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Kenya : le ministre des finances arrêté dans une affaire de corruption

Attendu mardi à Nairobi, le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, a renoncé à sa visite, faute de pouvoir rencontrer son homologue, Henry Rotich, emprisonné.

Par Publié le 23 juillet 2019 à 14h12 – Mis à jour le 24 juillet 2019 à 14h23

 

Le ministre des finanes kényan, Henry Rotich, à Nairobi, le 23 juillet.

 

Le ministre des finances kényan, Henry Rotich, un des piliers du gouvernement du président Uhuru Kenyatta, a passé la nuit du lundi 22 au mardi 23 juillet derrière les barreaux. Diplômé d’Harvard en administration publique, l’homme de 50 ans avait été renouvelé dans ses fonctions, après la réélection de son mentor fin 2017, et semblait indéboulonnable. Au terme d’une enquête de plusieurs mois, le procureur général, Noordin Haji, a annoncé le 22 juillet sa mise en arrestation, avec 27 autres responsables, notamment pour corruption et fraude, dans le cadre du « scandale des barrages », un projet de construction de deux barrages d’eau potable dans la vallée du Rift lancé en 2015.

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Le projet devait coûter 46 milliards de shillings (397 millions d’euros). Or, c’est un prêt de 63 milliards de shillings qui a été contracté par le Trésor. Soit 17 milliards de trop, auxquels s’ajoutent des centaines de millions débloqués (notamment en compensations foncières) pour ces infrastructures qui n’ont jamais vu le jour. Car, cerise sur le gâteau, le contrat avait été octroyé à la société italienne CMC Di Ravenna, alors même qu’elle entrait en liquidation.

L’arrestation de ce ministre phare a entraîné l’annulation de la visite du ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, qui était attendu à Nairobi mardi pour y faire le suivi des projets lancés par Emmanuel Macron en mars. Mais elle marque surtout une étape dans la « guerre contre la corruption » dont Uhuru Kenyatta a fait le marqueur de son deuxième et dernier mandat.

Le ministre des finances n’est pas la première personnalité arrêtée dans ce cadre, mais c’est la plus éminente. « Henry Rotich fait partie des dix plus importants responsables du pays. C’est un coup majeur car le Trésor est le cœur du gouvernement, et c’est là que tout se décide », analyse Samuel Kimeu, directeur local de l’ONG Transparency International, qui place le Kenya au 144e rang de son classement sur 180.

Incontournable prisme communautaire

Le Trésor fut en effet l’instrument clé du premier mandat d’Uhuru Kenyatta (2013-2017), qui a eu pour obsession de développer les infrastructures, entraînant une explosion de la dette et mettant sous pression les finances publiques. De plus, Henry Rotich est un proche du président, dont il a été le collaborateur au temps où celui-ci était lui-même ministre. « Il semble que Kenyatta ait cherché à temporiser à son sujet mais que les preuves aient été tellement accablantes qu’il n’avait pas d’autre choix que de laisser faire », note une source diplomatique pour qui M. Rotich est désormais « politiquement mort ».

A Nairobi, cette arrestation est aussi lue à travers l’incontournable prisme communautaire. Henry Rotich est un Kalenjin, la deuxième tribu du pays, celle aussi du très ambitieux vice-président William Ruto. Ce camp ne cesse d’accuser le président, un Kikuyu (la première tribu), de mener, sous couvert de lutte contre la corruption, un combat ethnique. « En sacrifiant l’un de ses hommes, qui sait certainement beaucoup de choses, Kenyatta montre que personne n’est à l’abri », décrypte à ce sujet un fin connaisseur du pays.

Un certain scepticisme continue cependant de dominer dans la capitale, où l’on a appris à se méfier des coups d’éclat médiatiques qui se terminent quelques mois plus tard par un classement sans suite. Mardi soir, le ministre, qui plaide non coupable, a été libéré sous caution (15 millions de shillings), mais il reste interdit d’accès au ministère. « Certes nous avons fait quelques pas significatifs, estime Samuel Kimeu. Mais je ne me réjouis pas des arrestations. Ce dont nous avons besoin, c’est de voir des gens en prison, et de récupérer ce qu’ils ont volé. »

Source : Le Monde Afrique

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