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En Russie, une plainte pour «crimes de guerre» déposée contre la société de sécurité Wagner

·3 min de lecture

Le dixième anniversaire du début de la révolution en Syrie, et de la guerre qui en a découlé, est marqué par une action judiciaire sans précédent en Russie. Pour la première fois, une plainte est déposée contre les mercenaires russes du groupe Wagner qui opèrent depuis plusieurs années en Syrie. Six d’entre eux sont accusés d’avoir torturé et mutilé un citoyen syrien en juin 2017. Pour l’heure, aucune enquête n’a été ouverte, ni en Syrie ni en Russie. Un collectif d’ONG a donc décidé d’y remédier.

Par Daniel Vallot et Rusina Shikhatova

Ce sont des images atroces qui ont émergé sur internet à l’été 2017. On y voit un homme battu à mort, torturé, puis mutilé et décapité. Autour de lui, des hommes en treillis militaire s’exprimant en russe. Des membres présumés du groupe Wagner, un groupe de mercenaires russes, actif en Syrie depuis plusieurs années. La victime a été identifiée par plusieurs de ses proches restés au Liban. Et c’est au nom de son frère que la plainte doit être déposée ce lundi, à Moscou, par un collectif d’ONG de défense des droits de l’homme.« Il s’agit d’un meurtre épouvantable, d’actes de torture, qui relèvent de crimes de guerre, affirme Alexander Cherkassov, président de l’ONG Memorial. Et ce crime ne doit pas rester impuni. Sur le territoire syrien, les coupables n’ont pas été jugés et nous estimons nécessaire qu’une enquête soit ouverte ici, en Russie. »

Le mur de l’impunité

Selon l’un des avocats du plaignant, le droit russe prévoit l’obligation pour l’État d’enquêter sur les crimes commis par des citoyens russes à l’étranger. « Même si toutes les informations ont été officiellement communiquées aux autorités il y a plus d’un an, déplore Ilya Novikov, le Comité d’enquête n’a, à ce jour, ouvert aucune procédure. » Pour Alexander Cherkasov, l’inertie des autorités russes n’a rien d’étonnant : elle relève d’une culture de l’impunité qui remonte à l’époque des guerres de Tchétchénie, dans les années 1990 et 2000. « Des crimes atroces ont alors été perpétrés, qui sont comparables à celui-ci et dans certains cas, aucune enquête n’a été ouverte, explique le président de Memorial. L’État commence par nier le crime, puis il nie la nécessité d’enquêter, et enfin il nie la participation des coupables. Il faut beaucoup de temps et de très grands efforts pour abattre ce mur de l’impunité. »

La responsabilité de la Russie

Pour abattre ce mur, les organisations de défense des droits de l’homme vont se heurter à une difficulté supplémentaire. Car la Russie refuse toujours de reconnaître l’existence même du groupe Wagner. Les autorités russes estiment donc n’avoir aucune responsabilité dans les agissements de ces mercenaires, puisqu’à leurs yeux, ils n’ont aucune existence légale.

Pour la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), qui se joint à la plainte déposée à Moscou, cette démarche est aussi une façon de forcer la Russie à reconnaître sa responsabilité dans les crimes perpétrés à l’étranger par Wagner. « Cette plainte n’est pas seulement un pas en avant significatif pour assurer un minimum de justice à la famille de la victime de ce crime barbare », estime Ilya Nuzov, chef du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de la FIDH dans un communiqué publié par l’ONG. C’est aussi un moyen d’ouvrir la voie vers une reconnaissance de la responsabilité de la Russie dans ces crimes, commis par des forces armées de facto qui agissent en dehors de son territoire. Un État ne peut pas éviter sa responsabilité internationale en externalisant la violence à des groupes armés de l’ombre comme Wagner. »

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