Centrafrique : Silence, on massacre calmement les populations !

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CENTRAFRIQUE : SILENCE, ON MASSACRE CALMEMENT LES POPULATIONS !!
(Par E. Lakouéténé-Yalet)
<<Les mercenaires de la société russe Wagner, qui combattent depuis plus d’un an aux côtés de l’armée nationale (…) ont fait une incursion ont fait une incursion meurtrière dans le village Sabo, à une trentaine de km du village Bidja, situé à une centaine de km au nord de Batangafo, dans la préfecture de l’Ouham-Fafa (…) Plusieurs personnes ont été tuées, des habitations incendiées.>>
(Corbeaunews-Centrafrique, le 29 janvier 2022)
<<Les 16 et 17 janvier 2022, une opération des mercenaires russes, appuyés par les soldats FACA dans les villages Aïgbado et Yanga, situés respectivement à 75 et 143 km de Bria, sur l’axe Ndélé, s’est soldée, selon diverses sources locales, par le massacre de près de 70 personnes (bilan provisoire). Une semaine plus tard, l’ONU, vu l’ampleur des massacres, a décidé de mener une enquête sur cette tuerie de masse. Mais, à Bangui, c’est le silence total (…)>>
(Corbeaunews-Centrafrique, le 29 janvier 2022)
De tels articles sont quasi quotidiens; on en trouve à foison dans la frange courageuse de la presse centrafricaine. Depuis plusieurs mois, il ne se plus de jour sans qu’on tombe, au réveil, sur ce genre de reportages macabres. Aucune localité de ce vaste pays de 623 000 km2 ne semble échapper à la folie meurtrière en cours, qui se banalise sous nos yeux! Une folie meurtrière savamment planifiée, orchestrée, encouragée et rendue possible depuis le sommet du pouvoir de Bangui par celui qui en est le chef, le Président de la République, qui voit et entend tout, mais se tait et laisse faire…
On se demande désormais où va la RCA à ce rythme infernal; où mène-t-on le paisible peuple de ce pays, avec un tel degré d’irresponsabilité, d’inconscience, d’incompétence et de démission.
Il y a juste six semaines, l’auteur de ces lignes se demandait et demandait :
《Y A-T-IL ENCORE UN PILOTE DANS L’AVION CENTRAFRIQUE ?》 Aujourd’hui, cette question n’est plus de saison. Il faut se rendre à l’évidence : il n’existe plus de pilote aux commandes de l’avion Centrafrique. D’ailleurs, en a-t-il jamais réellement existé un, depuis ce funeste jour du 30 mars 2016, qui vit l’avènement au pouvoir de Faustin Touadéra, le président le plus impréparé et le moins qualifié pour la fonction? La prétendue guerre contre les rebelles de la CPC s’est transformée en une terrible et effroyable opération de persécution et de tortures systématiques contre les innocentes populations!
VOUS AVEZ DIT « CESSE-LE-FEU » ?
Et pourtant…
Il n’y a pas si longtemps, le 1er octobre 2021, soit exactement il y a 3 mois et demi, piqué par on ne sait quel insecte, M. Touadéra a déclaré ce qu’il appelait à « un cessez-le-feu unilatéral immédiat », censé prendre effet ce même jour, à minuit! L’objectif concomitant, disait-Il, était d’aller résolument vers le dialogue, ce 《Dialogue inclusif》que tout le monde (sauf lui et ses partisans préféraient, envers et contre tous, qualifier de « républicain »), appelait de ses voeux.
Certaines personnes crédules, naïves, ou ignorant la vraie nature du personnage, ont cru en sa déclaration, qui s’est vite révélée, comme toutes les déclarations qu’il prononce, un pur leurre, un pur mensonge, une tromperie de plus… L’écrasante majorité des Centrafricains, lucides, incrédules, maintes fois échaudés, n’accordent plus aucun crédit à la parole de ce président.
En effet, tout le monde constate ce dramatique paradoxe : c’est lui qui choisit de déclarer un « cessez-le-feu unilatéral et immédiat », mais depuis cette déclaration, ce sont les mercenaires à son service, accompagnés des soldats de l’armée nationale, donc les forces sous son contrôle qui sèment la mort et la désolation à travers le pays! Pire : depuis quelques semaines, Touadéra ne s’est pas gêné de constituer, (en plus de sa milice privée criminelle des « requins ») son propre « groupe armé », un de plus, tout à sa dévotion et à son service, les bien nommés « Antibalaka-tendance- Touadéra »! Voilà le véritable visage de Touadéra, l’homme qui disait en décembre 2020 déclencher une guerre pour « éradiquer de la surface du territoire tous les groupes armés!
Quand le croire? Quand dit-il la vérité?
Soit dit en passant, ce même président, à l’entame de son second et dernier mandat, le 30 mars 2021, à juré avec de faux airs de sincérité que, dorénavant, son nouveau crédo, c’est « L’IMPUNITÉ ZÉRO ». On sait ce qu’il en est, depuis son exceptionnel exploit dans l’affaire Hassan Bouba, son ministre, ancien chef de groupe armé, présumé coupable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Arrêté et détenu para Cour Pénale Spéciale (CPS), la garde prétorienne de Touadéra est venue l’enlever, l’a ramené à son domicile, Trois jours après, Touadéra en personne l’a reçu, l’a élevé à la dignité d’Officier du Mérite Centrafricain, puis l’a rétabli dans son ministère… C’est ça, l’impunité zéro à la mode Touadéra !
VOUS AVEZ PARLÉ DE DIALOGUE?
D’autre part, Nous constatons avec effarement et désolation à quel point le laborieux processus devant conduire à la tenue effective et impérieuse du dialogue inclusif se trouve bloqué. Parce que M. Touadéra croit avoir raison contre tout le monde : la classe politique, la société civile, les confessions religieuses, les forces vives du pays, la CEMAC, la CEEAC, la CIRGL (inititrice de la feuille de route y relative, qu’il a pourtant approuvée!), l’UA, l’UE, l’ONU. Par caprice et entêtement, il veut organiser « son » dialogue, à « sa » guise, avec « ses » invités triés par « ses » soins (invités qui ne sont pas partie au conflit à l’origine de la crise à résoudre). Il a constitué « son » comité d’organisation selon « sa » fantaisie. Dans le meme temps, il manigance et maneuvre en coulisse pour faire arrêter arbitrairement 4 des principaux leaders de l’opposition attendus au dialogue inclusif, pour ainsi les en exclure…
Les mois passent, tout est bloqué. Le pays reste suspendu à l’espoir de ce dialogue. M. Touadéra n’en a cure. Le pays s’enfonce, sans ressource, dans une crise économique qui aggrave la crise sécuritaire.
Là où tout président un tant soit peu sérieux, responsable et conscient de la gravité de sa Mission se dépêcherait de trouver une solution de déblocage, Touadéra choisit la voie de l’irresponsabilité, et fait de la résistance. Pour ses seuls intérêts égoïtes et ceux des siens dont il s’est entouré. Il a trop peur de ce dialogue inclusif et de ses révélations qui vont certainement ébranler, puis donner le glas de son régime et n’a donc pas le courage de s’y engager…
Les organismes internationaux prédisent pour 2022 une famine qui touchera 70% de la population de son pays qui vit essentiellement grâce à l’aise internationale, à cause du degré de violence et d’insécurité jamais atteint. Son pays qui reste désespérément bon dernier (classé 188è sur 189 à l’Indice de Développement Humain – IDH). Mais Touadéra n’est obsédé que par son sort et son devenir politique.
UNE DIVERSION DE PLUS…
Une preuve entre des dizaines? insouciant et indifférent au sort de ses populations, pendant qu’il refuse par calcul, opportunisme et mauvaise foi de s’attaquer aux sujets brûlants et urgentissimes qui attendent, il décide que sa nouvelle distraction, c’est que se tiennent en septembre 2022 (dans 9 mois) des élections municipales et régionales!! Voilà sa priorité! Dans ce pays qu’il ne contrôle qu’à moins de 20%, condamné depuis plus de 4 ans a être cloîtré dans Bangui, et n’en sortant que pour se rendre à Damara, son bled, à 75 km de Bangui…
Dans les 9 prochains mois donc, il s’agira de s’arranger, comme en 2020 et 2021, pour se constituer des « majorités » locales artifielles là où on pourra voter, en enjambant s’il le faut des tas de cadavres des Centrafricains, juste pour sa gloire personnelle!
Qu’y a-t-il à attendre d’un président aussi autiste, sans bilan et sans vision?
DIALOGUE : QUAND LE TCHAD MONTRE LA VOIE À SUIVRE !
Le Tchad voisin est en train d’administrer à la face du monde, et d’abord aux yeux brumeux des gouvernants de Bangui, ce que c’est qu’un exemple de dialogue politique tel qu’il doit se faire, dans l’apaisement, la compréhension, le respect des partenaires, loin des calculs politiciens mesquins.
Précisons que le Président Idriss Déby Itno est mort le 20 avril 2021, une transition s’est mise en place, et c’est quelques mois plus tard que la classe politique s’est accordée sur la tenue d’un dialogue politique. Les préparatifs de ce forum se déroulent sous les meilleurs auspices; le tout récent report (du 15 février au 10 mai 2022) ne pose aucune divergence de fond, car il s’agit de parfaire l’étape cruciale du « pré-dialogue » entre chefs rebelles de par le monde.
En réalité, les autorités transitoires de Ndjamena s’efforcent de jouer franc jeu et n’hésitent pas à supprimer tous les obstacles inutiles, tous les points de blocage. Ainsi, elles ont déclaré en accord avec les forces vives, les partis politiques, la société civile, les politico-militaires :
– que le dialogue sera INCLUSIF et impliquera tous les fils et filles du Tchad;
– que le dialogue sera SANS TABOU et traitera, sans restriction, de tous les sujets;
– que les groupes armés, y compris le FACT (qui a tué Idriss Déby Itno) y prendront effectivement part;
– que les résolutions et décisions qui en seront issues seront EXÉCUTOIRES.
– que le comité de pilotage est, démocratiquement constitué est INDÉPENDANT DU POUVOIR, REPRÉSENTATIF, LIBRE dans ses délibérations. Etc.
Il a suffi de ces garanties de bonne foi pour rassurer et instaurer un climat de confiance entre acteurs tchadiens. Tout n’est pas parfait, mais l’essentiel est préservé. Parce que, de part et d’autre, on veut réussir, ramener la paix dans le pays. On peut parier que les conditions ainsi réunies, dont un bon présage de ce que sera le dialogue politique tchadien, INCLUSIF, SANS TABOU.
Pas comme à Bangui, où on patauge et piétine, parce que le pouvoir sans foi ni loi, y excelle dans le double langage, le mensonge, la roublardise, les petits calculs, sur fond d’une notoire incompétence…
CES RÉGIMES IMPRODUCTIFS QUI S’ÉCROULENT UN A UN!!
Les Africains débattent beaucoup, avec passion, ces temps derniers des renversements violents de ces chefs d’État dits « démocratiquement élus », mais qui se révèlent, pour les uns, totalement incompétents, dramatiquement carents, sans bilan; pour les autres, des malhonnêtes, usurpateurs et confiscateurs du pouvoir au moyen de toutes sortes d’artifices grossiers.
Voilà notre Touadéra bien positionné sur les deux tableaux : incompétence totale, (vu l’état désastreux dans lequel il a mis le pays); rêve de confiscation du pouvoir (dans son dessein qui n’est plus un secret de s’offrir un 3ème mandat à la Ouattara-Condé, par le truchement d’une modification de la Constitution).
Question à 500F :
Dans l’impasse où Touadéra s’est mis tout seul, et où il prouve quotidiennement, tout comme, il est définitivement incapable d’arrêter le massacre des pauvres et innocentes populations centrafricaines qui n’auraient jamais dû commette la faute de lui faire confiance en 2016, qui osera le regretter si, par hasard, son aventure politique venait à cesser, d’une façon ou d’autre? Viendra-t-on nous chanter qu’il a été « élu démocratiquement », et qu’il doit demeurer ou être rétabli à la tête du pays? Pour y faire quoi au juste?
Ernest LAKOUETENE-YALET
31 janvier 2022

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