CENTRAFRIQUE: TOUADÉRA ET LE PARTI MCU, ALLIÉS OBJECTIFS DES GROUPES ARMÉS?

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Qu’une accusation aussi grave que celle de la remise de la coquette somme de cent millions (100.000.000) de FCFA (certainement prélevés dans la caisse du Trésor public) au seigneur de guerre Abdoulaye Issène, un des faucons du groupe armé CNDS-FPRC pour obtenir son adhésion et celle des éléments de son groupe au parti présidentiel MCU, voilà la preuve éclatante de l’alliance MCU/groupes armés pour le maintien de Faustin Archange Touadéra au pouvoir. Cette information qui circule depuis trois semaines dans la presse écrite et en ligne n’a jamais été démentie aussi bien par le gouvernement, la présidence de la République que le MCU devenu en fait un parti-Etat. Les porte-paroles des trois institutions, habituellement si prompts à réagir pour démentir, sont devenus subitement aphones. Des porte-silences ne feraient pas mieux. Et ne dit-on pas que «qui ne dit mot consent»?
Officiellement créé le 10 novembre 2018 par des arrivistes politiques et des profito-situationnistes qui proviennent en majorité de l’ancien parti terroriste KNK de François Bozizé, mais aussi des opportunistes des partis satellites comme l’UNDP, ce n’est pas en l’espace de six (6) mois de vie que le montant des cotisations des cadres et militants du parti MCU peut atteindre 100 millions de FCFA pour se permettre le luxe d’acheter les consciences ! Et quelles consciences d’ailleurs: celles des criminels, des génocidaires, des rebelles, des importateurs de mercenaires égorgeurs et éventreurs qui ont mis l’économie du pays en coupe réglée, tué des prêtres et des pasteurs, lesquelles consciences de surcroît sont des condamnés, des repris de justice, des évadés et autres prisonniers en sursis?
Le clin d’œil de Touadéra et de son parti le MCU aux groupes armés supra-criminels comme le CNDS-FPRC de Nourredine Adam et Abdoulaye Issène est la preuve de l’immoralité, l’inconscience historique et l’inconsistance politique du régime de Bangui. Et pourtant, rien ne justifie une telle alliance entre Touadéra/MCU et les groupes armés. Il est inconcevable en effet qu’«un démocratiquement élu» s’amourache des rebelles qui avaient non seulement marché sur du sang et des cadavres humains pour prendre de pouvoir en mars 2013 avant de l’abandonner dix mois plus tard sous la pression populaire nationale et internationale, mais qui de surcroit, continuent de verser du sang tous les jours que Dieu faits dans le vaste espace territorial représentant au bas mot 80% du territoire national qu’ils contrôlent.


Cette alliance contre nature lève un coin de voile sur la vraie moralité du président Touadéra et son parti le MCU qui, obsédés par le pouvoir, sont capables de s’allier avec le diable dans le seul but de se maintenir au pouvoir, quand bien même le peuple est victime de ses diables. On l’aurait donc compris: la sécurité, la vie et la dignité des Centrafricains ne préoccupent pas le président Touadéra et son parti le MCU. Ce qui les préoccupe, c’est le pouvoir, l’argent, le sexe, leur épargne et la fausse paix qui ne trompe plus.
Cependant, ce que les Centrafricains éclairés dans leur grande majorité critiquent et condamnent, c’est le fait d’utiliser l’argent du peuple déposé au Trésor public, acquis par la sueur des travailleurs centrafricains, pour donner gratuitement aux assassins du peuple, ceux-là mêmes qui refusent de reconnaître et de respecter l’autorité de l’Etat partout où ils se trouvent.
Ce que les observateurs de la vie publique centrafricaine ne peuvent cautionner, c’est le fait qu’une bonne partie des fonds qui proviennent des partenaires internationaux et destinés au relèvement et à la consolidation de la paix en Centrafrique, soit utilisée pour enrichir illicitement les bourreaux du peuple centrafricain qui ne méritent que la prison à vie, sinon la mort.
Et à la vérité, pour la tournée du gouvernement et du parti MCU dans le Nord-Est du pays, c’est plus de cent (100) millions de FCFA qui ont été pris dans la caisse du Trésor public à cette fin. Si 100 millions de FCFA sont allés tout droit dans la poche d’Abdoulaye Issène, ce n’est pas moins d’autres 100 millions de FCFA qui auront servi comme frais de mission, frais de transport, intéressements des notables et personnes influents des localités, villages et villes des préfectures du Bamingui-Bangoran, de la Vakaga et de la Haute Kotto pour leur adhésion au MCU, et à la mobilisation d’autres personnes pour jouer le même jeu. L’argent a donc coulé à flot pour cette unique mission dans le Nord-Est.
De gentilles indiscrétions révèlent que pour la mission similaire qui vient d’avoir lieu dans la région Ouest du pays, c’est plus de cent (100) millions de FCFA de l’Etat qui auraient été décaissés. On comprend alors pourquoi le gouvernement ne peut plus continuer de payer les pensions promises aux retraités ni les arriérés de salaires de 2002 pour lesquels la communauté internationale a pourtant débloqué de l’argent nécessaire devant servir à payer les douze mois d’arriérées de 2002. Trois (3) mois seulement sur les douze (12) sont payés et on n’a pas besoin d’un effort intellectuel particulier pour comprendre que l’argent destiné à payer les arriérées de salaires a pris d’autres directions. Cela s’appelle du détournement de deniers publics. C’est la même chose pour le Plan de relèvement et de la consolidation de paix en Centrafrique (RCPCA) pour lequel le Coordonateur du Secrétariat exécutif, l’ancien ministre Nicolas Nganzé-Doukou a démissionné pour ne pas avoir à justifier le détournement massif des fonds opéré par l’Exécutif. C’est à son honneur.
De mémoire de Centrafricain, jamais un régime ne s’est amusé avec les fonds publics comme celui de Touadéra. Jamais un régime n’a eu le courage de faire alliance avec des groupes armés criminels et assassins du peuple comme celui de Touadéra. Jamais un régime n’a privé le peuple du minimum auquel il a droit comme l’eau, l’électricité, l’éducation, la santé, la liberté d’aller et venir, pour ne privilégier que les intérêts et le bien-être des groupes armés assassins du peuple, comme celui de Touadéra. Jamais un régime n’a dorloté, gâté et caressé dans le sens du poil les groupes armés criminels et assassins du peuple comme celui actuel de Bangui, où des chefs et représentants des groupes armés sont régulièrement reçus par le chef de l’Etat et/ou ses collaborateurs au Palais Présidentiel d’où ils sortent avec des mallettes remplies de billets craquants.
Même pour se rendre en provinces, le chef de l’Etat négocie d’abord avec de l’argent auprès des groupes armés pour obtenir leur autorisation avant d’aller dans leurs zones. Quelques fois même et en dépit de l’argent qu’ils ont perçu, ces groupes armés refusent que le chef de l’Etat arrive dans leurs zones, comme en début janvier 2019 pour la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation (JMA) en différé à Bambari. Lors du dialogue gouvernement/groupes armés de Khartoum de janvier-février dernier, c’est plus de cent cinquante millions (150.000.000) de FCFA que le président Touadéra aurait remis aux groupes armés pour obtenir leurs signatures de l’Accord de paix, chaque groupe armé ayant reçu selon sa taille et son influence, un minimum de quinze milles (15.000) Euros, soit un minimum de dix millions (10.000.000) de FCFA.
Alors que les écoles manquent cruellement d’enseignants, de tables-bancs, de livres, et que les formations sanitaires manquent des médicaments de première nécessité, des appareils de laboratoire et autres produits médicaux, du personnel soignant en quantité et en qualité, alors que la population centrafricaine manque d’eau et d’électricité, Touadéra et son MCU préfèrent donner des centaines de millions de FCFA à des groupes armés assassins du peuple. Et pourtant, tout cet argent donné aux groupes armés est largement suffisant pour répondre aux besoins essentiels du peuple ci-haut évoqués. Finalement, cette femme-là et les jeunes aspirants fonctionnaires ont raison de dire qu’«il faut prendre des armes dans ce pays pour avoir aussi sa part de gâteau, c’est-à dire recevoir beaucoup d’argent du chef de l’Etat et être nommé ministre» (sic).
En définitive, le parti MCU est le premier parti politique centrafricain véritablement allié aux groupes armés. Les points de vue ne devraient pas diverger là-dessus. On peut considérer le MCU comme un groupe armé, le 15è de la RCA, à cause de la méthode terroriste qu’il utilise pour s’implanter et la présence en son sein de plusieurs éléments et chefs politiques et militaires des milices anti-balaka, et sa propension à l’enrichissement rapide et illicite comme le font les groupes armés.
Ainsi donc, le MCU et les groupes armés, c’est du bonnet blanc, blanc bonnet. Mais le peuple les attend au carrefour de l’histoire.
Wait and see.
Par Jean Bedel Dinga-Kpilè
Source: MEDIAS+

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