Centrafrique : «…Touadéra est dans une logique de confiscation du pouvoir» (Nicolas Tiangaye)

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Centrafrique : «…Touadéra est dans une logique de confiscation du pouvoir» (Nicolas Tiangaye)

« De toutes nos forces, nous allons nous opposer à cette volonté d’accaparement de l’Etat par un individu et son clan », a déclaré à Sahutiafrica Me Nicolas Tiangaye, président de la Convention républicaine pour le progrès social (CRPS), parti d’opposition.

Il affirme que le président Faustin-Archange Touadéra est dans « une démarche de coup d’Etat constitutionnel ». « Il veut confisquer le pouvoir. Comme il a trouvé un obstacle qu’est la Cour constitutionnelle, il faut la démolir pour réaliser son coup d’Etat », déplore M. Tiangaye, 66 ans.

Le mardi 25 octobre, le président Touadéra a mis fin aux fonctions de Daniele Darlan, présidente de la Cour constitutionnelle, selon des décrets lus à la chaîne publique. Cette décision fait polémique à Bangui, la capitale. Les partis d’opposition, qui la contestent, ont saisi la Cour constitutionnelle pour obtenir son annulation. « Les juges de la Cour constitutionnelle sont inamovibles et ont un mandat de 7 ans non-renouvelable. Par conséquent, Touadéra n’a pas le droit de les destituer », rappelle l’opposant.

Que vont faire ces partis d’opposition, s’ils sont déboutés par la Cour constitutionnelle ? M. Tiangaye est optimiste. « On trouvera gain de cause. De toute façon, Touadéra ne peut gérer le pays sans la Constitution. Les juges constitutionnels sont les gardiens de cette Constitution. S’ils sont révoqués de manière arbitraire, cela veut dire qu’il n’y aura plus de Constitution », dit-il. « Touadéra pense qu’il peut écraser tout le monde pour s’éterniser au pouvoir. Aujourd’hui, la maturité du peuple centrafricain est telle que toutes ses démarches sont vouées à l’échec », argue le leader du parti CRPS.

Pourtant, les enseignants de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Bangui devront désigner le remplaçant de Danièle Darlan à la tête de cette juridiction ce vendredi 28 octobre. Selon l’article 99 de la Constitution centrafricaine, le duo à la tête de la juridiction doit respecter la parité. Le poste de vice-président étant actuellement occupé par un homme, Jean-Pierre Waboé, c’est une femme qui devra remplacer Danièle Darlan. Et elle doit avoir près de 10 ans d’expérience professionnelle.

Avant ces nouveaux décrets controversés, Mme Darlan a été mis à la retraite. Mais elle a contesté cette décision. Elle a évoqué « le caractère inamovible du mandat de juges constitutionnels ». Ce qui paraît comme un bras de fer au sommet de l’Etat. Et, c’est après que la Cour constitutionnelle a rejeté le projet de cryptomonnaie Sangocoin ainsi que de la rédaction d’une nouvelle Constitution.

Des partisans du camp présidentiel ont, sur fond de ce bras de fer, manifesté le week-end dernier pour exiger un référendum constitutionnel. Le président Touadéra soumettra-t-il son projet de nouvelle Constitution ? « Ce sont des individus assoiffés du pouvoir. D’autres ont été payés ou instrumentalisés pour faire ce travail. Le peuple centrafricain a déjà une Constitution qu’il a voté à 93% en 2015 », conclut Me Nicolas Tiangaye.

Trésor Mutombo

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