Centrafrique : « Si les élections ne se tiennent pas, toutes les Institutions tombent et le peuple Centrafricain avec », dixit Eddy Symphorien Kparékouti Président du PUR

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 Aussitôt après le verdict de la Cour Constitutionnelle sur la volonté d’un certain nombre de députés à vouloir amender la Constitution, Eddy Symphorien Kparékouti Président du Parti de l’Unité pour la Reconstruction (PUR) décide de prendre le taureau par les cornes en plantant le décor de ce qui adviendra. Gouverner, c’est prévoir, dit-on. Il appelle donc au génie de la classe politique centrafricaine pour éviter des crises post-électorales. Mais déjà, il est sûr que les élections ne se tiendront pas à de bonnes dates. Entretien avec le journal La Fraternité.

La Fraternité (LF) : Monsieur Eddy Symphorien KPAREKOUTI, la Cour Constitutionnelle dans son verdict du 5 Juin a rejeté le projet de modification de la Constitution soutenue par les députés du pouvoir mais en même temps, elle a balayé toute idée d’une nouvelle transition. Est-ce une victoire pour l’opposition ?

Eddy Symphorien KPAREKOUTI (ESK) : Je salue le courage, la sagesse et l’honnêteté des juges de la Cour Constitutionnelle. Je précise que ce n’est pas la victoire d’un camp sur un autre. C’est la victoire du peuple Centrafricain. C’est la victoire de la démocratie. La loi, c’est la loi. Le droit, c’est le droit et nul n’est au-dessus de la loi, dit-on. La décision de la Cour Constitutionnelle est plus que rationnelle et garante de la Constitution, elle se devait de préserver les acquis de notre jeune démocratie après le Forum de Bangui. Mais le travail ne se limite pas à ce niveau. Nous avons encore beaucoup à faire dans le domaine du droit. Le respect de la Constitution ne se limite pas seulement aux questions d’ordre électoral. Il faut lutter de telle sorte que le pouvoir en place ne puisse pas violer constamment la Constitution en dilapidant les biens de la nation. Le vrai combat, c’est celui de la préservation de notre patrimoine national et la bonne redistribution de nos ressources pour le mieux être de nos concitoyens.

LF : Maintenant que le verdict de la Cour Constitutionnelle est connu, les élections pourront-elles se dérouler en de bonnes dates ?

ESK : Humblement, je pense que les élections ne pourront pas se tenir aux dates fixées par la Constitution. Il ne faut pas croire aux élucubrations du pouvoir et de l’ANE. Il est difficile que le calendrier électoral soit respecté pour des raisons toutes simples. D’abord, nous sommes déjà en saison pluvieuse. Ensuite, nous savons que l’ANE a accusé d’énormes retards qu’il est difficile de rattraper en ce moment. Du coup, le glissement du calendrier électoral est inévitable lequel glissement doit être accepté et étudié par l’ensemble des Forces Vives de la Nation. Dire que les élections se tiendront à de bonnes dates, c’est de la pure chimère.

LF : Et pourtant, le verdict de la Cour Constitutionnelle a rejeté l’idée d’une nouvelle transition. Quel est donc la recette magique pour un probablement glissement du calendrier électoral ?

ESK : Je fais confiance au génie centrafricain pour ces temps qui courent. Si les élections ne se tiennent pas, les institutions tombent et le peuple avec. Et ce sera un retour à la case-départ. C’est pourquoi la sagesse doit nous guider tous. J’ai foi que nous trouverons ensemble la formule idéale pour éviter que le pays replonge dans une nouvelle crise. Nous n’en avons plus besoin. Nos compatriotes ont trop souffert.

LF : Président du PUR, quelle formule proposez-vous déjà pour une possible alternance au sortir des prochaines élections ?

ESK : J’appelle le pouvoir de Bangui à l’organisation d’élections inclusives, libres, transparentes et acceptables par tous. Tout le contraire ne sera que violation de la Constitution. Il faut à tout prix éviter que ce pays replonge dans un conflit post électoral. Avec mon parti, nous travaillons à ce qu’il n’y ait pas de contestations électorales le moment venu mais la balle est dans le camp du pouvoir qui a la charge de nous organiser ces élections.

LF :  Le PUR sera-t-il présent à ce rendez-vous ?

ESK : Bien sûr, c’est le sens de notre existence en tant que formation politique. Mais je dois préciser que nous n’avons pas encore organisé le Congrès Politique qui doit conduire à la désignation de nos représentants aux prochaines élections. Je vous confirme tout de même que nous nous jetterons dans la bataille politique comme toutes les autres formations politiques digne de ce nom. Notre seul souci, c’est l’insécurité sans cesse galopante dans le pays. Nous attendons que le pouvoir en place nous garantisse la sécurité sur l’ensemble du territoire, car il est difficile de battre campagne sous les crépitements d’armes ou durant les deuils. Malgré tout, nous sommes plus que prêts pour la bataille.

LF : Dans quel état se trouve le PUR en ce moment ?

ESK : Sans orgueils, à l’heure actuelle, il n’y a pas de parti politique dont la santé égale celle du PUR. Nous nous portons bien. Nous sommes en train de faire un travail de fourmis mais sans bruits. Nos militants sont disciplinés et debout et nous allons surprendre au moment opportun. Retenez donc que nous avons une santé de fer en ce moment.

LF : Le Code électoral prévoit la prise en compte des femmes et leur participation effective dans le processus électoral. Nous nous acheminons déjà vers les élections. Est-ce une question d’actualité pour vous ?

ESK : Nous sommes en avance sur cette question parce que nous connaissons le rôle que la femme joue dans la société, il suffit de regarder la composition du Bureau Politique du PUR pour vous en convaincre. Au PUR, nous avons toujours combattu l’idée selon laquelle « derrière un grand homme, se cache une femme ». Quand est ce qu’on dira « derrière une grande femme, se cache un homme » ? Pour nous, il n’y a pas de différence entre l’homme et la femme. Homme et femme doivent être placés sur un même pied d’égalité et peuvent assumer les mêmes fonctions sans discrimination aucune. La participation de la femme à la gestion politique ne se limite pas qu’aux élections et le PUR encourage les Centrafricaines à se décider massivement. J’en profite aussi pour souhaiter bonne fête des mères à toutes les mamans Centrafricaines pour cette fête célébrée en différé. Que Dieu leur donne d’avoir grâce toujours aux yeux de leurs enfants.

LF : En un temps record, la Centrafrique comptabilise près de 1500 cas de COVID 19. D’aucuns accusent le Gouvernement d’avoir manipulé les chiffres pour bénéficier de subsides internationaux. D’autres pointent la mauvaise gestion des autorités. De quel côté, êtes-vous ?

ESK : Vous savez que le coronavirus est une réalité quoique importée de l’extérieur et à laquelle le monde entier face en ce moment. Toutefois, il faut garder la tête froide pour traiter cette question. Je souligne en passant que nous ne disposons pas de plateaux techniques appropriés pour lutter efficacement contre cette maladie. Je regrette aussi l’amateurisme du Gouvernement qui nous pompe des chiffres dont certains de nos compatriotes doutent de la fiabilité. D’ailleurs, ces chiffres ne doivent pas inquiéter le peuple Centrafricain que la Providence a toujours protégé contre des calamités bien plus graves que le coronavirus. J’insiste cependant, pour une contre-expertise des chiffres que l’Institut Pasteur nous communique par le biais du Ministère de la Santé. L’actualité dans tant d’autres pays avec tous les débats y relatifs, est suffisante pour que nous demandons cette contre-expertise. Je ne nie pas l’existence de la maladie. Elle est là. Pour ce faire, j’appelle à la vigilance de tout le peuple Centrafricain. Le Gouvernement doit éviter de faire des calculs sur le dos du peuple. J’encourage au port des masques qui sont fabriqués localement et au respect des mesures barrières.

LF : Aviez-vous suivi les Cours Magistraux du professeur Fidèle Gouandjika ?

ESK : J’ai suivi et je continue de suivre les Cours Magistraux de Fidèle Gouandjika. J’en prends acte. Mon premier constat est que dans les Cours Magistraux, Fidèle Goundjika est train de raconter sa tragédie politique. Cela n’a rien à voir avec l’histoire politique du peuple Centrafricain. De mon point de vue, lorsqu’on prend la lourde responsabilité de raconter la vie d’une nation, la méthode et la démarche doivent rester scientifiques. Or, qu’est-ce qu’on constate ? Fidèle Gouandjika est tout simplement dans la posture d’un conteur. Il est vainqueur de tous ces contes comme « TéréKozozo ». Le mal, c’est les autres. Et lui alors ? Il raconte des choses qui sont compromettantes pour son régime sans s’en rendre compte. Je l’encourage à aller au bout de son entreprise pour que nous en fassions le bilan à la fin. Retenez que Fidèle Gouandjika fait référence à des morts pour essayer de sauver le fauteuil chancelant de Touadera. Il incite à la haine, à la guerre civile. Nous n’en avons pas besoin. Aussi, sans vous cacher Fidèle Gouandjika a été mon élève. C’est quelqu’un qui passait son temps à suivre mon programme de « Kamaporosso ti laso » que j’ai initié sur les réseaux sociaux depuis belle lurette. Il a été assidu à toutes les publications que j’ai faites notamment la dernière sur la déchéance du pays à cause de l’élite politique. Son inspiration est venue de là. Pour conclure, la fin justifiera les moyens dans les Cours Magistraux.

LF : Au vu de la situation sécuritaire du pays, l’an 2 de l’APPR sera célébré en pleine campagne électorale. Une célébration indécente ?

ESK : Je n’ai jamais accordé crédit à l’APPR qui est un deal politique entre le Président Touadéra et ses amis criminels des groupes armés. Cet accord n’a jamais engagé le peuple, il n’a rien changé dans la vie de notre nation sinon qu’il a occasionné la dilapidation des biens du pays, la mal gouvernance et la violation de la Constitution. Les élections engagent le peuple tout entier tandis que l’APPR, c’est l’affaire de Touadéra et ses amis criminels. C’est deux choses différentes.

LF : Avez-vous une adresse pour le peuple Centrafricain ?

ESK : D’abord, j’appelle tous les Centrafricains au respect des mesures barrières. Nous devons doubler d’efforts pour vaincre la pandémie du coronavirus. Ensuite, j’appelle les Centrafricains à la vigilance. Pour mettre un terme à la mauvaise gestion, au pillage des biens publics et au clientélisme d’Etat, nous devons rester vigilants, unis et solidaires contre ce régime. Ensemble, nous vaincrons.

LF : Je vous remercie.

ESK : C’est moi qui vous remercie.

Source : La Fraternité

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La rédaction

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