Centrafrique : « Tensions dans le pays » : ce qu’aurait fait un chef d’État, un vrai !

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L’ÉDITORIAL DE BANGUI FM DU 03 OCTOBRE 2022

Tensions dans le pays : ce que aurait fait un chef d’État, un vrai !

Mes chers compatriotes,

C’est à la demande pressante d’une partie d’entre vous que j’ai entrepris de doter notre pays d’une nouvelle Constitution. Tel est le sens profond de la mise en place du comité chargé de la rédaction du projet d’une nouvelle Constitution que je comptais soumettre à votre jugement, le seul qui importe à mes yeux.

Cependant, la Cour constitutionnelle, saisie par les Forces vives de la Nation opposées au projet, a estimé que notre démarche était inconstitutionnelle. Mieux, les juges constitutionnels ont rappelé, à juste titre, la teneur de mon double serment. S’il ne s’agissait que d’un vulgaire engagement pris devant les hommes, je pouvais m’y soustraire aisément, mais là, il sera difficile de se dérober ou de renier une parole donnée à Dieu. Chrétien pratiquant et diacre de l’église baptiste Ngoubagara, j’ai juré devant Dieu et la Nation « d’observer scrupuleusement la Constitution (…), de ne jamais exercer les pouvoirs qui me sont dévolus par la Constitution à des fins personnelles ni de réviser le nombre et la durée de mon mandat et de n’être guidé en tout que par l’intérêt national et la dignité du peuple centrafricain ».
Je refuse donc d’être un renégat en face du Créateur.

Cela étant, même si j’ai déclaré par ailleurs qu’aucune institution ne devait être au-dessus du peuple, la décision de la Cour constitutionnelle du 23 septembre dernier, que je veux saluer avec sincérité, s’impose à tous. Malheureusement, elle a provoqué une vive tension dans le pays. Mon devoir, en tant que président de la République, est d’œuvrer à la préservation de la paix sociale et de l’unité nationale. Je ne saurais tolérer, d’aucune façon, la réintroduction du démon de la division dans le corpus national. Pour moi, il n’y a pas les partisans de la majorité présidentielle d’un côté et ceux de l’opposition de l’autre ; il n’y a que des Centrafricains épris de paix et aux prises avec les difficultés de la vie.

Mes chers compatriotes,

Je suis particulièrement sensible à cette décision prise par la plus haute juridiction de notre pays, qui, au-delà d’être insusceptible de recours, appelle notre attention à tous sur la lassitude et le doute qui se sont insinués au cœur des Centrafricains par notre faute. Elle rappelle surtout que le temps est venu d’arrêter le processus de délitement du socle national et de la dégradation de notre pays.

À condition de le vouloir, nous pouvons créer une société où il fait bon vivre, une société dans laquelle la solidarité agissante des uns et des autres redonnera espoir aux plus démunis.

À condition de le vouloir, nous pouvons assurer notre propre sécurité, sans avoir recours au service d’une quelconque force étrangère, ce qui est une atteinte grave au sacro-saint principe de souveraineté nationale, auquel tous les peuples du monde sont attachés.

À condition de le vouloir, nous pouvons apporter un message de dignité et de paix à tous les peuples qui veulent continuer à disposer d’eux-mêmes, loin des influences étrangères.

À condition de le vouloir, nous pouvons renforcer la démocratie centrafricaine en « refusant toute complaisance à ceux qui bafouent la loi par la violence », garantir la liberté et la sécurité sur l’ensemble de notre territoire à chaque citoyenne et à chaque citoyen.

C’est pour engager notre pays sur ce chemin de la dignité que j’ai décidé de veiller au strict respect de la décision de la Cour constitutionnelle.

Je vous annonce que je ne solliciterai pas un troisième mandat. D’ores et déjà, j’exhorte la majorité présidentielle à créer les conditions indispensables à la désignation du candidat qui représentera ses couleurs lors de la prochaine élection présidentielle.

J’ai commandé au ministre de la Justice, garde des sceaux, d’instruire sans délai le Procureur de la République de Bangui aux fins d’engager des poursuites judiciaires contre tous les fauteurs de troubles. Force doit rester à la Loi.

J’inviterai dans les prochains jours à ma présidence de la République l’ensemble des leaders de la classe politique, plus particulièrement ceux qui étaient opposés au projet de changement de la Constitution afin de leur dire de vive voix que je les ai compris.

Quant à moi, j’aspire à achever mon second et dernier mandat dans la sérénité et l’unité nationale retrouvée. Après quoi, je vais me retirer dans mes plantations à Damara, loin des tumultes de la politique politicienne pour cultiver la terre, cette riche terre nourricière de notre beau pays qui ne demande qu’à être labourée.

Vive la République centrafricaine ; je vous remercie !

Bien évidemment, vous l’aurez compris, nous étions en plein dans la politique fiction. Car le président Touadera est trop occupé à écouter les sirènes de ses thuriféraires obséquieux pour daigner prendre une aussi courageuse décision. Alors qu’un chef d’État, un vrai, celui qui a placé l’Homme au centre de ses préoccupations, qui se soucie de l’unité nationale, qui, même sans se raser, pense à l’héritage qu’il voudrait laisser à la postérité, aurait profité de la décision de la Cour constitutionnelle pour se ressaisir. Mais cela ne se produira que si nous étions dans le meilleur des mondes. Sinon, M. Touadera ne s’installera pas ainsi dans le déni et en première classe pour un voyage, dont l’épilogue sera forcément la poubelle de l’Histoire. Hélas, triple hélas!

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