations trop intimes avec un certain Touadéra et en considération de nombreux actes de graves atteintes aux droits humains commis pour le compte de ce dernier, de qui il prend ses directives et à qui il rend personnellement compte qu’il est devenu Contrôleur général de la police, et non pour sa maîtrise réelle de la technicité ou des actes héroïques dans le domaine de la sécurité.

En effet, dès sa prise de fonction, le 30 mars 2016, Touadéra lui a confié la gestion de l’OCRB ; cette unité spéciale de la police créée pour s’occuper de la montée du banditisme à la suite d’une série de mutineries de l’armée en 1996 et 1997, s’est alors muée en une vraie police politique et s’est imposée comme un service de police dont la principale mission consiste à opérer dans le secret « pour maintenir la sûreté de l’État », mais, en réalité « pour lutter contre les opposants politiques réels ou désignés au régime ». Si, de 2006 à 2013, l’OCRB a été principalement active et a été impliquée dans des actes de détention illégale, de torture et des meurtres extrajudiciaires, y compris dans la disparition hautement médiatisée de Jean Bianga, chauffeur de l’ancien ministre des finances et du budget Sylvain Ndoutingaï, en 2012, et si, en décembre 2015, la MINUSCA a publié un important rapport sur les droits humains dans lequel elle a souligné l’arrestation et le passage à tabac de 21 enfants des rues par l’OCRB, d’une part, et l’exécution extra – judiciaire d’au moins 18 personnes, et peut – être plus, d’autre part, entre avril 2015 et mars 2016, dans laquelle le nom de son directeur Robert Yékoua – Ketté était régulièrement cité, sous le règne de Zokoué Bienvenu, elle est devenue un centre de détention, de tortures et un véritable mouroir.

« Le peuple centrafricain est meurtri sur sa propres terre, les quatre cellules de l’OCRB et celles de la SRI sont si pleines que les détenus doivent se tenir debout, et ce,  après avoir subi des tortures ; certains ont des bras cassés et d’autres des jambes brisées à jamais, sans compter les cas graves de tous ceux qui ne peuvent pas se tenir debout, faibles, mal nourris, malades et piétinés par les autres sans nourriture ni soins. Il ne se passe pas un seul jour sans que l’un d’entre eux ne meure », ont révélé nos reporters, suite à leur visite sur le terrain et dans ces institutions. De graves accusations de violations des droits de l’homme soutenues par des témoignages émanant de sources très proches des familles des détenus. Nous avons dénoncé ces graves atteintes aux droits humains dans l’article intitulé : « Centrafrique : SRI et ORCB, des centres de détention provisoire devenus de mouroirs à Bangui », publié le 16 mars 2021.

Au lendemain de l’attaque de la ville de Bangui, le 13 janvier 2021, par les rebelles de la CPC, selon les informations rapportées, de centaines de personnes se sont retrouvés derrière les barreaux en Centrafrique, en raison de leur opinion, de leurs prises de positions, de leur appartenance politique, ethnique et communautaire, et de leurs luttes. Tous ont été arrêtés arbitrairement, pour la plupart enlevés la nuit, soumis à des tortures, tués ou jetés dans ces lieux de détention provisoire. Privés d’accès à leurs proches et sans aucune possibilité de contact avec leur avocat, ils sont à la merci des mercenaires du Groupe Wagner qui usent de tous les moyens de traitements humiliants, dégradants et inhumains pour leur extraire des aveux, sous la contrainte. Ces faits d’une extrême gravité ont fait l’objet du « RAPPORT PUBLIC SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME ET DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE DURANT LA PERIODE ELECTORALE Juillet 2020 – Juin 2021 », publié par la Division des Droits de l’Homme. Il s’en suivra un autre, celui du Groupe des Experts de l’Onu du 25 juin 2021.

Dans tous ces rapports dont sont destinataires le secrétaire général de l’Onu, le conseil de sécurité, le haut – commissariat des nations unies et la Cour Pénale Internationale, figure en première ligne le nom de Zokoué Bienvenu. De tous, il est reconnu comme « Le Fonctionnaire de la Grande Terreur », en comparaison à Nicolaï Iejov, « le nain » parce qu’il mesurait 1,57m, le commissaire à l’Intérieur qui reste tristement célèbre pour avoir orchestré l’entreprise massive d’épuration du corps social soviétique, qui fit près d’un million et demi de victimes entre octobre 1936 et novembre 1938. En effet, depuis les catastrophiques élections groupées du 27 décembre 2020, le limogeage de la présidente de la cour constitutionnelle et la décision du pouvoir de convoquer un référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution, et la reprise des hostilités par la CPC, la peur semble s’installer au sein du pouvoir et la paranoïa s’est emparée de la police. Elle est devenue l’épée du parti au pouvoir, imposant la répression au lieu d’être au service exclusif des citoyens.

On est arrivé aujourd’hui à se demander si cette frange de la police dirigée par Zokoué Bienvenu qui emploie des méthodes répressives contre toute personne qui manifeste une sympathie à l’opposition n’est pas inspirée par la Gestapo, la police politique nazie de Göring ou la Tcheka russe, la police politique russe de Félix Dzerjinski, appelé « Félix de fer ». Pour mémoire, en décembre 1917, ce dernier proche de Lénine exposa, lors d’un Conseil des commissaires du peuple, son credo pour combattre les ennemis du nouveau régime bolchevick : « Ne croyez pas que je cherche des formes pour une justice révolutionnaire ; nous n’avons que faire de justice ! Aujourd’hui, nous sommes engagés dans un corps à corps, une lutte à la mort, jusqu’au bout ! Je propose, j’exige l’organisation d’une répression révolutionnaire des agents de la contre-révolution. » Ainsi naquit la Tcheka, cette redoutable police politique qui mit en place la « Terreur rouge » et massacra en cinq ans d’existence des milliers de personnes dont le seul tort était de ne pas partager l’idéologie du régime bolchevick ou d’être accusés de déviationnisme.

Ceci dit, la police fait partie des administrations dites de service public d’ordre et de régulation, au même titre que la gendarmerie nationale, la justice et l’armée.  Elle a donc une mission régalienne, irremplaçable dans le dispositif organisationnel de notre nation comme du reste, c’est  le cas partout dans le monde. Dans ses missions traditionnelles, elle est chargée de la protection des personnes et des biens, du maintien de l’ordre public, de la constatation des infractions aux lois pénales, de l’assistance aux autorités administratives et diplomatiques, de la gestion de la mobilité urbaine et de tant d’autres activités. Si chaque citoyen peut, en principe, vaquer normalement à ses occupations de jour comme de nuit, il va de soit qu’il le doit en partie à la présence de nos administrations d’ordre et de service public.

Par conséquent, la police centrafricaine ne doit pas être un instrument malléable et manipulable par n’importe quel régime en place quand on sait que la République est par essence l’émanation de la volonté de la majorité des citoyens. Son rôle n’est pas de verser dans la surenchère de la répression aveugle et de la violence irrationnelle commanditées, exercées sur des opposants qui ont le droit de jouir des libertés que leur offre la Loi fondamentale. La lutte pour les libertés enclenchée dans les années 60 et 90 n’a rien à envier à celle que nous menons aujourd’hui. Pourtant le virage de l’année 93 qui a consacré la première alternance démocratique dans ce pays faisait espérer qu’on n’avancerait plus à reculons pour la conquête de certains droits démocratiques. Fort malheureusement, aujourd’hui, tout Centrafricain non détenteur de la carte MCU immunisante est en sursis.

Nous savons que les polices politiques sont omniprésentes dans les régimes autocratiques. Elles sont utilisées pour servir de béquilles au pouvoir en place au lieu de protéger l’Etat de droit. Et c’est de ce déni démocratique que se sustentent et grandissent les oppositions contre la brutalité du régime policier. Aussi est-il dangereux de faire croire que l’Etat ne serait rien sans sa fidèle machine de contrôle et de répression qu’est la police politique. Cette dernière n’a aucune fonction, aucun rôle à jouer dans un régime démocratique où, par définition, le gouvernement est l’émanation de la volonté de la majorité des citoyens. Autrement dit, une police politique est indigne d’une République qui valorise les libertés. Aujourd’hui, la voie de la répression au détriment du respect des libertés que le directeur général de la police Zokoué Bienvenu semble privilégier mène à l’impasse. Il serait peut-être temps, pour lui et ses troupes, de relire l’article 12 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux à qui elle est confiée. »

Être instituée pour l’avantage de tous les citoyens et non pour l’utilité d’un groupuscule de politiciens, telle est la mission de la police républicaine.

La rédaction

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