Centrafrique : Silence du G5 face au règne de la terreur et à l’épuration politique orchestrée par le Gangster de Bangui

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« À l’aube du 16 juillet 1942 débute à Paris la « du Vél d’Hiv». Elle voit l’arrestation par surprise de plus de treize mille Juifs parisiens de 2 à 60 ans, tous Juifs apatrides (il s’agit notamment de Juifs anciennement Allemands, Autrichiens ou Polonais). La plupart sont déportés au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Quelques dizaines en reviendront…À l’origine de ce crime contre l’humanité, il y a le projet hitlérien d’arrêter un grand nombre de Juifs dans toute l’Europe occupée. En France, jalouse de ses droits, l’administration, tardivement informée, veut dans certaines limites garder la maîtrise de l’opération (voir l’analyse de l’historien Alain Michel). C’est ainsi que sont mobilisés à Paris 7 000 policiers et gendarmes sous les ordres du délégué en zone nord de René Bousquet, jeune et efficace fonctionnaire du gouvernement de Vichy.

La rafle

13 152 personnes sont appréhendées par la police française les 16 et 17 juillet 1942, y compris 4 000 enfants de moins de 16 ans qu’il n’avait pas été initialement prévu de déporter. C’est beaucoup… et néanmoins deux fois moins que le quota fixé par les Allemands et la préfecture de police ! Les actes de solidarité heureusement n’ont pas manqué : quelques policiers ont laissé fuir leurs victimes, des concierges, des voisins, des anonymes ont ouvert leurs portes et caché des Juifs…Embarqués dans des autobus, les personnes seules et les couples sans enfants sont convoyés vers le camp de Drancy, au nord de Paris. Les familles avec enfants sont quant à elles dirigées vers le Vélodrome d’Hiver, rue Nélaton, dans le XVe arrondissement de Paris (aujourd’hui disparu).

Plus de 8 000 personnes dont une majorité d’enfants vont s’y entasser pendant plusieurs jours, parfois jusqu’au 22 juillet, dans des conditions sordides : pas de couchage, ni nourriture, ni eau potable, avec un éclairage violent jour et nuit, au milieu des cris et des appels de haut-parleurs. Seuls trois médecins et une dizaine d’infirmières de la Croix-Rouge sont autorisés à intervenir. Les familles du Vél d’Hiv sont transférées de la gare d’Austerlitz vers les camps d’internement de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, dans le Loiret. Au mois d’août suivant, les mères sont enlevées à leurs enfants par les gendarmes et convoyées vers les camps d’extermination de Pologne. Les enfants seront à leur tour envoyés deux semaines plus tard à Auschwitz-Birkenau qui, depuis le début juillet, s’est transformé de camp de travail forcé en camp d’extermination à l’échelle industrielle. Aucun n’en reviendra. Les internés de Drancy prennent également le chemin d’Auschwitz-Birkenau. Quelques dizaines tout au plus reviendront de l’enfer.

La rafle accentue la collaboration entre Vichy et l’occupant allemand dans le domaine de la «question juive». Mais elle entraîne aussi un début de fracture dans l’opinion française, jusque-là massivement indifférente ou attentiste. Peu à peu, certains citoyens basculent dans la Résistance, plus ou moins active ; d’autres, à l’inverse, se radicalisent et basculent dans l’antisémitisme et la collaboration. Il a fallu attendre le 16 juillet 1995 pour qu’à la faveur d’un très beau et très émouvant discours, un président, Jacques Chirac, reconnaisse officiellement « que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français », a relaté herodote.net le 3 novembre 2020.

Aussi surprenant et inacceptable que cela puisse paraître, c’est cette grande rafle et ces crimes les plus barbares de l’histoire de l’humanité perpétrés par le régime hitlérien contre des juifs considérés comme des sous – hommes qui sont actuellement en cours en République centrafricaine. En effet, avant pendant et après l’organisation de ces « foutues d’élections » du 27 décembre 2020, le Gangster de Bangui qui avait mis en œuvre des dispositifs institutionnels de fraudes massives afin de conserver le pouvoir à tout prix, a décidé d’opter pour un régime de terreur digne des républiques totalitaires du Caucase et pour une politique d’épuration de tous ses concurrents. Contestant régulièrement leur caractère non – transparent, non – crédible, fondamentalement exclusif, non – libre et donc non – apaisé, ils remplissent par là toutes les conditions pour être traités comme des ennemis de la paix et des soutiens des forces de la Coalition des Patriotes pour le Changement et doivent être enlevés, torturés et exécutés de manière sommaire et extra – judiciaire.

Depuis le déploiement des mercenaires rwandais et  du Groupe Wagner, dépêchés en renforts aux éléments de la garde présidentielle et aux Facas, en sérieuses difficultés face aux assauts des rebelles de la CPC, et au rebours de la résolution du conseil de sécurité sur l’embargo des armes, la liste de leurs victimes commence à prendre une proportion qui n’a rien à envier en horreurs humaines à cette grande rafle dont nous avons parlé un peu plus haut. Et ce, sans que la communauté internationale, représentée par le G5, la Minusca, l’Ua, la Ceeac et la Cemac, à travers leurs diplomates, ne puissent  avoir le courage humain et politique  de les dénoncer de vives voix. De l’assassinat lâche et ignoble de Albertine Bikossé au village Kpabé par les mercenaires russes du candidat Touadéra, aux tirs de ces derniers sur un camion transportant des marchandises et des personnes à Grimari qui se sont soldés par plusieurs morts, entre autres un humanitaire, et de nombreux blessés, en passant par les tueries de Boali et Mbaïki dont les populations civiles ont fait l’objet, étant considérées systématiquement comme des rebelles, nous sommes aujourd’hui arrivés aux actes d’enlèvements et d’exécutions hâtives des personnalités politiques et de paisibles citoyens dont leur seul tort serait de jouir de leur liberté d’expression et de leur droit à la parole.

Si, à ce propos, le ministre Maléyombo a été arrêté chez lui à Ouango, placé sous mandat de dépôt et transféré à la maison pénitentiaire de Ngaragba, l’ancien bâtonnier Opalegna aurait dû être enlevé et exécuté, s’il n’avait pas pu échapper à ceux qui le pourchassaient, il y a quelques jours dans la ville de Bangui. Le responsable de la communication de l’URCA a reçu la visite nocturne des éléments de la garde présidentielle à son domicile dans la nuit du dimanche 10 au 11 janvier 2021, sans oublier la tentative d’enlèvement du président de ce parti aile – Europe à l’aéroport international Bangui M’POKO par le directeur général de la police Bienvenu Zokoué.

Au même moment, il nous a été rapporté que Justin Dédé Sombo alias Lerco, homme de main de Touadéra, Ngrébada, Sani Yalo, ancien collaborateur de Méckassoua et beau – frère du ministre Maléyombo, a été enlevé par des éléments du BIT6 à son domicile avec deux de ses amis et porté disparu depuis quelques jours. Selon des informations à ce jour en notre possession, le commandant Wallot avec son équipe les aurait tout simplement froidement abattus sur l’axe Boali. Tout comme des éléments de la garde présidentielle avaient kidnappé au PK 12 et assassiné le candidat du KNK aux dernières élections législatives dans la circonscription de Damara, un certain Doté Delphin, une semaine plus tôt. Dans la foulée, suite à la nouvelle de l’imminence de son arrestation par des Requins, Pascal Bida Koyagbélé ministre délégué à la présidence et cousin du ministre Maléyombo, aidé par ses body- guards, aurait escaladé les murs de sa clôture. Il s’en serait sorti avec les deux jambes fracassées et serait en résidence surveillé, s’il n’avait pas réussi entre – temps à traverser de l’autre côté de la rive en territoire congolais. Par conséquent,  en sus, des corps sans vie charriés régulièrement  par les eaux de l’Oubangui, il ne fait plus aucun doute que Touadéra dont le neveu Sébiro, en sa qualité de ministre en charge de la communication et  ami de Lerco, se démènerait comme un beau diable pour trouver une issue de secours, est aussi victime d’un grand complot à l’interne. Comme un ogre, mangerait – il ses propres fils qui ont joué un rôle très important dans ses démarches diplomatiques et ses contacts privilégiés avec certains milieux des Centrafricains d’ici et d’ailleurs ?

Dans tous les cas, la peur s’est installée à la présidence de la République  et sur toute la capitale centrafricaine. Qu’en dit donc la communauté internationale ? Et pour quoi ce silence de la COD – 2020 en réponse à ce règne de terreur et de l’épuration politique ? Comme l’avait dit Martine Heuse, « Souviens- toi. Souviens- toi, cela n’a pas commencé tout de suite avec les chambres à gaz, les camps de concentrations et d’exterminations. Souviens- toi, cela a commencé en rampant avec des politiciens qui ont réussi à diviser.  Souviens- toi, cela a commencé par l’intolérance et la haine verbale. Souviens- toi, ils sont d’abord devenus insensibles et ont fermé les yeux devant l’horreur. Souviens- toi ».

Jean – Paul Naïba

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