CENTRAFRIQUE : SOCATRAF, L’ESCLAVAGE MODERNE CONTINUE

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C’est à l’approche du 13è mois que cela se fait toujours: la suspension de contrats de travail entraînant la mise en chômage illégale, injuste et inattendue des ouvriers. Et les responsables administratifs envoient des rapports mensongers aux Directions sous-régionale et régionale du groupe, au Cameroun et en Guinée, en disant que les gens sont en fonction jusqu’en fin d’année alors que non. Ceci, pour justifier le 13è mois dont les travailleurs ne bénéficient pas mais plutôt une oligarchie cupide et prédatrice. C’est du détournement pur et simple. Enquêtes exclusives.

NON RESPECT DES TERMES DE CONTRAT ET MISE EN CHÔMAGE ABUSIVE

D’esprit des vieux colons et baroudeurs polyvalents, M. Bruno Perrier, l’inamovible Directeur général de la Société centrafricaine des transports fluviaux (Socatraf), assume ces fonctions depuis l’époque Patassé, soit depuis plus de 17 ans ! Alors que dans l’accord ou la convention signée avec l’Etat centrafricain et le groupe de droit français récupérant la Socatraf, le DG, qui est un Français, ne doit faire que 5 ans. Mais à chaque fois qu’on veut remplacer ce militaire retraité, il allègue que la situation sécuritaire du pays est au rouge, ce qui décourage les candidats au poste qui ne peuvent supporter les bruits de botte et des tirs d’armes. Dans ces conditions et entendu que M. Bruno Perrier est un « agent double de la France en RCA » (sic), il est toujours reconduit parce que c’est lui qui connaîtrait mieux le pays qu’il peut supporter malgré les bruits de botte, en bon bidasse qu’il est ! Voilà la stratégie de l’homme pour se maintenir en fonction et pérenniser la souffrance des ouvriers Centrafricains qu’il traite en esclaves, en renouvelant les contrats de travail chaque fin du mois, et en envoyant en chômage les ouvriers chaque fois qu’on se rapproche de la fin d’année où le 13è mois doit être payé.

Au mois d’octobre dernier, M. Perrier a suspendu le contrat de plus de vingt (20) ouvriers qui se retrouvent en chômage, sans motif. Et en pleine rentrée scolaire, cela est vraiment criminel, avouons-le. En novembre, de nouveaux cas de mie en chômage illégale ont été enregistrés. C’est trop. Cela peut-il se passer en France?

Il y a des ouvriers qui ont passé plus de 15 ans à la Socatraf sans bénéficier d’un contrat à durée indéterminée (CDI), depuis que ce néo-esclavagiste de Perrier est à la commande. Les capitaines de bateau et autres personnels navigants sont soumis au même régime de contrat mensuel. C’est de l’esclavagisme pur et simple.

Si même l’Inspection générale d’Etat n’a pu prendre ses responsabilités pour mettre terme à cette situation féodale et moyenâgeuse, ce n’est pas la Direction régionale du Travail ni le ministère des Transports qui pourront changer quoi que ce soit, dès l’instant où il est de notoriété publique nationale et internationale que le président Touadéra ne défend ni ne protège ses concitoyens. Il les laisse à la merci des groupes armés et des esclavagistes modernes qui sont à la tête d’importantes institutions privées, intergouvernementales ou internationales en RCA. A Ecobank, à la Minusca et dans bien des agences onusiennes et autres organismes internationaux, les agents et cadres centrafricains sont très mal traités, simplement parce que les autorités du pays sont d’une irresponsabilité illimitée. La grève du staff national de la Minusca en dit long.

LE JE-M’EN-FOUTISME SUICIDAIRE

Plus grave encore, M. Perrier ne se soucie pas véritablement de l’avenir de la société. De bonnes sources, sur les 33 bateaux opérationnels dont disposait la société à sa prise de fonction, seulement 8 sont fonctionnels actuellement. Il s’agit des bateaux La Kémo, Martyrs, Mbangani, Mbomou, Mobaye, Ouananga, Vakaga et VDB (Ville de Bangui). Tous les autres bateaux sont sur calle quand bien même réparables ou récupérables, sinon carrément abandonnés et laissés aux caprices du fleuve Oubangui qui les submerge.

Au Service d’exploitation, il y a les bateaux dénommés 20 Septembre, Bimbo, Kangala, Nola, Ouaka, Ouham, Sayo… qui sont régulièrement dépiécés pour faire fonctionner les 8 naviguants, selon des sources concordantes.

Des bateaux avec barges abandonnées et submergés par l’eau, il y a ceux dénommés Ngoundé, Boganda, Bossangoa, Maréchal… Cela ne dit rien au DG Perrier ni au gouvernement centrafricain propriétaire de la société.

Par ailleurs, plus de 5 barges de la Socatraf sont scandaleusement abandonnées à 5 km à l’entrée de Brazzaville, capitale du Congo, rapportent plusieurs sources dignes de foi. On ne comprend pas pourquoi ces barges sont abandonnées au risque d’être dépiécées ou volées par les Congolais ou autres malfrats. Et pourtant, ces barges peuvent rapporter beaucoup d’argent à la Socatraf et à l’Etat centrafricain. Mais personne n’en a cure.

En effet, les Chinois par exemple louent des barges au Congo pour transporter leurs matériaux (ciment, fers, carreaux et autres…) et autres produits vivriers et non vivriers de Brazzaville à destination de la Centrafrique, parce que les barges centrafricaines ne sont pas mises en valeur. Cela représente un manque à gagner terrible pour la Socatraf et l’Etat centrafricain. Une entreprise commerciale qui se respecte aurait dû réparer/réhabiliter les barges du pays et les mettre en location pour le transport du sucre, de la farine, des produits pétroliers et des matériaux de Brazza (Congo) ou de Matadi (RDC) à destination de Bangui, au lieu que ce soient les Congolais qui bénéficient de ces prestations qui rapportent énormément de l’argent. M. Perrier s’en fout parce qu’il n’est pas venu pour redresser la Socatraf mais pour exploiter et partir en la laissant comateuse ou par terre.

ACHAT DES PIÈCES D’OCCASION ET DE MATÉRIELS HORS D’USAGE

Dans tous les milieux de la Socatraf, il se raconte ce phénomène insolite et paradoxal institué par sieur Perrier: « Au lieu d’acheter des pièces neuves pour faire fonctionner normalement et durablement les bateaux et les services, l’actuel DG de la Socatraf n’achète que des matériels et pièces d’occasion dont certains sont même pourris et donc inutilisables. C’est le cas d’une grue qu’il vient d’acheter au Cameroun mais qui ne peut travailler ici à Bangui. Il achète régulièrement les appareils électroménagers mis en vente aux enchères publiques, tels que les groupes vendus par certaines ambassades et des organismes internationaux à Bangui. Il établit des fausses factures pour ces pièces pourries et matériels d’occasion et de courte vie… », rapporte un technicien de la boîte.

Et que dire des multiples missions de contrôle effectuées par les organes de contrôle de l’Etat tels que l’Inspection générale d’Etat (IGE), l’Inspection générale des finances (IGF) et le ministère chargé des Transports, qui ne changent rien à la donne?

La raison serait la suivante: « Tous les gens sont dans ma poche. Tous les ministères chargés des Transports et du Travail, le gouvernement et les députés, sont dans ma poche », aurait l’habitude de dire à qui veut l’entendre le DG de la Socatraf, M.  Perrier Bruno, lequel serait un officier de l’Armée française à la retraite. Les employés et usagers réguliers de la Socatraf l’ont surnommé Ramakota, du nom d’un tristement célèbre trafiquant de drogue. Tout un symbole.

Les employés centrafricains maltraités de la Socatraf, d’Ecobank, de la Minusca et autres, ne cachent plus leur colère contre celui qui ne pense qu’à sa réélection alors qu’il les a abandonnés à la misère, à la mort violente, aux pires formes d’esclavage moderne et à l’humiliation.

Monsieur le Gouverneur Bruno Perrier, merci d’avoir contribué à rendre le président Touadéra impopulaire aux yeux de son peuple.

Cyrus-Emmanuel Sandy

Légende:

1er bateau: Bateau 20 Septembre

2è bateau: Un des bateaux abandonnés

3è bateau: Bateau BOGANDA

Source: MEDIAS+

PS: Les ministères des Transports, du Travail, des Finances et du budget, la Présidence de la République à travers l’Inspection générale d’Etat (IGE) et la Primature à travers la Délégation générale des entreprises et offices publics, qui ont effectué des missions de contrôle, d’information et de vérification auprès de la Socatraf, ont le loisir de démentir les informations contenues dans cette enquête. La situation qui perdure est due à leur irresponsabilité illimitée. Seraient-ils tous corrompus? Et l’Assemblée nationale des Karim Méckassoua, Ngon-Baba et autres, n’est-elle pas au courant de la situation qui prévaut à la Socatraf? Puisqu’ils sont corrompus là-bas à plus de 80% . Pleurons seulement.

 

 

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